L'ancien président français Jacques Chirac a lancé lundi à Cotonou (capitale économique du bénin) une campagne internationale contre les médicaments contrefaits et appelé à une conférence mondiale en 2010 à Genève en vue d'une Convention internationale de lutte contre les faux médicaments. «Qu'on ne me dise pas qu'il ne s'agit pas d'un crime», a-t-il annoncé en s'appuyant sur des données alarmantes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS): un médicament sur quatre est faux dans les pays en développement et 200.000 décès pourraient être évités chaque année si les médicaments prescrits contre le paludisme étaient conformes à la réglementation et capables de traiter réellement la maladie. «De toutes les inégalités, la plus blessante est l'inégalité devant la santé» a déclaré M. Chirac en lançant son appel de Cotonou devant plusieurs présidents africains, (Bénin, Togo, Sénégal, Burkina Faso, Niger). Selon l'OMS, le trafic des faux médicaments correspondrait à 10% du marché pharmaceutique mondial, soit quelque 45 milliards d'euros. En 2006, Il y a eu 300 morts au Panama à la suite de l'utilisation d'un excipient contrefait, et près de 100 bébés sont morts au Nigeria en 2008, après avoir absorbé du faux sirop au paracétamol. Pour faire face à ce phénomène, l'ex-président français a mis l'accent sur l'importance de la mise en application stricte des textes législatifs et réglementaires contre le trafic des médicaments contrefaits. «Par cette initiative, nous exprimons le vœu que les Etats mettent en œuvre, sans délai, des politiques sécurisées d'accès universel à des médicaments de qualité, en cohérence avec les objectifs du millénaire pour le développement». A souligner que la proportion de médicaments de mauvaise qualité ou contrefaits testés en Asie et en Afrique est importante. L'ONUDC (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime) souligne que les fabricants de ces médicaments ciblent les pays en développement qui n'ont pas les moyens de procéder au contrôle des médicaments en laboratoire. Il est prévu, donc, une augmentation du volume du commerce illicite des médicaments contrefaits à 75 milliards de dollars en 2010, soit une hausse de 92% par rapport à 2005. Le Maroc n'est pas tout à fait à l'abri de ce phénomène. La contrebande au niveau des frontières avec l'Algérie constitue un risque permanent.