Le tifinaghe constitue un acquis "très important mais aussi une fierté et un patrimoine commun à tous les Marocains sans exception", a fait observer le recteur de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), Ahmed Boukous. S'exprimant à l'ouverture d'une journée d'étude, mardi à Rabat, sous le thème "la graphie tifinaghe : une décennie de recherche, de promotion et de diffusion", M. Boukous a appelé à la mise en œuvre de l'article 5 de la Constitution consistant à l'élaboration d'une loi organique définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique. Pour sa part, le chercheur au Centre des études informatiques et des systèmes d'information et de communication de l'IRCAM, Ait Ouguengay Youssef, a relevé que l'utilisation de l'amazighe dans les documents numériques ne pose pas de problème, notant que les conditions sont propices pour encourager le passage de la culture amazighe, restant longtemps de nature orale majoritairement, de l'oral à l'écrit et aux autres supports de communications et d'information technologiques. Il a, de même, exposé les différentes recherches, menées depuis 2003, sur le développement du support de l'utilisation de tifinaghe sur les ordinateurs, ajoutant que plusieurs fabricants internationaux ont produit et intégré des fontes tifinaghe dans les noyaux des différents systèmes d'exploitation, ce qui a abouti à l'intégration technologique du tifinaghe dans les Smartphones, les moteurs de recherche et les navigateurs web, outre son utilisation sur les réseaux sociaux et dans les applications web. Le chercheur a, également, plaidé pour l'utilisation numérique du tifinaghe à travers l'encouragement de la traduction comme base de développement de la technologie usuelle, scientifique et technique et la promotion des ateliers artistiques et calligraphiques sur le tifinaghe. Quant à Nora Lazrak, du Centre de l'aménagement linguistique de l'IRCAM, elle s'est félicitée de l'implantation de l'alphabet tifinaghe sur les façades des institutions publiques notant, toutefois, que cette opération enregistre plusieurs disfonctionnements en termes de fautes d'orthographe et de syntaxe d'où la nécessité de charger l'IRCAM de cette tâche. Depuis l'approbation royale, le 10 février 2003, de la graphie tifinagh comme caractère officiel de l'écriture tifinaghe et l'homologation internationale en 2004 de ce caractère par le moyen des normes ISO/Unicode et son intégration dans le système d'exploitation Windows 8, d'intenses activités ont marqué la décennie écoulée, jalonnée par des activités qui ont eu un impact important dans différents domaines liés à la recherche et au développement, souligne l'IRCAM dans un document rendu public lors de cette journée d'étude.