La fête bat son plein au Salon International de l'Edition et du Livre (SIEL). Le week-end dernier, le public a afflué des quatre coins du Royaume pour étancher sa soif de lecture dans les stands du salon où sont servis à tout venant ouvrages scientifiques, littéraires, artistiques, juridiques pour tous les goûts et disciplines. Le SIEL draine les amoureux du livre, mais pas toujours pour les mêmes objectifs. Certains férus de lecture visitent le salon à la recherche de références pour leurs études et recherches. «C'est la première fois que je vienne au Salon pour acheter des livres. Je lis généralement des livres en arabe, notamment des livres religieux, pédagogiques. Auparavant, je lisais uniquement des livres en langue anglaise et française ; mais maintenant j'entame une nouvelle aventure de lecture en langue arabe. Cette fois, je suis venu acheter des livres sur la vie du prophète», nous confie Abdeslam, un retraité. Dans les couloirs du Salon, Houcine Idrissi, étudiant à la faculté Abdelmalek Essaadi de Tétouan, recherche des ouvrages introuvables dans sa ville. «J'ai pris la route pour chercher des références et des ouvrages juridiques et religieux. Je trouve les prix à la portée de tout le monde. D'ailleurs, il y a une diversité de livres au goût de tous. Au-delà des études, je suis également venu chercher des livres et des romans de culture générale. Ce salon nous offre surtout l'opportunité de rencontrer les écrivains», poursuit-il. Sofia, étudiante en master, venue de Fès, recherche les livres pour son projet de recherche. «Il y'a une diversité au niveau des ouvrages des différentes maisons d'éditions d'ici et d'ailleurs». Son amie, Zakia, qui poursuit ses études en licence, est venue également chercher des livres en études islamiques. «Je trouve les prix des livres à la portée de tous les étudiants». Le SIEL c'est surtout le rendez-vous des éditeurs et distributeurs de différents pays. Hassan Moukmir, éditeur et distributeur installé en Allemand, est quant à lui à la recherche de nouveaux marchés. «Je suis venu jeter un œil sur les nouveautés de ce salon international. Le salon est une plateforme pour échanger les idées et les expériences avec les autres éditeurs du monde». Quant au poète et journaliste Mohamed Belmou, c'est l'occasion non seulement de couvrir l'évènement, mais également d'acheter des livres pour ses enfants, chercher de nouvelles publications en poésie, sociologie et philosophie. L'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) a commémoré mercredi 10 février, le 13e anniversaire de l'officialisation de la graphie tifinaghe sous le thème «participons à la célébration de l'officialisation du tifinagh». L'occasion de dresser le bilan de cet alphabet dans le paysage linguistique national et international. Cette année, le désormais rendez-vous de l'institution a été célébré dans un contexte où le débat sur les lois organiques relatives à la mise en œuvre de l'officialisation de la langue amazighe et sur la création du Conseil National des Langues et de la Culture Marocaine bat son plein. «Nous fêtons le caractère Tifinagh depuis 13 ans. Chaque année est une opportunité de faire connaitre ce caractère et essayer de dresser le bilan de toutes les actions menées pour promouvoir cette graphie», nous indique Ahmed Boukous, recteur de l'IRCAM. Et d'ajouter : «la célébration de cet événement est une occasion qui nous permet de réunir un certain nombre de chercheurs de l'IRCAM et des représentants de l'UNESCO». La rencontre autour de l'alphabet tifinagh était une occasion de revenir sur l'histoire et le processus d'évolution de cette graphie et de trouver de nouvelles pratiques pour la développer. «Le tifinagh est l'un des plus anciens alphabets de l'humanité. C'est un indice de la profondeur de la civilisation amazighe», a souligné le recteur. C'est un alphabet qui a été utilisé durant la haute antiquité par les dynasties dominantes de l'époque. C'est également un alphabet qui a une caractéristique essentielle qui lui permet de transcrire avec beaucoup de facilité la langue amazighe. «Le tifinagh est un alphabet qui a acquis sa légitimité politique grâce à sa reconnaissance par Sa majesté le Roi, les institutions internationales et évidemment, tout le mouvement culturel amazigh, la société civile, les intellectuels. «Le tifinagh est plus qu'un alphabet», a souligné Michael Millward, représentant de l'UNESCO au Maroc, à Al Bayane. Le représentant de l'organisation onusienne a déclaré que l'institution suit avec intérêt les efforts déployés par l'IRCAM en vue de la reconnaissance du tifinagh au niveau international. Traduire ce n'est pas forcément trahir. De nos jours, la diversité culturelle et linguistique doit être transmise à toutes les langues du monde, tout en gardant l'essence du sens de chaque culture. En effet, «la traduction à la langue amazighe, des expériences et questions» est le thème d'une conférence organisée le dimanche 14 février par l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) en marge de ses activités au Salon de l'Edition et du Livre (SIEL). Il va sans dire que la traduction joue un rôle prépondérant en matière de dialogue interculturel et d'enrichissement des cultures et des langues des peuples. «La traduction est un exercice consistant à préserver les sources, les références, ainsi que la maîtrise de la langue », souligne Jihadi Houcine. La langue amazighe, a-t-il dit, est une langue authentique et ancienne dans la terre Tamazgha, dont alphabet est le tifinagh. Cette langue, explique-t-il, a les normes et les bases d'une langue vivante, dans la poésie comme dans la prose. Pour lui, il ne faut pas se limiter uniquement à une seule langue pour la communication et l'intégration dans tous les domaines, y compris culturels, politiques et sociaux. Dans ce cadre, l'officialisation de la langue amazighe dans la Constitution de 2011 constitue une reconnaissance de cette langue dans les domaines, entre autres, religieux, souligne-t-il. Par ailleurs, la traduction dans le domaine de l'amazighité exige, précise le chercheur, une connaissance minutieuse des concepts. C'est un champ, poursuit-il, dont on ne pouvait accéder facilement aux références et sources. Néanmoins, la traduction dans le champ religieux a notamment enrichit la transmission du sens du Coran et les concepts religieux de la langue amazighe, conclut il. Le chercheur Mohamed Laadimat, lui, a, dans son intervention, mis l'accent sur la traduction institutionnelle, notamment les efforts déployés par l'IRCAM en la matière. L'institut a fait des recherches dans le domaine de la traduction et des sciences et des médias. Cet intérêt accordé à la traduction amazighe s'inscrit, selon lui, dans la promotion de la langue et de la culture amazighes, ainsi que l'intégration de l'amazighité dans le champ médiatique national. «L'institut compte à son actif plusieurs traductions d'ouvrages ainsi que des travaux sur des domaines divers, notamment avec les institutions et autres associations... Après l'officialisation de la langue amazighe, les demandes de traduction se sont multipliées», a-t-il indiqué.