Les dirigeants du Polisario et leurs maîtres d'Alger ont commis une erreur qui leur coûtera très cher. Désormais, cette clique ne maîtrise plus la situation malgré l'oppression et le quadrillage militaire. Les populations de Tindouf ne tarderont pas à prendre leur destin en main. Au moment où les hordes du Polisario pourchassaient le convoi de Mustapha Salma Ould Mahmoud, qui s'apprêtait à regagner les siens à Tindouf, une centaine de jeunes sahraouis franchissaient la frontière et regagnaient la Mère-Patrie. D'un côté, l'implacable logique totalitaire tentait d'étouffer une voix dont le seul tort est d'avoir exprimé ses convictions par rapport au plan d'autonomie élargie pour les provinces sahariennes, de l'autre c'est un pan du mur de Tindouf qui s'écroulait rendant la liberté à une jeunesse longtemps ensevelie sous les chimères de la propagande polisarienne. Mustapha Salma Ould Mahmoud croupit actuellement quelque part dans le désert algérien, après avoir été témoin de la métamorphose du désert saharien marocain où les conditions de vie ne diffèrent guère du reste du pays et sont même bien meilleures que celles de pays limitrophes. Ses geôliers lui ont refusé son droit à la parole. Ils n'ont pas accepté qu'il dise autre chose que ce qu'ils veulent, eux, qu'il dise. Mais ce Sahraoui fier et affranchi a fait retentir dans sa conférence de presse historique à Smara, chez lui, au sein de sa tribu et parmi les siens restés au Maroc, la vérité qui a blessé la marionnette Abdelaziz et ses maîtres à penser de la Direction algérienne de la sécurité. Bravant tous les dangers et défiant des «responsables» aux abois, Salma Ould Mahmoud décida de revenir dans les camps pour défendre ses convictions. Il n'aura pas le temps de revoir sa famille et surtout sa petite fille Lalla Meryem née alors qu'il était en voyage, les sécuritaires le cueillirent et le jetèrent en prison où il est en train de subir les tortures les plus atroces selon les bribes d'informations qui passent par les mailles de la censure algérienne. Accusations fallacieuses Le cas de Salma Ould Mahmoud interpelle les consciences à bien des égards. La violation des droits élémentaires de l'Homme est plus qu'évidente et avérée, chose qu'ont soulignée unanimement plusieurs organisations nationales et internationales de défense des droits de l'Homme. Toute autre accusation de la part de junte séparatiste est fallacieuse et non avenue. Aucun droit ne confère à cette horde usurpatrice des libertés de poursuivre cet ex-inspecteur de la police pour trahison. Or, Salma n'a trahi personne et encore moins le Polisario dont il était un haut dignitaire, puisque l'option de l'autonomie figure bien, en noir sur blanc, dans les ordres du jour des rounds de négociations qui se tenaient entre le gouvernement du Maroc et les représentants de Abdelaziz et consorts. Mais, pour ses derniers et leurs protecteurs du Palais d'Al Mouradiya, toute voix discordante doit être condamnée au silence. Salma Ould Mahmoud est en train, maintenant, de subir la logique totalitaire de ce mouvement fantoche dont les dirigeants n'acceptent aucune autre opinion qui ne soit inféodée à leur vision. Cette dérive est dangereuse et dévoile au grand jour les desseins du Polisario et de l'Algérie en premier lieu, qui ne tolèrent pas que l'idée de l'autonomie prenne de l'ascendant y compris au sein même de la clique au pouvoir à Tindouf. Hier, c'était Mahfoud Ali Beiba, qui en a payé le prix fort, parce qu'il allait afficher ses préférences, et dont l'assassinat déguisé en crise cardiaque ne fait aucun doute selon sa tribu et ses proches. Aujourd'hui, c'est Salma Ould Mahmoud qui est victime d'un arbitraire qui ne dit pas son nom. Demain, ce seront tous les Chioukhs et les autres séquestrés des camps de Lahmada qui ont osé exprimer leur solidarité à son égard et qui partagent son opinion, qui feront les frais de cette politique absurde et aveugle qu'exécute l'Algérie sous l'étiquette du Polisario. Mauvais calcul En effet, si ce soit-disant mouvement de libération était libre de ses gestes et faits, il n'aurait jamais osé s'aliéner l'une des plus grandes tribus du Sahara marocain en l'occurrence Rguibat-lbihat dont presque vingt mille membres sont assiégés actuellement à Tindouf. Par cet acte irréfléchi et aventureux, d'autres courants importants, notamment les adeptes de la voie du Martyr (Khatt Achahid), opposés à Abdelaziz et à ses acolytes, n'ont pas tardé à se manifester en criant leur colère contre les violations systématiques des droits de l'Homme dans les camps notamment le refus de reconnaître à l'opposition le droit de s'exprimer sur les choix déterminant l'avenir de la population. Ils vont même jusqu'à brandir la menace d'appeler à des négociations séparées avec le Maroc. D'autres groupes s'activent à s'organiser en dehors des structures bureaucratiques du Polisario. A partir de là se pose la question de la représentativité du Polisario et, partant, sa légitimité. D'ailleurs, le Maroc a eu parfaitement raison d'appeler le Haut Commissariat aux réfugiés à procéder immédiatement au recensement de la population, parce qu'il s'agit, entre autres choses, de savoir exactement combien de Sahraouis issus véritablement du Sahara occidental marocain continuent à être séquestrés. Sachant que depuis que feu Hassan II avait lancé sa mémorable formule « La Patrie est clémente et miséricordieuse » presque dix mille d'entre eux avaient choisi de regagner le Maroc dont presque tous les membres fondateurs. Alors que représente encore cette organisation fasciste totalitaire qui, par le bon vouloir du pouvoir algérien, enrôle dans ses rangs des Mauritaniens, Algériens, Maliens et autres Nigériens présentés aux instances internationales comme des réfugiés des territoires contestés du Sahara occidental. Que l'Algérie accepte enfin que ce recensement ait lieu et toute la communauté internationale se mettra à l'évidence de la plus grande supercherie politique que l'histoire contemporaine ait connue. Une nouvelle donne Cependant, si la démarche du Maroc se veut cohérente en demandant le recensement, il faut qu'il avise les Nations unies de son intention de ne plus négocier avec une entité dont la représentativité est contestée et dont les mécanismes et les pratiques sont contraires aux règles et normes démocratiques et aux valeurs des droits de l'homme telles que reconnues universellement. Certes, tout le monde savait que le Maroc négociait de facto avec l'Algérie, puisque les marionnettes n'étaient présentes autour de la table que pour enregistrer les propos et les soumettre aux véritables négociateurs. Mais, cela ne peut durer éternellement, alors que l'Algérie vient d'envoyer un message clair au Maroc : le plan d'autonomie est inacceptable et même le débat autour de ce thème est interdit dans les camps et au sein de la population. Or, le Maroc, pour sa part, avait signifié à ses interlocuteurs qu'il ne négocierait que le plan d'autonomie puisque les deux autres options liées au referendum étaient devenues caduques par les dernières résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU. En choisissant de punir Salma Ould Mahmoud, l'Algérie, via le Polisario, veut à travers le procès qu'elle lui prépare, qu'il serve d'exemple à tous ceux qui seraient tentés de suivre son chemin. Mais, ce qu'elle ne sait pas ou feint ne pas voir, c'est que la situation a complètement changé à Tindouf où s'installe, malgré la répression policière, un processus tel que décrit et prévu par toute la littérature révolutionnaire : les masses ne peuvent plus vivre comme auparavant et les dirigeants ne peuvent plus gouverner comme auparavant. Voilà la réalité qui prévaut aujourd'hui dans la plus sinistre des régions du monde d'après les dires de Salma Ould Mahmoud, et qui connaît une exacerbation poussée des contradictions internes générant inévitablement une vague émancipatrice qui fera tomber le mur de Tindouf, surtout si, par malheur et par mauvais calcul comme toujours, les aventuriers du Polisario et de l'ANP songent encore à reprendre les armes. Ce sera alors une toute autre histoire…. * Professeur à l'ISIC - Rabat