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Ce que nous a dit Abdelhak Najib...
Publié dans Albayane le 13 - 03 - 2017

Ce que m'ont dit les peintres... est le carnet de voyage d'un périple entrepris à travers les œuvres de treize peintres contemporains s'exprimant au Maroc, un périple entrepris avec comme seuls bagages une sensibilité savante à l'art et un intérêt frénétique à tout ce qui touche à l'Homme. Le voyage de l'auteur est moins un cheminement sur les surfaces planes des palettes sensibles qu'une pénétration dans les profondeurs de l'expression artistique dans les moindres bruissements des pinceaux, dans les mots et les silences, les regards prolongés et les marches lentes des peintres rencontrés au cœur de l'amitié. On dirait que ces peintres et ces peintures murmurent leurs secrets à l'homme qui écoute car c'est à l'homme qui sait écouter qu'ils semblent avoir envie de parler.
Sur les chemins parsemés de graines d'art et d'amitié, Abdelhak Najib rencontre Farid Belkahia, le porteur d'eau à la mémoire tatouée au henné, à la peau tannée et cuivrée, à la main intemporelle, intransitive et absolument libre.
Au détour d'une ruelle où viennent mourir les bruits sourds des vagues mortes d'Assilah, il frappe à la porte de Mohamed Kacimi en l'appelant «peintre de la mémoire et de l'oubli». Les deux hommes confondent les mots et les regards, s'étendent sur la métaphysique des corps dressés sur la toile et qui résistent à leur chute, puis ils s'empressent au pied des voiles de l'aventure qui défient toute frontière. Abdelhak Najib quitte Kacimi qui nous quitte sans bruit, sans vouloir déranger, comme sur la pointe des pieds, dans l'étreinte de la paix. Cependant, le voyage continue.
Au beau milieu de sa solitude, Abdelhak Najib est pris dans le tourbillon des cercles qui se refusent à l'achèvement, qui renaissent de leur destruction avec moins de naïveté que de pudeur sous la main rugueuse et audacieuse de Miloud Labiad.
Fouetté par le vent du sud, il arpente l'empire des signes dans l'univers pictural de AissaIkken. Son regard recompose le puzzle des pictogrammes puisés dans la mémoire visuelle d'un peintre qui a arrêté tout son esprit sur la souffrance des hommes. De la galaxie des signes ikkéniens, le bâtisseur des territoires de Dieu ne sort pas indemne. Dans son esprit, les questions tournent en question et remettent tout en question. Désormais, tout est à recomposer, à commencer par les itinéraires du voyage entrepris.
Engagé sur l'échiquier fragmenté de la vie, le voyageur perdu avance à pas feutrés dans le monde de Saâd Hassani, le joueur au jeu sérieux et périlleux à la fois. Hassani ne dit pas un mot et ne veut pas en faire dire à ses peintures car les formes et les couleurs, les corps en devenir qui changent sans cesse de textures, se passent, selon lui, de toute littérature.
Nourri de toutes ces rencontres, Abdelhak Najib s'arrêta un moment devant les chemins sinueux d'Omar Bouragba. Il suit du regard le mouvement sensuel qui trace des arabesques spirituels dans la géométrie lyrique du poète puis ferme les yeux pour mieux saisir, au plus profond de son être, le dialogue des couleurs composées de pigments, de fusain et d'or. C'est alors qu'un autre voyage intérieur lui ouvre les sentiers du temps, un voyage au cœur de l'homme puisque l'homme est au cœur des toiles palpitantes de Bouchta El Hayani. Au fond de la toile, le corps dans sa nudité légère dépourvu des effets superflus se meut dans un espace mouvementé. Il erre sans repères, se pense, s'émerveille et s'interroge.
Au milieu de toute cette fantasmagorie des êtres où le beau se repose, Abdelhak Najib ne peut s'empêcher de penser à Zarathoustra en poursuivant son bonhomme de chemin. Et il est de ces chemins qui ne mènent à rien mais d'autres qui mènent à soi. Celui de Abdelhay El Mellakh en est un. C'est dans les ruelles ombragées de l'enfance qu'Abdelhak Najib fait la connaissance de l'artiste, un visage d'homme discret avec un brin de mélancolie et beaucoup d'intelligence. Sa peinture prolonge la lumière de sa ville, dirait de lui son ami Mohamed Loakira. Abdelhak Najib ajoute sans indiscrétion qu'elle est aussi le prolongement d'une pensée si profonde d'une quête permanente d'une certaine conscience -voire d'une connaissance- de soi.
Au loin, la couleur s'intensifie, la palette s'élargit pour épouser toutes les nuances des souvenirs, des émotions et des réminiscences. Abdelhak Najib reconnaît, dans cette étendue des prismes chromatiques, l'expressionnisme joyeux de Karim Marrakchi qui crie « Oui à la vie !». Un sourire creuse quelques sillons sur le visage du spectateur en partance et ouvre son appétit aux péripéties de l'aventure. Mais on ne peut parcourir le monde sans trouver sur son chemin l'éternel pèlerin El Houssaine Mimouni. Il est accroupi à même le sol aux pieds d'une toile en friche qu'il pénètre avec autant de tendresse que de rage. Il y imprime, en lettres solitaires, les nervures de son esprit, les écorchures de son âme en mal de temps qui passe, qui escalade son échelle puis s'enfuit.
-Comment échapper au hachoir des jours ? s'interroge Abdelhak Najib.
-Il faut ressembler à mes pantins rêveurs, lui répond une voix en symbiose avec un regard tendre et insouciant.
L'exhortation paraît peu sérieuse mais le ton est on ne peut plus sérieux, car c'est bien Houssein Tallal qui sort des mirages. Il navigue dans une constellation de silhouettes clownesques, outrageusement fardées, de taille si réelle qu'on a envie de leur murmurer nos pensées. Abdelhak Najib se contente de les regarder le regarder. Il est presque intimidé par tous ces regards qui s'impriment en lui telle une angoisse abstraite qu'on emporte avec soi, dans les plis de l'intimité.
Le temps est au repos quand l'appel du large retentit. Une baie de rocher trace ses contours à l'horizon azuré de la lagune. Abdelhak Najib sourit à Oualidia. Il voit au loin un homme sans âge à la silhouette enchantée et désabusée, le dos en colline tel un berceau douillet pour le plus beau des soleils. Il n'y a pas la moindre touche de doute : c'est Bill West le navigateur. Il n'est pas de chez nous mais il est chez lui. Il a vécu d'aventures et vit de peinture pour marcher sur la douleur, pour panser les blessures pour tenter d'être l'éternel arbre qu'il dessine.
Au bout du voyage teinté par la promesse de nouveaux départs, Abdelhak Najib voit passer d'autres silhouettes en marche, empaquetées dans leur foudroyante clarté, dans l'exiguïté de leurs frontières. Elles sont voûtées, repliées, écrasées dans leur mobilité mais elles ont «cette grâce titanesque propre aux hommes libres.» Abdelhak Najib y voit l'œuvre d'un créateur : Mahi Binebine. Les deux hommes confondent leurs sourires. Binebine tend La Perche. Abdelhak Najib saisit un détail de la sculpture, le colle sur son carnet de voyage et en fait désormais sa couverture.


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