Plusieurs blessés parmi les manifestants et les forces sécuritaires Jet de pierre, recours à l'usage du gaz lacrymogène, accrochages entre forces de l'ordre et manifestants, des dizaines de blessés et des arrestations... Encore une journée bien triste dans l'histoire de la ville d'Al-Hoceima, où 83 personnes ont été blessées dont 72 éléments des forces sécuritaires et 11 individus parmi les manifestants, indique un communiqué de la préfecture rendu public dans la soirée de jeudi. A Al Hoceima, la manifestation du 20 juillet a eu lieu en dépit de la décision d'interdiction annoncée par les autorités locales et des multiples appels au calme et à l'apaisement, notamment celui signé par les partis de la majorité. Cette manifestation, dont la date a été annoncée par Nasser Zefzafi, leader autoproclamé du Hirak, avant son arrestation, coïncide avec la célébration de l'anniversaire de la légendaire bataille d'Anoual. Un choix qui n'est pas fortuit au vu de la force symbolique de cette date dans la mémoire des habitants du Rif et de tous les Marocains. La non-autorisation de la marche n'a pas été respectée par tous les habitants de la ville. Chronologie d'une journée pas comme les autres Les manifestations n'ont commencé que très tard dans la soirée et se sont déroulées sans heurts jusqu'à ce que certains éléments encagoulés, selon le communiqué des autorités locales, décident de provoquer les forces publiques, «ce qui a causé la blessure de plusieurs dizaines des membres de ces forces de degrés plus au moins graves». Les autorités locales ont également annoncé que onze personnes parmi les manifestants ont été également blessées suite à l'usage du gaz lacrymogène et qui ont été transférées à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires». Par ailleurs, la localité d'Ajdir a été elle aussi le théâtre des attaques plus violentes orchestrées par des manifestants qui ont incendié volontairement deux véhicules des forces de l'ordre. Les autorités de la ville ont indiqué que l'état de santé des trois personnes (deux éléments des forces publiques et un citoyen), qui ont été évacuées vendredi matin dans un état grave sur l'hôpital militaire de Rabat, est «stable contrairement aux informations véhiculées à ce sujet». Les trois individus reçoivent les soins nécessaires à l'hôpital militaire de Rabat où ils ont été évacués par avion médicalisé durant les premières heures de la journée de vendredi, ont ajouté les mêmes sources. Arrestation de Hamid El Mahdaoui Les forces de sécurité ont procédé à l'arrestation du journaliste Hamid El Mahdaoui, directeur du site d'information Badil. Le procureur du Roi près le Tribunal de première instance d'Al Hoceima a décidé d'ouvrir une enquête sur les agissements de ce journaliste, accusé d'avoir perpétré des actes contraires à la loi et qui s'inscrivent aux antipodes de la déontologie du métier journalistique, lit-on dans un communiqué émanant du Parquet général. «Le dénommé Hamid El Mahdaoui a pris la parole à la Place Mohammed VI au milieu d'un groupe d'individus, les incitant à sortir manifester malgré la décision d'interdiction émise par les autorités compétentes», lit-on en substance dans le communiqué. Notons que dans la même journée, Mustapha El Khalfi, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, porte-parole du gouvernement, a appelé tous les acteurs au calme et la sérénité. «Il existe une conscience collective sur la nécessité d'instaurer un climat de sérénité et d'apaisement à Al Hoceima», a-t-il déclaré. Mustapha El Khalfi, qui s'exprimait à l'issue d'un Conseil gouvernemental, a mis l'accent sur le fait que le gouvernement de Saâd Eddine El Othmani, a interagi positivement avec l'ensemble des revendications légitimes de la population d'Al Hoceima, en faisant référence à des dizaines d'appels d'offres lancés par le gouvernement. Mustapha El Khalfi a souligné que le gouvernement s'est assigné comme objectif l'accélération de la cadence des chantiers dans la province, tout en rappelant la commission d'enquête créée par SM le Roi Mohammed VI lors du Conseil des ministres.