Coup de tonnerre dans le ciel brésilien... Longtemps espérée par ses partisans, l'annulation des condamnations dont avait fait l'objet Luiz Inacio Lula da Silva, qui présida aux destinées du Brésil, de 2003 à 2011, a été prise, ce lundi, par le juge Edson Fachin de la Cour Suprême brésilienne au motif que le tribunal de Curitiba (sud du pays) qui avait condamné l'ancien président brésilien dans quatre procès, n'était « pas compétent » pour juger ces affaires. Aussi, dans l'attente de leur réexamen, par un tribunal fédéral de Brasilia, l'ancien chef d'Etat, populaire dans son pays et, désormais, rétabli dans ses droits politiques peut briguer un troisième mandat l'année prochaine quand bien même le procureur général dispose d'un droit de recours devant la Cour Suprême réunie en séance plénière. Pour rappel, en 2018 et au terme d'un procès controversé, Lula, 75 ans, avait été condamné « pour corruption » dans le cadre de l'affaire «Lava Jato» avant d'être libéré à la fin de l'année 2019 sur décision collégiale de la Cour Suprême avec notamment l'interdiction de se porter candidat à l'élection présidentielle. Et si, pendant son incarcération, tous les sondages le donnaient favori pour la présidentielle de 2018, force est de reconnaitre que, dans certaines enquêtes publiées récemment, 50% des personnes interrogées seraient encore prêtes à voter pour lui alors que seuls 44% lui préfèrent l'actuel président. Autant dire qu'aux yeux des brésiliens, Lula apparaît comme étant encore le seul capable de battre le président Jair Bolsonaro lors des prochaines présidentielles de 2022. La décision prise ce lundi par le juge Edson Fachin a fait l'effet d'une bombe dans le pays. Ainsi, outre le fait qu'à la suite de cette initiative qui a fait grincer des dents dans les milieux d'affaire, la Bourse de Sao Paulo a chuté de plus de 4%, en rendant Lula potentiellement éligible pour la présidentielle de 2022, elle heurte de plein fouet l'actuel chef de l'Etat si bien que celui-ci s'est empressé de la dénoncer et de vilipender, en des termes très forts, le juge qui en fut à l'origine en déclarant, notamment, sur CNN Brasil, que le juge Fachin a «toujours eu un lien très fort avec le PT» [«Parti des Travailleurs» de Lula] (...) Nous avons tous été surpris par [cette décision] mais, en fin de compte, le brigandage de ce gouvernement [de gauche] est bien clair pour toute la société». Emboitant le pas au président Bolsonaro, ses partisans ont jugé l'annulation des condamnations de Lula comme étant «révoltante». Coronel Tadeu, un député du Parti Social Libéral (PSL, droite) ira même jusqu'à écrire, sur son compte Twitter, « Lula candidat ! Le Brésil a succombé, on va devoir supporter l'euphorie des antifas et des communistes !». De leur côté, les dirigeants du Parti des Travailleurs, qui ont opté pour la prudence, se sont abstenus de chanter victoire trop tôt de peur que de nouveaux rebondissements ne fassent leur apparition dans ce feuilleton judiciaire qui tourne autour de leur ancien président et tient les brésiliens en haleine depuis pas mal d'années. Ainsi, Gleisi Hofman, la présidente du PT a déclaré, sur son compte Twitter, préférer attendre «l'analyse juridique de la décision du juge Fachin qui a reconnu avec cinq ans de retard que Sergio Moro n'aurait jamais dû juger Lula». Les militants du Parti des Travailleurs restent convaincus que ce dernier, rapidement devenue une figure de proue de la lutte anti-corruption au Brésil, n'a eu pour principal fait d'armes que la condamnation en première instance de Lula en 2017 pour laquelle il fut grassement récompensé puisqu'il fut nommé ministre de la Justice par Bolsonaro quand celui-ci prit les commandes de l'Etat avant d'en démissionner, avec fracas, en Avril 2020. Au vu de tout cela, il est clair que la prudence est de mise, alors attendons pour voir... Nabil El Bousaadi