Ville de Manchester. Lundi 22 mai. Concert d'une grande star de la musique pop. Beaucoup de fans. Puis...BOOM. Que l'acte soit horrible est certes indéniable. Mais là n'est pas toute la question. C'est l'évidence de l'«horreur» qui crée la gêne! C'est l'accoutumance, la tolérance de ce phénomène qui laisse interdit. A dire que les peuples se sont habitués à ce cycle qui commence par un acte lâche causant le trépas d'innocents dans un lieu qu'on nettoie, avant de se préparer, dans la peur et la terreur, à ce que sous d'autres cieux, se produise l'épisode de ce qu'est devenu, bizarrement, comme «supportable» ! Apparemment, le terrorisme est loin d'être le résultat d'un simple endoctrinement, d'une haine profonde entre religions ou d'un idéal quelconque à défendre. Il ne distingue pas les bons des mauvais, le bien du mal. Lui-même ne sait pas ce qu'il est, ni où il va. Il erre n'importe où, promu par des ennemis et à l'humanité et à l'humanisme. Ses auteurs sont des corps sans cœurs, des cœurs sans esprits, des esprits sans foi aucune. A dire que ce monstre n'est autre que la quintessence dont a accouché l'animosité humaine que la richesse et la pauvreté, sans avoir la main dans la main, ont toutes deux concoctée. Les religions sont certes antagoniques sur certains points, mais les disparités sociales ont réussi à favoriser une aliénation qui emprunte, au bout du compte, la voie des plus fausses pour recourir aux Dieux de chaque religion : l'ignorance en l'occurrence. Nos joies deviennent peureuses et nos peurs s'oublient dans des joies qu'on nous crée car nous ayant poussés à ne plus savoir créer la nôtre. Devra-t-on désormais craindre de vivre en compagnie du terrorisme ou, comme c'est le cas, de s'y accoutumer? Des innocents meurent, des innocents pleurent, des innocents prient, des innocents rient et des responsables fuient ou feignent la détermination à combattre l'hydre à qui leur avidité du pouvoir et du sou a insufflé l'âme impitoyable. Sachant bien que la guerre des fous de plusieurs camps est déclenchée, on préfère toujours laisser place à des discours dénués d'espoir au lieu d'agir pour traiter là où la bêtise règne. Certains croient que c'est l'«échec de l'éducation» qui en est la source, alors que la vraie brèche de l'endoctrinement réside dans l'«annihilation de la dignité». Autrement dit, les gargantuas du sou ne sont que le stimulus de ceux du sang. Ces derniers étant loin de jeter les gants. In fine, le terrorisme n'est pas lié à un conflit interreligieux... seulement! Ahmed Mesk