A peine le Pacte pour les migrations adopté à Marrakech, le réseau des femmes en migration, Oxfam international et ONU femmes ont publié mardi "le manifeste de Marrakech sur les droits des femmes". L'objectif est d'interpeller les gouvernements présents dans la ville ocre pour adopter le Pacte à mettre les droits humains des femmes au coeur de leurs politiques nationales de migration. Présenté lors d'un point de presse sur le site de la conférence intergouvernementale de l'ONU, qui s'est déroulée du 10 au 11 décembre, à Bab Ighli, par Cathi Tactaquin, de l'association « Femmes en migration" , Winnie Byanyima, directrice exécutive d' Oxfam International et Inkeri Von Hase, d'ONU Femmes, le manifeste s'appuie sur l'esprit des 23 objectifs du "Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières", qui promet de prendre en compte de manière spécifique les femmes, en tant que catégories vulnérables, en matière migratoire. Pour les responsables des trois organisations, la concrétisation de cet objectif ne passera que par l'incorporation des droits humains des femmes, des dispositions internationales sur le travail dans les politiques migratoires nationales, régionales et internationales. Dans le manifeste, les trois organisations répertorient 7 mesures que les Etats devront prendre en compte dans leurs politiques respectives, pour traduire en action le Pacte mondial sur les migrations et veiller à ce qu'il soit en faveur des femmes migrantes. Il s'agira premièrement d'assurer la participation pleine, équitable et significative des femmes et des filles migrantes dans les politiques qui impactent leurs vies, au niveau local, national, régional et international. Les gouvernements devront par ailleurs tenir compte du principe de la non discrimination, en priorisant la lutte contre toutes les formes de discrimination contre les femmes et les filles, indépendamment de leur statut migratoire, race, religion, nationalité… Il est également question de mettre fin à la violence en éliminant la violence sexuelle et basée sur le genre, l'exploitation et d'autres formes de violence qui affectent les femmes dans les pays d'origine, de transit et de destination. Le manifeste appelle également à permettre aux femmes d'accéder à la régularisation ou la résidence permanente ou à la citoyenneté, tout en favorisant les initiatives de réunification familiale. Il est aussi question de mettre fin à la criminalisation des migrants et ceux qui les assistent et défendent leurs droits. Sans oublier l'éradication de la détention provisoire, indépendamment du statut migratoire. Sur un autre volet, le réseau femmes en migration, Oxfam international et ONU femmes interpellent les Etats à respecter la législation sur le travail, en affirmant dans la pratique, la liberté d'association et en garantissant tous les droits du travail pour les femmes migrantes et tous les travailleurs migrants, y compris les travailleurs domestiques, les travailleurs du secteur informel, conformément aux droits de l'Homme et aux standards de l'Organisation internationale du travail (OIT). Aussi, pour veiller à la protection des femmes migrantes, les trois associations appellent à assurer que les droits humains sont au cœur de toutes les mesures de gouvernance et qu'ils soient appliqués dans tous les pays sans exception, surtout au niveau du contrôle des frontières. Enfin, le manifeste interpelle les gouvernements à agir en faveur d'un développement équitable en application des droits économiques, sociaux et culturels des femmes et leurs familles et permettant d'ériger la migration comme un choix et non une nécessité.