Si l'on en croit le site américain «The Intercept», l'ancien président brésilien Lula qui, depuis Avril dernier, croupit derrière les barreaux à l'effet d'y purger une peine de huit ans et dix mois pour «corruption», aurait été victime d'une sordide machination, d'une affaire montée de toutes pièces par l'ancien juge Sergio Moro, cette figure de proue de l'opération anticorruption «Lava Jato» qui, après avoir dirigé l'accusation contre l'ancien chef de l'Etat au mépris des règles de justice, campe aujourd'hui à la tête du ministère de la justice du gouvernement du président Bolsonaro. Les faits révélés par le site américain tendraient à prouver que le Monsieur Mains Propre d'alors et actuel ministre de la justice aurait sciemment «instrumentalisé» la lutte contre la corruption initiée par le géant du pétrole «Petrobras» pour baliser, au candidat d'extrême-droite, le chemin menant à la présidence de la république et barrer ainsi la voie vers un troisième mandat présidentiel à Luiz Inacio Lula da Silva, le candidat du Parti des Travailleurs et grand favori des sondages. Pour arriver à ses fins, l'ancien juge «anticorruption» ne s'était pas privé d'orienter les travaux du ministère public, d'user de délation récompensée, d'exiger le remplacement d'une procureure qui ne le suivait pas dans son raisonnement de manière à diriger lui-même la stratégie de communication, de placer sur écoute les avocats de Lula et, enfin, de violer, purement et simplement, la loi en passant outre la décision d'un juge d'appel qui avait ordonné la mise en liberté de Lula. Les responsables de l'opération anticorruption «Lava Jato» ont immédiatement rejeté toutes ces accusations et déploré le fait d'avoir été «victimes de l'action criminelle d'un pirate qui a mené des activités très grave contre le parquet, la vie privée et la sécurité de ses membres». L'ancien juge Moro a, en outre, regretté que les messages obtenus aient été «sortis de leur contexte», «la non-identification de la source (…) responsable du piratage criminel des portables des procureurs» et le fait que le site en question «ne soit pas entré en contact (avec lui) avant la publication; ce qui est contraire aux règles de base du journalisme». Mais Glenn Greenwald, le cofondateur du site The Intercept, qui ne l'entend pas de cette oreille, considère que les archives dont il dispose, désormais, «sont parmi les plus importantes de l'histoire du journalisme (car) elles contiennent des secrets explosifs» concernant Deltan Dallagnol, le procureur de «Lava Jato», Sergio Moro, le juge devenu ministre de la Justice dans le gouvernement de Jair Bolsonaro, ainsi qu'un «grand nombre de responsables qui continuent d'exercer une importante influence politique au Brésil et dans d'autres pays». Enfin, Fernando Haddad, le candidat malheureux du Parti des Travailleurs réclame qu'une enquête approfondie soit effectuée sur la «farce Lava Jato» qui, en devenant «le plus grand scandale institutionnel de l'histoire du Brésil», va incontestablement envoyer un grand nombre de personnes derrière les barreaux et en réhabiliter de nombreux autres. Ce flagrant détournement de procédure et tous les faits entachés d'irrégularité qui ont conduit à la condamnation injuste, illégale et pour des «faits indéterminés» – faute de preuves – de l'ancien président Lula mettent, aujourd'hui, la Cour Suprême du Brésil au-devant de l'obligation de réexaminer le dossier de l'ancien président du Brésil afin de le mettre en liberté, d'annuler sa condamnation et, enfin, d'identifier tous les responsables de cette conspiration politique pour pouvoir prendre, à leur encontre, toutes les mesures qui s'imposent. Luiz Inacio Lula da Silva va-t-il renouer, très prochainement, avec la liberté et – pourquoi pas? – par la suite, avec le pouvoir? Rien, pour l'heure, n'interdit d'y croire alors attendons pour voir…