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Les grandes orientations et innovations
Publié dans Albayane le 16 - 06 - 2022


Ouardirhi Abdelaziz
Mise en place de la couverture sanitaire universelle, extension de la couverture sanitaire à 22 autres millions de citoyens, plus de médecins,
plus d'infirmiers et infirmières, de nouveaux instructeurs hospitaliers, disponibilité des médicaments, une nouvelle gouvernance pour le secteur de la santé, création de la haute autorité de la santé, et de l'agence nationale des médicaments et des produits de santé...Tels sont les grands axes de la nouvelle reforme du système de santé déclinés par le chef du gouvernement devant le parlement le 13 juin 2022.
Le Maroc a profondément changé ces dernières années. Ces changements transforment radicalement le paysage dans lequel opère le secteur de la santé. Les appels à la réforme dérivent de changements profonds dans le profil des besoins en santé et dans celui des attentes vis-à-vis du système de santé, ainsi que des insuffisances manifestes du modèle du système en place. Ces changements impliquent que la façon d'organiser le secteur, n'est plus appropriée aux défis d'aujourd'hui et des années à venir.
Notre système de santé continue de subir des contraintes parmi lesquelles, il y a celui du financement de la santé qui ne répond plus aux exigences d'une médecine moderne.
La formation des médecins au niveau des facultés de médecine et celle des autres catégories de professionnels de santé au niveau des ISPITS ne sont plus adaptées aux réalités des pratiques médicales et infirmières.
La pénurie des ressources humaines et la recherche immédiate de solutions adaptées à cette réalité pénalisante.
La répartition équitable des ressources et moyens existants, le développement de la médecine générale, l'accès aux soins et aux médicaments.
Ce sont là, quelques uns des éléments qui plaident aujourd'hui en faveur d'une réforme de notre système de santé et représentent autant de challenges et de défis que notre pays doit relever.
Dès lors, il devient essentiel pour notre pays de mettre en place un nouveau système de santé capable de proposer à chaque citoyen quels que soient ses moyens, son lieu de résidence, de pouvoir bénéficier de la couverture santé universelle, de soins de qualité selon ses besoins, aux différents âges de la vie de chacun, sans que cela n'entraîne des difficultés financières pour le malade ou sa famille.
Sollicitude royale
Le projet de la mise en place de la couverture médicale universelle (CMU), est un chantier très important pour le Maroc. C'est un projet royal, voulu par sa Majesté le Roi Mohamed VI que Dieu l'assiste, qui a donné ses Hautes instructions aux pouvoirs publics de mettre en place tous les moyens, toutes les ressources, tous les mécanismes pour pouvoir asseoir sur des bases solides un vrai projet sociétal, de la protection sociale.
SM le Roi Mohammed VI avait adressé, mercredi 29 juillet 2020, un Discours à la Nation à l'occasion du 21ème anniversaire de l'accession du Souverain au Trône de ses glorieux ancêtres, discours au cours duquel sa Majesté avait notamment dit : « Notre aspiration prioritaire est d'assurer la protection sociale à tous les Marocains. Et notre détermination est qu'à terme, Nous puissions en faire bénéficier toutes les franges de la société..... »
Comme on peut le constater sa Majesté le Roi avait dès juillet 2020 tracé la feuille de route pour ce projet sociétal de couverture de la protection sociale, articulé autour de quatre axes importants. L'exécution de ce grand chantier se fera par étape avec dès 2022, l'élargissement de l'Assurance maladie obligatoire à 22 millions de nouveaux bénéficiaires, 11 millions sont les détenteurs des cartes Ramed qui vont basculer vers le régime AMO, et 11 autres millions représentés par les professionnels du secteur libéral.
Les axes de la nouvelle réforme du système de santé
Dans son intervention du lundi 13 juin 2022, devant la Chambre des représentants, Aziz Akhannouch chef du gouvernement a décliné la feuille de route de la nouvelle réforme du système de santé qui consiste en une série de projets, dont nous passons en revue les plus saillants.
Extension de la couverture sanitaire
Pour asseoir sur des bases saines, solides et pérennes le projet royal de la mise en place de la couverture sanitaire universelle, un projet sur de bons rails qui se concrétise un peu plus grâce à l'élargissement de l'Assurance maladie obligatoire à 22 millions de nouveaux bénéficiaires.
11 millions de citoyens détenteurs des cartes RAMED vont bénéficier de la couverture médicale (AMO), dont 1 million 600 milles agriculteurs et ouvriers agricoles, 500.000 travailleurs, 800.000 commerçants, entrepreneurs et artisans, 140.000 chauffeurs de taxis, en plus de 230.000 conducteurs professionnels. Et 11 autres millions de citoyens représentés par les professions libérales avocats, pharmaciens, médecins, ingénieurs, topographes ou encore les guides touristiques, les artistes, les adouls.
La politique du médicament
Concernant la politique du médicament, un produit essentiel, vital dans le processus de la prise en charge des malades, et pour permettre une grande visibilité, la transparence totale, et barrer la route aux dépassements et égarements en rapport avec ces produits , une agence nationale des médicaments et des produits de santé verra incessamment le jour . Cette instance sera totalement indépendante du point de vue administratif et financier, ce qui naturellement est de nature à renforcer la sécurité et la disponibilité des médicaments pour notre pays, et partant permettre aux familles, aux citoyens d'avoir un meilleur accès aux médicaments à un prix supportable pour tous.
Comme il est important de le rappeler ici, que cette nouvelle approche de gestion, de gouvernance concernant les médicaments vise aussi à renforcer et à encourager la production et l'utilisation des médicaments génériques, ce qui contribuera à notre indépendance en ce qui concerne les médicaments.
Les ressources humaines
Le volet relatif aux ressources humaines du secteur de la santé, est un sujet qui a retenu l'attention de tous les ministres de la Santé depuis des années. Beaucoup d'efforts ont été consentis pour remédier aux manques de médecins, d'infirmiers, de sages femmes. L'OMS a classé le Maroc parmi les 57 premiers pays au monde à souffrir de ce manque de professionnels de santé.
Et comme si cela ne suffisait pas, nombreux sont les médecins et les infirmières qui vont travailler sous d'autres cieux où ils sont mieux valorisés, mieux considères, mieux payés ....
A cet effet, il est utile de savoir que 30 à 40 % de nouveaux médecins marocains formés dans les facultés de médecine, de pharmacie et de de la chirurgie dentaire, migrent vers d'autres pays (France-Amérique-Canada-Angleterre....)
Afin d'y remédier à cette pénurie, le quota des étudiants dans les facultés de médecine, de pharmacie, et celui des étudiants des instituts supérieures de la profession infirmière, technique sanitaire (ISPITS ) va être revu à la hausse dès la rentrée universitaire prochaine 2022-2023.
Cette approche va nous permettre dans les prochaines années 2024- 2025, de multiplier par deux le nombre de nouveaux médecins et par trois le nombre des nouveaux infirmiers, infirmières et sage femmes qui viendront renforcer l'offre de soins de notre pays, puisque nous auront 23 professionnels de santé (médecins-infirmiers) pour 10.000 habitants.
La gouvernance du système
Notre système de santé souffre d'un très grand problème de gouvernance. On ne peut réformer notre système de santé sans s'attaquer en premier aux problèmes de gouvernance qui impactent la qualité et la quantité des services rendus à la population. Cette réforme constitue indiscutablement un chantier important, et la création et mise en place prochaine de la Haute Autorité de la santé, instance indépendante dont le but est de garantir la continuité et la qualité de la politique nationale en matière de santé est de nature à y remédier à de nombreuses irrégularités, dérapages et incohérences au niveau de secteur public et privé .
Idem pour la gouvernance du médicament, création et mise en route de l'agence nationale du médicament, établissement indépendant , doté d'une autonomie financière, car le ministère de la Santé ne peut être juge et partie, ce qui ouvre la voie aux dérapages ...


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