Le grand espace vert qui entoure l'hôpital Avicenne, Ibn Sina pour les arabisants, Souissi pour les malades qui ont bien des soucis pour se faire soigner un bobo ou une lobo, comme celui qui apporte une note de fraîcheur à la Ligue cardiovasculaire, qui, du haut de son 5ème étage, accueille des patients qui disposent d'un chèque de garantie signé par la Garantie Foncière ou pas. C'est que Si Cherkaoui, un ancien de la vieille, procède avec un humanisme attachant. Pour lui, tant qu'on est sous son toit, tout va. Le reste, la paperasse administrative, ça vient après. Ensuite, quand on se promène entre les étages et quand on prend la peine d'interroger les médecins, du Pr Guédira au Pr Bensouda, au professeur Benjelloun, des médecins des services des différents étages, des infirmers, des majors et des anesthésistes, on reste ému par l'unanimité faite autour de Cherkaoui qui a sauvé la Ligue, en supprimant les dépenses qui ne convenaient plus à notre temps, et qui a promis un avenir plus prospère dès l'an 2015. Le Souissi, c'est aussi un espace immense et vert sauvé par Eccochard en 1949, quand il était à l'Urbanisme et qu'il a empêché la femme d'Arthur Conte, ex-patron de l'ORTF, de s'emparer d'une partie des forêts aujourd'hui trésor de la région. stop. Les élections honteuses, qui ont permis au trublion Robert Menard du Front National de nous donner des leçons des Droits de l'Homme, avant d'aller jouer la beya chez la cheïkha, furent suivies sur la chaîne BFM qui a séduit les chaînes amateurs de gratos, de LCI à ITV qui veulent être de la fête. On s'est marré en voyant la pauvre Hidalgo recevoir l'accolade de l'ex-maire Bernard Delanoë, qui a failli l'embrasser sur la bouche, dans « Le Figaro » de lundi qui s'est vendu chez les téléspectateurs qui voulaient en savoir un peu plus, alors qu'elles furent des élections où des têtes d'affiche ont perdu leurs fiches avant de donner des consignes. En plus, avec l'absentéisme, certains furent coincés dans le maniérisme qui entre en jeu quand des éligibles veulent côtoyer des candidats peu tangibles. Vraiment, les élections dans l'Hexagone sentaient cette année le désenchantement. stop. Le Roi a donné un coup de main de première main à Béni Makada à Tanger qui revient souvent dans notre rubrique avec des quartiers populaires comme Sania Gharbia, l'Akkari et autres lieux déshérités dans d'autres villes du Maroc. Un marché de proximité est donc prévu à Béni Makada où des jeunes, comme à Londra, pourront vendre des légumes et des fruits. Une occupation saine à mettre à l'actif du Roi qui tient à ce que les jeunes ne restent pas les bras croisés, sans activités. stop. Des journaux reprennent le stress hydrique qui menace le Maroc. Cette fois, on parle de 2030 où les questions d'eau vont se poser, nous dit-on. Alors que des experts nous avaient prévenus dès les années 80, en nous disant qu'il y aurait pénurie d'eau en 2020. Que s'est-il passé entre-temps pour que l'on passe d'une date proche à une date lointaine ? En fait, les experts sont comme Serak Zit, ils changent de paramètre tout le temps, sans tenir compte des défis que le pays se fixe. stop. Fizazi à la télé, avec une barbe de 30 ans, a intrigué des mômes qui n'avaient jamais vu ce portrait un jour de grande audience. Certains se sont demandé : qui c'est ? Ce à quoi des anciens ont répondu : « Le plombier ». stop. Ça alors ! Ils ont osé fouiller Salaheddine Mezouar à l'aéroport de Charles De Gaulle. Certes, Fabius qui a changé de voix, comme s'il passait de Géorgie chez Castel accent fashion, a présenté des excuses au Royaume, mais quelle idée d'arrêter un homme habillé comme un gentleman qui aurait reçu ailleurs des honneurs. La question est de savoir quel petit crétin à l'aéroport, qui ne connaît pas les personnalités ni les diverses identités qui passent plusieurs fois les frontières, s'est permis d'arrêter un homme de cette trempe ? stop. Rue de Napoli. On ne sait toujours pas comment a pris le feu qui a ravagé un appartement au 3ème étage dont les traces de brûlures sont toujours là. Soit il s'agit d'un mégot jeté dans la maison qui était vide au moment du drame. Soit un chargeur d'un téléphone portable aurait déclenché le feu, ce qui arrive souvent avec ces chargeurs de Chnawla pas très recommandables. stop. Le dernier – l'un des derniers – marchand de lait arrive toujours du bled sur sa moto à Rabat où il distribue du lait pour les familles, les mahlabates qui se respectent, par celles incapables de remplir un verre de l'ben qui hante Bouya Omar, et les derniers cafés qui respectent leurs clients. On se dit à chaque fois qu'il fait sa dernière tournée et à chaque fois, il revient dans les quartiers populaires avec un large sourire. stop. Ils plongent chaque jour dans leur baignoire, mais le vendredi ou le dimanche matin, ils se ressourcent au hamam Chorfa ou à Marassa dans le nouveau hamam où trône, hélas, un poste de télévision... Sacrilège. Quoi ? «Euronews» en sortant du bain ? ou «LCI», la chaîne inconsciente qui a accordé des interviews complices à Jean-Marie Le Pen, cet ex-tortionnaire poujadiste qui a réussi à recruter, hélas, des beurs dans son Front National. Sacrilège parce que la «Guelssa», la salle de repos où l'on a installé la télévision, invite plutôt à la méditation et au repos. Le hamam, c'est toute une philosophie. Jeune, on y va pour se laver et se décrasser, « Latokh», on dit chez nous. Avec le temps, on l'apprécie différemment. On y va avec tout un cérémonial pour entendre «le son de ses os», comme dit le proverbe. L'expression «bain de jouvence» trouve dans le hamam toute sa signification. En effet, une fois dans la salle chaude, nu comme un ver, on retrouve un peu de son enfance. On s'y sent tout petit comme le jour où votre mère vous a mis au monde. Quand vous avez l'impression que votre corps, tout en sueur, flotte au-dessus du carrelage, vous avez le sentiment de quitter la terre pour un vol aérien. On se laisse entraîner par les vapeurs qui vous font oublier, le temps d'un bain, la ville, tous vos soucis et vos tracas. Ici, plus rien n'existe. Plus rien ne compte. Le passage sur le carrelage du bain maure peut être plus enrichissant que la séance sur le divan du Dr Païes de Lacan ou Freud... D'ailleurs, c'est curieux de constater qu'aucun psy marocain ne conseille à ses patients le bain mort ou maure où on ressort vivant. L'idée de se retrouver à l'état presque neuf, après les premières vapeurs, vous donne toutes les forces nécessaires pour affronter les chaleurs de la chambre hard... Là, on frôle l'enfer pour mieux ressusciter. La vie après la mort. C'est ce qui manque aux Occidentaux qui croient avoir découvert le bien-être, la retraite à 55 piges, société des loisirs et le temps libre. Aussi léger que cela puisse paraître, les Européens ont beaucoup à apprendre de la société dite primitive. Beaucoup d'Européens ne connaissent pas les charmes du bain maure. Ils croient être propres après une douche avec un savon de Marseille à la glycérine. En fait, c'est le hamam qui décrasse et qui fait peau neuve, comme on dit. Il leur suffit d'y aller une fois pour que l'envie d'y retourner se renouvelle régulièrement. Mais il faudrait qu'il trouve l'état d'esprit dés le premier bain. Se laisser entraîner dans les vaps... Le plus mauvais jour où l'on risquait de se faire piétiner par une foule en délire? La veille d'une fête ou de la rentrée scolaire. Jamais plus je n'ai retrouvé cette atmosphère liquide et délirante dans les autres hamams. Hamam Bouizer a été fermé vers la fin des années 60, au moment précisément où on m'a interdit d'entrer dans le hamam occupé par les femmes. Hamam Bouizer a brisé un mythe. Le lieu de purification n'était plus le temple sacré. D'ailleurs, les vieux n'aimaient pas ce hamam turbulent qui ne leur apportait aucun repos. Pensezvous! C'était un appartement encore une fois au 1er étage. Tout sauf un hamam. Presque une maison de perdition... Quelle était verte ma vallée Lorsque la vallée de Akkrach, à deux pas de Rabat, n'était pas encore envahie par les ordures de la ville, les jeunes de la Médina, de l'Océan ou de Diour Djemaa quittaient leur quartier dès les premiers jours du printemps. Cette vallée, avant d'être massacrée par l'autoroute l'auto-moute, ressemblait à une réserve naturelle. Durant une semaine de bonheur, ces jeunes qui fuyaient la ville comme la peste alors qu'elle n'était pas encore polluée, vivaient sous la tente, un « guitoune » souvent improvisé avec quelquefois, juste à côté, des bouts de draps et des couvertures comme espace supplémentaire au milieu d'une végétation luxuriante et sauvage. Ils installaient leur campement généralement au bord de l'oued. Avec l'eau à portée de main, on pouvait laver la vaisselle - le cours de la rivière descendait vers l'embouchure du Bou-Regreg - et prendre son bain dans ce fleuve qui n'avait pas la couleur ocre d'aujourd'hui. On pouvait aussi pêcher dans ces eaux troubles avec la chance de tomber sur une belle chabla, cette chère alose, ce poisson délicieux à la chair si fine qui a disparu du Bou-Regreg depuis une trentaine d'années. A cause de la sacro-sainte politique des barrages. Mais il fallait bien alimenter Rabat, Casa et les environs en eau potable. Le chabel était un poisson à la portée de tout le monde ou presque. Il se vend de nos jours à prix d'or, disent les mères de familles qui ne peuvent pas se l'offrir à 300 ou 400 dhs la pièce... Halim, le poissonnier de l'Océan qui fait crédit à tout le monde, vous dira que toute une génération ignore ce tagine el hout oued... Seul Seddik El Bacha, le « Amine» du Marché Central, est capable de vous trouver la pièce rare. Extrait de«Chroniques des années de fraises »