Nabil El Bousaadi Ayant recouvré son «éligibilité» sur décision d'un juge de la Cour Suprême, l'ancien président Inacio Lula da Silva qui avait dirigé le Brésil de 2003 à 2010 et qui a, désormais, les coudées franches pour affronter Jair Bolsonaro à la présidentielle de 2022 s'est abstenu de se prononcer sur l'éventualité de sa participation auxdites élections préférant signaler à ses compatriotes que, pour l'heure, il n'a «pas la tête à çà» car aujourd'hui «c'est le moment de parler des vaccins contre le Covid-19 et du chômage». Au cours de son allocution, Lula a tenu à faire part à ses compatriotes de son intention de reprendre son bâton de pèlerin afin de « parcourir, à nouveau, le pays pour parler aux Brésiliens » comme il l'avait fait d'abord lors des grandes caravanes de 1980 puis en 2018 avant de passer près d'une année et demi derrière les barreaux pour corruption dans le cadre de la fameuse opération dite «Lava Jato» alors même qu'il était donné largement favori pour cette élection présidentielle qui, en son absence, fut facilement remportée par Jair Bolsonaro, cet ancien capitaine de l'armée et député d'extrême-droite. Affirmant être «encore assez jeune pour lutter inlassablement» et défendre les brésiliens contre la misère, Lula a fait, devant ses partisans, un vrai discours de campagne électorale dans lequel il s'en est violemment pris au président Jaïr Bolsonaro. Invitant le peuple brésilien à ne suivre «aucune des décisions imbéciles prises par le président de la République et son ministère de la santé» à la suite desquelles la pandémie du nouveau coronavirus a fait plus de 268.000 morts au Brésil, Lula ira même jusqu'à affirmer que «beaucoup de morts auraient pu être évitées» car c'est parce qu'il croit que «la Terre est plate» alors qu'elle «est ronde», que l'actuel président n'a pas jugé bon de conclure, avec les laboratoires pharmaceutiques, les accords qui auraient permis au pays de disposer des doses de vaccins requises et qu'il en manque cruellement aujourd'hui. L'icône nationale de la gauche brésilienne a saisi cette occasion pour reprocher, également, à Bolsonaro le fait qu'au lieu de «créer un comité de crise (et) d'impliquer les scientifiques», ce dernier a considéré la pandémie du nouveau coronavirus comme étant une «petite grippe» et vanté les mérites de la «chloroquine» alors même que de nombreuses études avaient déjà démontré son inefficacité contre le Covid-19. Poursuivant son allocution, Lula rappellera à l'assistance, d'une voix rauque et étranglée par l'émotion, qu'il a été «victime du pire mensonge judiciaire en 500 ans » au Brésil avant de se féliciter que « pour la première fois, la vérité a prévalu». Enfin, si d'après un sondage rendu public dimanche 50% des personnes interrogées étaient prêtes à voter pour Lula alors que seules 38% s'étaient prononcées en faveur de Bolsonaro, l'enquête d'opinion réalisée mercredi par l'Institut Real Time Big Data pour CNN Brasil a placé Bolsonaro en tête au premier tour avec 43% des intentions de vote alors que Lula n'en obtiendrait que 39%. Lequel du vieux syndicaliste ou de l'ancien militaire l'emportera si Lula participe à la prochaine course à la présidence de la République brésilienne en 2022 ? Beaucoup de choses peuvent encore changer d'ici-là, alors attendons pour voir...