Après plus de dix heures de débat, la Cour Suprême du Brésil a rejeté, ce mercredi 4 Avril aux alentours de 14 heures et par six voix contre cinq, le «habeas corpus» qui aurait permis à Luiz Inacio Lula da Silva, qui avait présidé aux destinés du pays de 2003 à 2010, d'échapper à une incarcération qui, sauf surprise de dernière minute, devrait avoir lieu le 10 Avril prochain. Le «petit père du peuple», 72 ans, figure de proue de la lutte ouvrière sous la dictature, avait été condamné en Janvier dernier à douze années et un mois d'emprisonnement pour corruption. Or, bien qu'il lui soit reproché d'avoir reçu un luxueux duplex en bord de mer de la part d'une entreprise de BTP en contrepartie de faveurs dans l'obtention de marchés publics, Lula qui nie tout en bloc en invoquant l'absence de preuves, est toujours donné en tête des intentions de vote pour la présidentielle d'Octobre prochain. Et si la Cour Suprême déclare ne point avoir jugé «le legs économique et social» de Lula et que, de son côté, ce dernier dénonce un complot ourdi uniquement à l'effet de l'empêcher de briguer un troisième mandat, force est de reconnaître, toutefois, que la décision prise par la plus haute juridiction du pays a déchiré le pays entre d'un côté ceux qui considèrent l'ancien chef d'Etat comme un des plus grands leaders mondiaux voire même une sorte de demi-dieu et, de l'autre, ceux qui lui mettent sur le dos le «saccage des comptes publics» faisant de lui le pire bandit que le Brésil ait connu tout au long de son Histoire. «Comment comprendre qu'un personnage messianique comme l'ex-président Lula qui fit la fierté de son pays se soit soudain transformé en un homme à abattre capable de déchaîner les pires instincts ?… La politique serait-elle devenue folle ? La justice aurait-elle perdu la boussole ?» se demandait mardi le journaliste Juan Arias sur le site «El Pais Brasil». Au syndicat des métallos, un ouvrier submergé par la colère et le chagrin a tenu à rappeler qu'avant l'arrivée de Lula aux commandes de l'Etat «on ne parlait que de la crise et du FMI. Lula a tout changé, les enfants pauvres ont pu aller à l'Université. Dans les villages reculés, l'eau courante et la lumière sont arrivés». Il semblerait donc que tout ceci ait été effacé d'un simple revers de manche ! «La présomption d'innocence, ce droit fondamental, n'a pas prévalu aujourd'hui pour Lula. C'est un jour triste pour la démocratie et pour le Brésil» a déclaré Gleisi Hoffmann, la présidente du Parti des Travailleurs, fondé par Lula dans les années 1980 alors que sur son compte twitter le parti déclare que «le peuple brésilien a le droit de voter pour Lula, le candidat de l'espérance. Sa candidature sera défendue dans les rues et dans toutes les instances jusqu'aux dernières conséquences». Les brésiliens vont-il voter pour un candidat même si celui-ci se trouve derrière les barreaux ? S'ils y parviennent ce sera une première dans l'Histoire et elle sera de taille !