700.000 mille personnes décèdent annuellement au niveau de 90 pays à travers le monde. Tous sont des victimes de médicaments contrefaits. Un médicament sur dix vendu dans le monde serait un faux. D'après une étude de la Food and Drug Administration (FDA) américaine, les médicaments contrefaits représenteraient plus de 10% du marché mondial. Soit 32 milliards de dollars de bénéfices par an. Un trafic qui génère des profits considérables aux groupes mafieux qui sont derrière ce commerce aux effets dévastateurs et dont souffrent en grande partie les pays en voie de développement. Et ce n'est pas près de s'arrêter. Nous sommes concernés Le trafic des faux médicaments ou contrefaits, n'est pas à proprement parler un problème qui touche seulement les pays en développement. C'est un problème qui menace tous les pays de la planète, les pays pauvres comme les pays riches. Au Maroc, nous vivons ce réel danger au quotidien, que ce soit au célèbre souk Al-Fallah dans la ville de l'oriental Oujda. Dans ce souk fort réputé, qui est devenu au fil des ans une véritable méga pharmacie à ciel ouvert où on trouve de tout Anti-dépresseurs, psychotropes, anti-ulcéreux, antalgiques, antipyrétiques, antispasmodiques, vitamines, médicaments du dysfonctionnement érectile…Tous ces médicaments contrefaits sont fabriqués en Algérie et entrent au Maroc illégalement en empruntant les circuits de la contre bande. Cette histoire de médicaments contrefaits, ou de médicaments vendus en dehors du circuits légal me fait aussi rappeler la saisie à Casablanca en 2007 de 50.000 boîtes de médicaments ‘‘Aspro'' et ‘‘Claradol'' effervescent (à base de paracétamol), des laboratoires Bayer, dans une épicerie casablancaise, une histoire qui avait en son temps défrayé la chronique et que la presse avait longuement et méticuleusement suivi dans les moindres détails. Il n'en demeure pas moins vrai que notre pays reste relativement à l'abri de ces trafics. Ce constat trouve sa raison d'être dans le fait qu'une frange non négligeable de notre population préfère les bonnes vieilles recettes de l'herboriste à ces produits aux origines douteuses. Il faut dire que la phytothérapie qui consiste à traiter certaines maladies par des plantes est un phénomène bien encré chez nous depuis des millénaires. Cependant, il n'est pas rare, ni exagéré de dire que chez certains herboristes on ne trouve pas que des plantes médicinales. 10% du marché mondial du médicament, sont des faux L'organisation de police Interpol avait annoncé le 14 Octobre 2010 la saisie de plus d'un million de gélules de médicaments contrefaits vendus sur internet, ainsi que 76 interpellations, au terme d'une opération menée pendant une semaine à travers 45 de ses pays membres. Le montant des saisies est évalué à près de 2,6 millions de dollars, a indiqué Aline Plançon, chef du service “Contrefaçon des produits médicaux” lors d'un point presse au siège de l'organisation internationale, basée à Lyon. Au total, 290 sites de vente de médicaments contrefaits ont été fermés au terme de l'opération Pangea 3, menée depuis trois ans à un rythme annuel. Aline Plançon s'est félicitée du nombre croissant de pays participants, passé de 8 en 2008 à 45 cette année, avec des pays comme la France, la Belgique, le Canada, la Suisse, mais aussi Cuba, la Russie ou la Thaïlande. Plus de 10.000 colis ont été saisis lors de cette opération menée du 5 au 12 octobre, notamment dans les centres de tri postaux ou chez des grossistes. Interpol a montré des photos de colis passés au scanner en Suède ou de pilules roses contrefaites saisies en Thaïlande. Un trafic rentable….. Selon l'Organisation mondiale des douanes (OMD), le manque à gagner pour l'économie mondiale dû à la contrefaçon des médicaments est de 500 milliards d'euros. Les faux médicaments, qui représentent 10% du marché mondial du médicament, un trafic “bien plus rentable que le trafic de drogue”, relève Aline Plançon, chef de l'unité “contrefaçon de produits de santé et crime pharmaceutique” à Interpol. Dans le monde, le trafic a augmenté de 300% entre 2007 et 2008, selon l'Organisation mondiale des douanes. Contrefait, falsifié, illicite, illégal, non enregistré, non autorisé, frelaté, les termes utilisés pour qualifier les faux médicaments varient selon les pays. Les médicaments contre les troubles de l'érection font partie des grands classiques, “mais ce ne sont pas les catégories les plus choquantes qu'on ait vues”, raconte la responsable d'Interpol, énumérant la découverte d'antidépresseurs, anticholestérol et même des produits de chimiothérapie, achetés par des malades en mal d'assurance-maladie, y compris dans les pays développés. Mais qui tue Le continent Africain est touché de plein fouet par le phénomène des faux médicaments. Il n'est pas exagéré de dire qu'il y a plus de faux que de vrais sur les marchés africains. Pas un pays n'y échappe. L'Afrique paie un lourd tribut en vies humaines à cause des médicaments contrefaits, elle est à la fois victime et coupable de ce trafic de la honte, de ces actes immoraux, crapuleux et mafieux. Les contrefaçons les plus répandues concernent des antibiotiques et des médicaments contre le paludisme, l'hypertension, l'asthme et le diabète. Certaines ne contiennent rien d'autre que du sucre ou de la craie, ou bien sont d'une fabrication si rudimentaire qu'elles sont sans effet, voire dangereuses. Car les médicaments contrefaits tuent : ils tuent soit parce que leur composition est nocive, soit parce qu'ils privent le malade du traitement approprié. Il est aisé de comprendre et d'admettre que le fait de se soigner avec un faux produit médicamenteux ou de qualité inférieure aura des conséquences, cela peut aller de l'échec thérapeutique qui est synonyme de complications et de résistances des germes et microbes. Malheureusement souvent, c'est la mort qui est au rendez-vous. L'OMS estime que chaque année, 200 000 malades atteints de paludisme meurent à cause de médicaments de mauvaise qualité. Soit le dixième des morts attribués au paludisme. Des victimes des médicaments contrefaits, il y en a tous les jours au quatre coins de la planète. Du rôle de l'information lutter contre les médicaments contrefaits, n'est pas du seul ressort des autorités, c'est une responsabilité partagée, une action collective qui nécessite l'engagement de tous pour faire front commun contre ce mal, si l'on veut réellement arrêter cette hémorragie . Les autorités publiques, le ministère de tutelle, les professionnels de santé, l'industrie pharmaceutique, les grossistes, les prescripteurs, les pharmaciens d'officines, tous ont un rôle à jouer. Bien évidemment, la vigilance des uns et des autres ne suffit pas. Elle doit impérativement être soutenue et accompagnée par des campagnes de sensibilisation et d'information sur le danger du commerce illicite des médicaments. Sans prévention, les populations iront toujours se servir dans des marchés parallèles, parce qu'elles croient hélas que le médicament est moins cher dans la rue. Ce qui est complètement faux. Les calculs économiques montrent que le médicament vendu hors circuit légal coûte plus cher. Alors, faites attention. Un médicament n'est pas un bonbon. Il s'achète en pharmacie et nulle part ailleurs. Il en va de votre vie et de celle des gens qui vous sont chers.