«C'est la première fois en 38 ans que je ne participe pas à cette rencontre nationale de notre parti mais je sais que je suis présent à travers chacun de vous... Aujourd'hui, la démocratie est menacée. Nous sommes en présence d'une élection aux dés pipés qui exclue celui qui est en tête dans les sondages. Ils veulent inventer une démocratie sans le peuple». Tels furent les termes du message adressé du fond de sa cellule par Luiz Inacio Lula da Silva aux quelques 2000 militants du Parti des Travailleurs réunis pour la Convention du parti qui, ce samedi, l'avait désigné comme candidat aux élections présidentielles qui se tiendront en Octobre prochain. Les autres candidats des partis en course pour la présidence du Brésil sont l'écologiste Marina Silva représentant le parti Rede (centre-gauche) arrivée en troisième position lors des deux derniers scrutins et l'ex-gouverneur de Sao Pauo Geraldo Alckmin au nom du Parti Social Démocrate Brésilien (PSDB, centre-droit). Condamné pour corruption à 12 ans et un mois de prison et incarcéré depuis le 7 Avril dernier, Lula qui avait présidé aux destinés du Brésil de 2003 à 2011 et qui va ainsi tenter de briguer un troisième mandat, reste tout de même crédité de plus de 30% des intentions de vote, dépassant largement tous ses adversaires. Criant, à qui veut bien l'entendre, que ce ne sont pas quelques barreaux qui vont l'empêcher de briguer, encore une fois, la magistrature suprême, l'ancien président a décidé de lancer, depuis sa cellule, sa campagne pour la présidentielle d'Octobre. «Ils s'imaginaient que Lula perdrait de son prestige mais le peuple connait Lula et nous sommes face à une bataille décisive» a déclaré Fernando Haddad l'ex-maire de Sao Paulo pressenti pour remplacer Lula en cas d'inéligibilité. D'ailleurs même si le PT se défend de préparer un plan B, l'inéligibilité de Lula n'est pas à écarter et sa candidature a de très fortes chances d'être invalidée par la justice électorale faute de «ficha limpa» donc d'un «casier judiciaire vierge» puisque la loi brésilienne stipule que toute personne condamnée en appel devient, de fait, inéligible et que, dans les coulisses, son remplaçant, l'ex-maire de Sao Paulo a déjà les pieds dans les «starting blocks». Mais si l'ancien chef de l'Etat avait jusqu'au 15 Août pour «enregistrer» officiellement sa candidature, ce dernier pourrait se voir contraint de courber l'échine devant la pression de la justice brésilienne qui a décidé de l'avancer au 6 Août et donc de déclarer, dès ce lundi, l'inéligibilité du candidat Luiz Inacio Lula da Silva. Or, pour les avocats de l'ancien président, toutes les voies de recours n'ont pas encore été épuisées et le tribunal a jusqu'au 17 septembre pour statuer sur l'éligibilité de leur client; ce qui laisse à ce dernier la possibilité d'être éligible «au titre de la présomption d'innocence». Mais pourquoi donc l'ancien président du Brésil s'acharne-t-il à rester dans la course alors que son inéligibilité est quasi-certaine notamment depuis que le Président du Tribunal a déclaré, début août, que «Lula est inéligible» ? La stratégie adoptée par le vieux dirigeant et consistant à ne transférer qu'en dernière minute son énorme «capital charismatique» au candidat de son choix permettra-t-elle à Fernando Haddad d'être propulsé au second tour sans même faire campagne ? Probable mais attendons pour voir...