Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, estime que les accusations de viol qui le visent participent d'une campagne de diffamation, qui n'empêchera pas la divulgation de secrets d'Etat par son site. L'expert en informatique a bénéficié d'une libération conditionnelle jeudi après neuf jours de détention dans une prison londonienne. Il avait été arrêté sur demande de la justice suédoise, qui veut l'entendre dans un dossier d'agressions sexuelles. Libéré en échange d'une caution de 200.000 livres et d'un contrôle judiciaire strict, Julian Assange a été interrogé par la BBC à Ellingham Hall, un manoir de l'est de l'Angleterre appartenant à l'un de ses riches partisans, où il devra demeurer jusqu'à nouvel ordre. Le fondateur de WikiLeaks a dénoncé une "campagne de diffamation très réussie" à son encontre et a dit s'attendre à d'autres accusations de la part des autorités suédoises, sans entrer dans les détails. Une audience est programmée en février sur son éventuelle extradition en Suède. WikiLeaks s'est attiré les foudres du gouvernement américain en mettant à la disposition de plusieurs journaux occidentaux 250.000 télégrammes confidentiels du département d'Etat. "Il suffit de regarder le sourire en coin du secrétaire (américain) à la Défense (Robert) Gates à l'annonce de mon arrestation (...) pour mesurer la valeur des opposants à cette organisation", a déclaré Julian Assange à la BBC. DIRIGER LE NAVIRE Julian Assange est accusé en Suède d'agressions sexuelles à l'encontre de deux bénévoles de WikiLeaks. Peu après sa sortie de prison, il a dit redouter moins son extradition vers la Suède qu'une inculpation aux Etats-Unis, où la justice tente d'établir s'il a conspiré avec Bradley Manning, un ancien analyste du renseignement militaire soupçonné d'avoir transmis des documents classés extraits des ordinateurs du Pentagone et du département d'Etat. Dans le cadre de sa libération conditionnelle, Julian Assange devra justifier chaque jour de sa présence dans le manoir proche de Norwich où il réside et porter un bracelet électronique. Julian Assange a déploré ces "obstacles importants" mais assuré qu'ils ne l'empêcheraient pas de poursuivre son travail à la tête de WikiLeaks. "Maintenant que je suis de retour pour diriger notre navire, notre travail va se poursuivre de manière plus rapide. Mais comme on l'a vu pendant mon absence, les choses sont bien en place même lorsque je ne m'implique pas directement." Son hôte, Vaughan Smith, un ancien officier devenu correspondant de guerre, a déclaré que la connexion internet de son domicile n'était pas bonne. Julian Assange a reçu le soutien de plusieurs personnalités comme le réalisateur Ken Loach. (Reuters)