Cela aurait dû être un long week-end tranquille… Mais Wikileaks en a décidé autrement. Alors que, comme l'immense majorité des Américains, les agents du Département d'Etat (ministère américain des affaires étrangères) fêtaient la Thanksgiving en famille, des centaines de milliers de notes secrètes des diplomates américains faisaient la une de cinq grandes publications internationales, dont le New York Times. C'en était fini de la fameuse dinde aux mirabelles ! Hillary Clinton bat le rappel des troupes, qui ont passé des nuits blanches à parer aux répercussions négatives qu'allaient engendrer les fuites de Julian Assange, le patron du désormais célèbre mais très controversé site: Wikileaks. La Secrétaire d'Etat, elle-même, a téléphoné en personne à ses homologues des pays concernés par les fuites, dont les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, l'Allemagne, la Chine et le voisin canadien. Pour l'administration de Barak Obama, les notes publiées, entre autres par le Monde et El-Pais, pourraient ressembler à une déclaration de guerre, car “ils mettent en danger la vie des diplomates américains en poste à l'étranger” et leur crédibilité vis-à-vis de leurs contacts. Pour le Département d'Etat, il s'agit de “documents volés dont la publication menace la cause des droits de l'Homme” et porte atteinte à l'intégrité de personnes innocentes. Du côté des medias, à part le New York Times, il est frappant de voir comment les grandes télévisions américaines ont traité l'information concernant ces fuites. Ce n'est certainement pas le black out. Mais, l'autocensure n'est pas loin. On sent en filigrane une certaine gêne à parler du sujet ou à l'aborder de front. Alors que les fuites en elles-mêmes sont à la une des journaux télévisés du monde entier, de ce côté-ci de l'Atlantique certains s'efforcent à chercher des angles d'attaque improbables. La couverture est ainsi focalisée sur le danger que pose l'acquisition par l'Iran auprès de la Corée du Nord, de Missiles à longue portée de fabrication russe! Cette acquisition fait l'objet de l'une des notes publiées dans le lot des fuites. Un présentateur de CNN, qui interrogeait en direct un journaliste du New York Times, embarque l'interview vers “le danger iranien”, et “oublie”, en passant de questionner son interlocuteur sur le fond de l'histoire. L'impact de la publication des notes confidentielles sur les relations de Washington avec un certain nombre de ses partenaires les plus proches, est ainsi passé sous silence ! En attendant les nouvelles révélations promises par Wikileaks et les réactions de ceux parmi les alliés des Américains qui oseront manifester leur déception, voire leur colère; certains à Washington pensent que les Etats Unis doivent tout simplement ignorer ces fuites. Pour-eux, l'Oncle Sam étant l'unique super-gendarme du monde, il n'a de compte à rendre à personne et ne devrait faire montre d'aucun état d'âmes.