Mahi Binebine Peinture de l'Homme. De l'humain. Une approche ontologique de l'Être avec cette constance qui dit l'espoir. Mahi Binebine revient encore une fois avec beaucoup d'acuité sur les préoccupations de l'individu. Brillant. L'homme habite sa toile en son cœur. À ce point éloigné du rapport quotidien et banal que l'on peut entretenir avec les couleurs de notre monde et son langage pictural qui nous laisse face à l'inédit. Soudainement, on peut sentir qu'un pan entier de nous-même, une case de notre conscience, devenue friable, renaît sous notre œil. Une nouvelle émergence au monde et à soi qui prend lieu dans une nef préhistorique qui dit tout l'humain accumulé. Un instant de vie qui englobe hier, aujourd'hui et ce qui sera en une durée anachronique. Dans la peinture de Mahi Binebine, l'humain est toujours à réinventer. Il lui faut à, la fois, ce haut lieu de mémoire et un amont pour assurer le retour. Sur un même espace, Mahi imprime un parcours en esquisse, laisse éclore le sens multiple. Une histoire d'oubli se dessine qui se sert de l'airain et de la roche tels ces hommes de Lascaux qui en traçant leur monde l'effaçaient du même coup pour échapper à la pesanteur du temps. L'histoire qui se décline en formes, en couleurs et en mots est un voyage qui remet la mémoire en cause. : le peintre appelle ici à la patience du nomade, au courage du promeneur voûté, à la joie du chasseur qui guette en marchant, et qui, parfois, se suffit de poser un pas après l'autre. Pour Mahi, l'important n'est nullement l'aboutissement mais le cheminement que l'homme entreprend. Chemins qui ne mènent nulle part, mais disent la teneur de ce mouvement vers l'avant. Chez Mahi, ces silhouettes imposantes sont légères, et ce sont leurs contours qui leur confèrent cette aisance à se déplacer sur l'infini de la toile. Sur les largeurs de cet espace, rien n'est fait, rien n'est pris, tout est dans le pas amorcé. Un tracé gravé sur le derme de la vie constamment tourné vers demain. Mahi projette l'acte dans l'après, et les formes qui défilent sont autant de codes pour annoncer des éternités à venir. Mahi Binebine Musée Archéolgique De Silves (Algarve, Portugal) Du 25 juin au 18 Septembre 2005