« Seif Al-Islam Kadhafi a déposé le dossier de sa candidature à l'élection présidentielle au bureau de la Haute Commission électorale (HNEC) à Sebha. Il a soumis les documents (...) complétant, ainsi, toutes les conditions juridiques requises par la loi n°1 relative à l'élection du chef de l'Etat, adoptée par le Parlement ». C'est, en ces termes, que le vice-président de la Haute Commission Electorale Libyenne (HNEC), Abdel Hakim al-Chaab, a annoncé, sur les ondes de la chaîne al-Rasmiya, que, dix années après l'assassinat, le 20 Octobre 2011, de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, son fils Saif Al-Islam, 49 ans, recherché par la Cour Pénale Internationale pour « crimes contre l'humanité », emprisonné dès la chute de son géniteur avant d'être assigné à résidence dans un endroit tenu secret de la ville de Zinten, à 160 km au sud-ouest de Tripoli, se lance à la conquête du pouvoir avec l'ambition de « restaurer l'unité perdue » de la Libye. Désormais, candidat à l'élection présidentielle prévue le 24 décembre prochain, Seif al-Islam Kadhafi qui s'est, également, fait délivrer sa carte d'électeur du bureau de vote n° 21021 de la ville de Sebha aurait donc recouvré sa liberté de circulation. Pour rappel, après sa capture en Novembre 2011, par un groupe armé, à Zenten, au nord-ouest de la Libye, Seif al-Islam Kadhafi avait été condamné à mort, en 2015, au terme d'un procès expéditif. Mais le groupe qui le détenait avait, néanmoins, refusé de le remettre aussi bien aux autorités libyennes pour l'exécution de la sentence qu'à la Cour Pénale Internationale qui le poursuit pour crimes contre l'humanité ». Il avait, alors, choisi de le libérer en 2017. S'étant « évaporé dans la nature » depuis cette date, il « réapparaitra » subitement lorsqu'en Juillet dernier, depuis une villa luxueusement ornée de lustres en cristal, il accordera une interview à Robert Worth du New York Times magazine dans laquelle il confiera, à ce dernier, qu'après une décennie de chaos, de divisions et de luttes fratricides, il reste convaincu que son mouvement pourrait rétablir « l'unité perdue » du pays à l'issue des prochaines élections qui sont l'aboutissement d'un processus politique laborieux parrainé par l'ONU et qui sont censées tourner la page du chaos et des luttes fratricides qui ont fait suite à la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Or, même s'il est, désormais, officiel, que le fils du président déchu, que les nouvelles autorités libyennes n'avaient pas voulu exécuter en dépit de sa « condamnation à mort », entend briguer la présidence de la république, une grande inconnue demeure ; à savoir, qu'adviendra-t-il du mandat d'arrêt délivré, à son encontre, par la Cour Pénale Internationale pour « crimes contre l'humanité » suite à son implication dans la répression des insurgés en 2011 ? Hormis cette inconnue, il n'est pas à écarter, toutefois, que le désenchantement populaire auquel a donné lieu une décennie de chaos et le délabrement de l'économie qui s'en est suivi sont tellement forts qu'ils pourraient fort bien permettre à Seif al-Islam Kadhafi de capitaliser sur une certaine nostalgie de l'ancienne époque et de se voir, ainsi, propulser à la tête de l'Etat. Enfin, en considérant qu'il ne s'agit-là que d'une simple supposition que personne ne pourrait assurer tant cet inextricable imbroglio libyen est lourd d'incertitudes, attendons pour voir...