Nabil EL BOUSAADI Profitant de sa tournée européenne « réussie » durant laquelle il a été très bien accueilli par les dirigeants européens dans la mesure où il a été reçu aussi bien par le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borell, que par le futur chancelier allemand Olaf Scholz, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et même Emmanuel Macron, qui lui a réservé un accueil digne d'un chef d'Etat en le recevant sur le perron de l'Elysée, l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, a saisi cette occasion pour redorer son blason hors du continent américain et signaler son entière disposition à officialiser sa candidature pour la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en Octobre 2022. « Sur le plan du protocole, [être reçu par le chef de l'Etat sur le perron de l'Elysée] ce n'est pas rien (dès lors) que Lula n'est pas un chef d'Etat en exercice » dira Gaspard Estrada, directeur de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes (OPALC) en accueillant, ce mardi, l'ancien président brésilien, dans un auditorium de Sciences Po Paris, où les étudiants étaient en surnombre. « Je suis prêt, je suis motivé, je suis en bonne santé (...) Nous avons besoin de quelqu'un qui fasse front, il faut gagner les élections. Il faut reconstruire le Brésil (...) En février ou mars, je déciderai si je me présente ou non en fonction de la décision que prendra le parti » avait déclaré, la veille, face aux médias au sein du Parlement européen à Bruxelles, l'ancien président brésilien Lula, dont la candidature reste très attendue depuis qu'en mars dernier, il était redevenu éligible à la faveur de la décision de la Cour Suprême qui avait annulé ses condamnations pour corruption en invoquant un « vice de forme ». Aussi, en s'en prenant sans ménagement au président brésilien d'extrême-droite Jair Bolsonaro, Lula fustigera ce dernier en disant de lui qu'il « est une piètre copie de Trump » qui, sans même prendre la peine de réfléchir, s'était attelé à « abattre » l'héritage des années Lula. Cette tournée européenne a, également, permis à l'ancien président brésilien, d'évoquer la question du traité de libre-échange, conclu en Juin 2019, entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) mais que la France n'a pas encore ratifié tel quel. Lula qui souhaiterait que le Brésil puisse exporter davantage que « du soja, du maïs ou du minerai de fer » reste, néanmoins, fermement opposé à l'accès des entreprises européennes aux marchés publics sud-américains car une telle « intrusion » serait susceptible d'entraver la ré-industrialisation du Mercosur. Aussi, propose-t-il qu'après 2022, un nouvel accord de coopération puisse être signé entre l'UE et le Mercosur car pour « avancer », il faudrait que « les partenaires européens comprennent que les pays [du Mercosur] doivent exporter des produits finis qui ont plus de valeur ajoutée ». Pour rappel, l'ancien syndicaliste qui avait présidé aux destinées du Brésil de 2003 à 2010 avait bénéficié d'une conjoncture économique favorable car grâce au boom des matières premières, il était parvenu à mettre en place ces ambitieux programmes sociaux qui lui avaient permis de sortir de la précarité et de la misère quelques 30 millions de brésiliens. Autant de raisons pour lesquels, un sondage de l'institut de référence « Datafolha », en date du 17 septembre, a crédité l'ancien métallurgiste de 44% des suffrages au premier tour de l'élection et n'a attribué que 26% des voix à un Bolsonaro vivement critiqué pour sa mauvaise gestion de la pandémie. Enfin, si Lula participe à la prochaine élection présidentielle à l'effet de briguer un troisième mandat, ce sera sa sixième course à la magistrature suprême. La remportera-t-il ? Tout plaide en sa faveur mais attendons pour voir...