«Bou-Regreg» chroniques d'une enfance au Maroc, (1942-1956) de Anna Rivière paru aux Editions du Losange est une ode à la vie, aux souvenirs vivaces, aux lieux qui portent les odeurs de l'Histoire et de la mémoire. Il y a toujours une raison pour écrire et passer à cet acte révélateur. Cette envie d'extérioriser ce qui est ensommeillé dans les tréfonds de la mémoire, une envie de laisser une trace dans le monde et véhiculer les lettres de noblesse d'une belle époque avec ses hauts et ses bas. Ce livre est un témoignage émouvant, avec un regard pertinent de l'auteur sur le monde, les autres. «Autour de nous, le manque de tolérance, l'absence de sourire et le vide de sérénité m'ont conduite à l'écriture de ce livre. Nous ne savons plus être heureux ! Je pensais, comme souvent, à ma ville de Salé où les différentes communautés se côtoyaient», écrit Hannah Rivière. Pour Anna, Salé est plus qu'une ville, c'est un amour, c'est son enfance, une partie de sa vie, de son essence. Comment peut-on alors cantonner une ville dans les remparts, les murs, les toits, les portes et les fenêtres sans évoquer toutes ces composantes culturelles, religieuses, ethniques qui ont cohabité pendant des décennies en toute symbiose et harmonie ? Impossible. En lisant ainsi «Bou-Regreg», chroniques d'une enfance au Maroc, (1942-1956), les mémoires de l'auteur nous plongent dans un passé soudé aux mots sincères. L'écriture dans cet esprit est une passerelle vers un présent et un avenir enraciné dans la terre et les traditions ancestrales de la ville de Salé, mais aussi de la mémoire collective du Maroc. Une mémoire à la fois singulière et universelle. Les images lui reviennent à la mémoire. Les couleurs, les ruelles, les lumières, les odeurs… meublent son imaginaire. L'ouvrage se veut un hommage aux deux villes : Rabat et Salé.