Dans le cadre d'une semaine décrétée à Kingston (Jamaïque), du 24 octobre au 1er Novembre, «Semaine pour l'éducation aux médias et à l'Information (Media Information Literacy-MIL-)», l'UNESCO a organisé la 7ème conférence de ce programme (impliquant plus de 80 pays) du 25 au 27 octobre, précédée, le 24 octobre, d'un ateliersur «l'Agenda des jeunes en MIL» déployé au sein de l'Université des Indes Occidentales de la capitale jamaïcaine. A cette conférence qui s'est réunie sous le thème «L'Education aux Médias et à l'information en temps critiques : Réinventer les méthodes d'apprentissage et les environnements de l'information», la Haca était représentée par son directeur général, Jamal Eddine Naji. Elle est la 7ème du genre depuis 2011, date de la première conférence organisée à Fès et au cours de laquelle ce rendez-vous annuel a été recommandé par plus d'une vingtaine d'universités, dont l'Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, dans le cadre du Réseau International d'universités qui lie l'EMI(MIL).créé pour renforcer la recherche interculturelle et coopérative sur l'EMI et encourager les initiatives inter-régionales sur des sujets tels que la diversité culturelle, le dialogue interculturel et inter-religions, l'inclusion et la consolidation de la paix. Après Fès, cette large alliance s'est réunie à Barcelone (2012), le Caire (2013), Pékin (2014), Philadelphie (2015) et Sao Paulo (2016). Ces semaines annuelles impliquent, en moyenne, plus de 600 organisations des mondes académique, professionnel, industriel, des société civiles...que réunit, par ailleurs, une grande alliance : l'Alliance Mondiale pour les partenariats sur l'EMI (GAPMIL), elle-même alliée, pour le même sujet, à l'«Alliance des civilisations de l'ONU (UNAOC)». Durant la conférence de trois jours à Kingston, qui se voulait un agrégateur pour les évènements et actions liés à l'EMI dans le monde,dans le but d'encourager les connections EMI entre les disciplines, les professions, ainsi que les environnements de l'information et de l'éducation, les participants ont particulièrement insisté sur la question des capacités à forger et/ou à promouvoir chez les usagers des médias, enfants et jeunes en premier, comme chez les professionnels, les éducateurs tout autant que chez les simples citoyens consommateurs de contenus médiatiques :comprendre et gérer ses droits en ligne ; combattre l'incitation à la haine en ligne et la cyber intimidation ; comprendre les questions d'éthique en communication ; s'engager via les médias et les TICs pour promouvoir l'égalité, la liberté d'expression, la tolérance, le dialogue interculturel/interreligieux, la paix, etc. Dans son intervention, comme paneliste du premier jour, Jamal Eddine Naji a choisi d'interroger et de lister «les besoins et apports du professionnel des contenus médiatiques» par rapport à son engagement – supposé naturel- dans l'EMI. Il a ainsi passé en revue, par une série d'interrogations et de constats, notamment en Afrique et dans les pays du sud en général : les postures et rôles du professionnel média ; les connaissances du professionnel concernant les risques encourus, via les médias, par les droits de l'enfant et des jeunes ; les prérequis de sa formation de base (et formation continue) et de ses compétences professionnelles à cet égard... Avant de tenter de délimiter, sous réserve des contextes des pays et des milieux médiatiques, les périmètres d'intervention et les responsabilités du professionnel, du décideur média, du citoyen, du décideur politique... Naji conclut sur la nécessité de construire des partenariats décisifs et conséquents d'accompagnement et de soutien, comme celui projeté par la Haca avec les opérateurs et professionnels au Maroc, consistant, entre autres, à l'élaboration d'outils d'appui à l'information, la sensibilisation et la formation du professionnel, à l'élaboration d'outils didactiques ou d'aide à la recherche ou à la conception de contenus conformes aux recommandations de l'EMI etc. Par ailleurs, au vu du large panorama des interventions, ateliers et débats de ces trois jours de conférence, avec notamment la participation fort remarquée des grandes organisations des librairies, publiques et scolaires, on a pu retenir que l'objectif ultime pour les éducateurs, en particulier, est d'établir des liens entre la formation à l'intérieur et à l'extérieur de la salle de classe et transformer l'éducation en vecteur de changement social qui favorise le respect des droits humains en ligne et hors ligne, et qui construit une nouvelle identité citoyenne basée sur la participation civile critique et le dialogue interculturel. Ceci afin de faire face aux difficultés engendrées par la soi-disant ère post-vérité, des obstacles tels que la désinformation, les fausses informations («fake news»), le sensationnalisme, les informations contradictoires etc. C'est à ce niveau d'exigence ou de défis que l'UNESCO a lancé à l'occasion de cette 7ème conférence une campagne populaire baptisée «MIL CLICKS1» (Réflexion critique, Créativité, Education, Citoyenneté, Interculturel, Connaissance et Durabilité). Une approche visant à améliorer les compétences d'analyse critique en ligne et hors ligne. MIL CLICKS sera le noyau fondateur d'une initiative sur les réseaux sociaux sur des moyens non-traditionnels, créatifs ou innovants permettant d'acquérir des compétences EMI et du dialogue interculturel à utiliser dans la vie courante, pour tout type d'environnement de média et d'information. Chacun, ainsi que toute organisation, peut jouer un rôle dans MIL CLICKS (https://en.unesco.org/MILCLICKS). En plus de cet espace dynamique dans le monde des réseaux sociaux, l'Unesco a lancé un «MIL MOOC», espace de formation gratuite et mondial sur l'EMI (en plusieurs langues : «Media & Information Literacy Massive Online» (http://milmooc.aub.edu.lb/?lang=ar; http://milmooc.aub.edu.lb/?lang=fr), en plus d'un espace dédié, dans les mêmes langues, à la formation des éducateurs : «Online Multimedia Mil Teachingre sources Tool» : (http://unesco.mil-for-teachers.unaoc.org/?lang=ar; http://unesco.mil-for-teachers.unaoc.org/?lang=fr ). Enfin, toutes ces initiatives visant la plus large mobilisation possible de toute énergie possible pour l'EMI, se veulent être encadrées, selon les responsables de l'UNESCO, par une charte d'engagement baptisée dans sa langue originelle (seule langue de cette conférence) : «MIL Clicks'Pact; ThinkCritically and click Wisely», que la Haca a traduite sur place, à lademande de l'UNESCO (représentée par M. Alton Grizzle Programme Specialist, UNESCO Headquarters, Paris – Manager for UNESCO's global actions on Media and Information Literacy), en Arabe, en Amazigh, en Français et en Espagnol.