Ayant recueilli ce dimanche soir près de 53% des suffrages exprimés, Andrés Manuel Lopez Obrador, par abréviation AMLO, qui, à 64 ans, a accédé à la présidence du Mexique a, dès l'annonce de sa victoire, reçu les félicitations de son voisin américain. «J'ai reçu un appel de Donald Trump et nous avons parlé durant une demi-heure. Je lui ai proposé d'envisager un accord global : des projets de développement générant des emplois au Mexique et, parallèlement, de réduire les migrations, d'améliorer la sécurité » et d'ouvrir la voie à une relation d'«amitié et de coopération» a écrit, sur son compte Twitter, le nouvel homme fort du Mexique. Estimant «bonne (la) discussion» qu'il a eu avec son voisin au téléphone, Donald Trump a écrit sur son compte Twitter qu'«il y a beaucoup à faire pour le bien à la fois des Etats-Unis et du Mexique !»; une position qui tranche tout de même avec cette époque durant laquelle Donald Trump accusant, sans cesse, le Mexique «de ne rien faire» pour empêcher les migrants d'Amérique centrale d'entrer illégalement aux Etats-Unis, avait envisagé la construction d'un mur le long de la frontière entre les deux pays. A noter, toutefois, que, dans leurs messages respectifs, ni le futur président mexicain, qui sera investi dans ses nouvelles fonctions le 1er décembre prochain, ni le président américain n'ont évoqué les relations commerciales entre les deux pays alors même que le président Donald Trump remet en cause l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui lie, depuis 1994, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique souhaitant y inclure une nouvelle clause «crépusculaire». Cette nouvelle disposition que la Maison Blanche voudrait insérer dans le texte du nouvel ALENA mettrait automatiquement un terme à ce traité cinq années après sa signature sauf si les trois signataires ne décident de le prolonger. Mais si Washington voit dans cette nouvelle clause une manière de réévaluer et d'améliorer cette entente par la «création d'un espace de discussion pour régler les choses» comme l'avait signalé Wilbur Ross, le secrétaire américain au commerce, le Canada et le Mexique y voient, au contraire, la voie idéale pour créer l'incertitude économique et, de ce fait, effrayer les investisseurs à long terme. Très critique, tout de même, envers l'ALENA, sous sa forme actuelle, le nouveau président élu du Mexique entend faire part de ses observations au président sortant Enrique Pena Nieto sans toutefois interférer, avant le 1er décembre prochain, dans le travail qu'entreprennent actuellement les négociateurs mexicains. Qu'en sera-t-il, alors, des relations très tendues ces derniers mois entre le Mexique et les Etats-Unis qui hébergent 12 millions de mexicains maintenant que les deux chefs d'Etat ont manifesté leur intention de développer une bonne relation mutuelle ? Et comment Andrés Manuel Lopez Obrador, chef de file d'une gauche pour la première fois au pouvoir au Mexique, pourra-t-il tenir sa promesse de «changement radical» sans susciter d'inquiétudes de l'autre côté du Rio Grande ? Attendons pour voir...