Le secteur du tourisme traverse actuellement des périodes de vaches maigres, caractérisées par des récessions en termes de flux aussi bien des marchés traditionnels que des nouvelles conquêtes. Il ne fait certainement pas de doute que ce fléchissement est occasionné par les effets de la crise économique mondiale. Cependant d'autres paramètres d'ordre organisationnel et procédurier de la politique touristique nationale expliquent bien cette déchéance qui sévit altère pareillement nombre d'activités parallèles. A ce propos, il est bien évident que la restauration constitue bel et bien l'illustration saillante de cette répercussion chaotique, de par la disette dont souffre la majorité de ces locaux et l'inertie qui accable la structure associative chapeautant la profession. On ne comprendra toujours pas pourquoi on ne se ressaisit point du côté de quelques professionnels indignés quoique les monopolistes du domaine continuent à y porter préjudice. Au front de mer, le long du complexe Tawada, un baron de la restauration qui n'hésite pas installer en vrac toutes les spécialités imaginables dans sa même boîte est parvenu, par des moyens souvent louches, à «s'octroyer» pas moins de trois locaux sur la lignée, en plus de ses acquisitions un peu plus haut du secteur balnéaire. D'aucuns se demandent également pourquoi l'on n'«ose» guère de faire face à l'exploitation du domaine public dont il jouit, en plein centre ville, à proximité du marché municipal, alors qu'on avait mené une campagne sans merci contre les contrevenants de ce genre, il y a quelque temps. Deux poids, deux mesures qui enragent pas mal de «victimes» de cette cure domaniale, surtout que le mis cause s'adonne, comme mentionné précédemment, à toutes les sortes d'activités, y compris le night club qui s'ouvre même le jour à des prix imbattables, rien que pour casser les collègues des parages. A propos du front de mer, on ne comprendra pas non plus cette avalanche des restaurants «golfiques et asiatiques» dont les locaux sentent le proxénétisme et la dépravation à outrance, au lieu de pratiquer une restauration décente et raffinée. Sans verser dans le chauvinisme, on s'interrogera sur la plus-value de cette invasion qui infeste la profession si l'on sait que, pour cette basse armada, la restauration n'est en fait qu'un alibi pour des refuges clandestins où s'engouffrent, sans scrupule, les filles de joies, la chicha, la came et bien d'autres camouflets. Au passage, on saluera la descente effectuée dernièrement sur «Océana» auquel on a prohibé le débit de boisson pour abus à l'atteinte à la pudeur, tout en sollicitant les services sécuritaires de multiplier ces actions d'assainissement pour préserver la destination de ces intrus immondes. On ne saura s'opposer aux investissements extérieurs de quelque nature qu'ils soient, toutefois on ne peut tolérer, non plus, que des pseudos professionnels de la restauration qui n'ont rien à voir avec le métier, viennent bénéficier des crédits bancaires et des autorisations «louchement acquises», pour monter, à la fin, des «maisons closes», le long d'une somptueuse promenade érigée en havre de repos et de fierté, à longueur d'année. Certes, la première station balnéaire du royaume qui draine un tourisme de plus en plus charmé par les splendeurs des lieux et les clémences du climat est condamnée à l'animation constante pour égayer et combler ses visiteurs de tous bords. Il n'en demeure pas moins vrai que cette même destination qui renferme des complexes hôteliers «haut de gamme» a aussi besoin d'une restauration exquise de qualité où les normes et les fourchettes sont respectées, loin de toute pratique infâme. On ne pourra donc que constater, non sans consternation, que la restauration dans l'une des plus belles baies du monde qu'est Agadir s'enlise périlleusement, à cause justement de cette anarchie ahurissante où tout est permis, sans qu'on ne pipe mot. Il suffit de distribuer les enveloppes à gauche et à droite à des agents de l'autorité et de la sécurité pour que la débandade règne dans les cabarets qui ne ferment jamais, les snacks qui vendent les plats chauds avec des mises en place et avec la même carte de menu du restaurant à côté, mais à moitié prix, les boîtes de nuit qui bradent une canette des bière à 12 DH durant la journée après l'avoir liquidée à cinq ou six fois plus pendant la nuit, les locaux qui cumulent en même temps tous les services possibles : pizzeria, pâtisserie, boulangerie, glacier, restaurant, cafétéria, boîte de nuit, snack, cabaret…, avec une seule autorisation, les restaurants qui se transforment en véritables «bordels «… La bonne cuisine qui s'ingénie à enfanter des plats appétissants, avec amour et savoir-faire gastronomique, se perd malheureusement dans cette cacophonie déconcertante. L'association des restaurateurs à vocation touristique censée concourir à l'organisation et la réhabilitation de la profession se perd pareillement dans l'indifférence totale puisqu'elle est entre les mains de ceux qui encouragent le désordre et la désunion. Il est alors vain d'attendre que cette poignée de lobbies de la restauration réagisse en faveur de ce domaine car toute amélioration ne peut se faire qu'à leurs dépens, eux, qui profitent justement de ce laxisme complice et coupables des autorités en question. Il est donc grand temps de se pencher sérieusement à assainir cette profession, à commencer par les professionnels eux-mêmes, qui se doivent de réagir, de mettre fin à la mascarade de leurs propres bourreaux (les frères ennemis) et de fonder une nouvelle structure associative susceptible de réunir les restaurateurs et défendre leurs droits éclaboussés par des cabaretiers voraces. C'est à ce prix que les autorités, elles mêmes, n'oseraient plus «marcher» impunément sur leurs locaux assainis et souverains, car plus ces lieux se respectent plus ils jouissent de leur l'autonomie.