Le programme villes sans bidonvilles a porté ses fruits. C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par le ministère de l'habitat en collaboration avec l'ONU Femmes auprès de 5851 ménages bénéficiaires du programme et dont les résultats ont été présentés hier à Rabat. «Tous les indicateurs à l'exception de celui sur l'accès des femmes à la propriété sont positifs. Ce qui démontre de l'impact positif de ce programme sur les conditions de vie des bénéficiaires», s'est réjoui Nabil Benabdellah, ministre de l'Habitat et de la politique de la ville. Leila Rhiwi, représentante de l'ONU-Femmes, confirme ce constat. «Les résultats très positifs de cette enquête attestent de l'amélioration des conditions de vie des ménages bénéficiaires du programme», a-t-elle dit. Dans le détail, 97,5% des ménages sondés ont affiché un sentiment de stabilité dans leurs nouveaux logements. Ce chiffre suffit à lui seul pour faire taire les mauvaises langues, qui «qualifient ce type de logements de boites à béton et dénoncent la qualité des infrastructures», comme l'a souligné le ministre. D'ailleurs, l'enquête relève une amélioration en matière d'accès aux équipements de base. Ainsi, le taux de raccordement au réseau d'eau potable a atteint 85,5%. Ce ratio est de 93,4% pour l'électricité et de 92,8% pour l'assainissement liquide. De même, 92,7% des ménages bénéficient du service de collecte des ordures. Globalement, le degré de satisfaction par rapport à ces équipements et services de base est élevé. Il est de 72,5% pour l'accès à l'eau potable et de 72,5% pour le service de collecte des déchets ménagers. Nabil Benabdellah a cité d'autres indicateurs qui témoignent de l'impact positif de la politique de relogement des bidonvillois. Ainsi, 84% des bénéficiaires ont exprimé leur satisfaction quant à l'emplacement du site du projet de recasement ou de logement. Sur ce point, le ministre a avancé que contrairement à une idée reçue, «les bénéficiaires du programme ne souffrent pas de l'éloignement des endroits vitaux de la ville. «La plupart des projets ont été réalisés dans des zones situées entre 15 à 20 km au maximum du centre-ville». Une distance que le ministre qualifie de «raisonnable, surtout dans un contexte d'expansion urbaine». Néanmoins, «48,2% des ménages ne sont pas satisfaits quant à la durée d'exécution du projet. Mais ils restent nombreux à avoir exprimer leur satisfaction à l'égard de leur voisinage. Sur ce registre, le ministre n'a pas manqué de démentir les rumeurs selon lesquelles les zones abritant les bénéficiaires du programmes villes sans bidonvilles constituent un berceau du crime. L'enquête du ministère fait également ressortir une baisse de la pauvreté. En effet, les ménages sondés ont enregistré une baisse de la pauvreté par rapport à la situation où ils vivaient dans les bidonvilles passant de 48,7% à 28,3%. Mieux encore, le taux de chômage a également baissé, passant de 23,3% à 23,5%. Une légère amélioration certes, «mais qui reste louable dans un contexte où le pays peine à réduire le chômage», a affirmé le ministre. D'autres avancées ont été enregistrées en matière d'éducation et de formation professionnelle. Le taux de fréquentation de l'école ou d'un centre de formation professionnelle dépasse 96% chez les enfants et jeunes de 5 à 14 ans. Sachant que la distance moyenne à ces établissements est maintenue à près de 1,8 km. L'impact du programme est également visible en matière d'accès aux soins. En effet, l'incidence des maladies s'est établie à 4,1% contre 5,7%. De même, le recours aux établissements de santé pour consultation a doublé, passant notamment de 32,5% à 64,8%. L'enquête relève aussi une nette amélioration en termes d'accès à la propriété. En effet, le taux de ménages propriétaires de leurs logements a doublé pour atteindre 92,5% contre 44,4%. Toutefois, un indicateur entache le tableau. Il s'agit de l'accès à la propriété qui demeure plus difficile pour les femmes que les hommes comme le démontrent les statistiques de cette enquête. Ce qui n'est pas sans inquiéter le département de l'Habitat. Le ministre craint que cette inégalité qu'il explique par la persistance des coutumes ne soit un frein à la réussite du programme. A noter que le programme ville sans bidonville, qui a mobilisé une enveloppe de 32 milliards de DH depuis son lancement en 2004, a permis à 55 villes d'être déclarées sans bidonvilles à fin décembre 2015. Il reste donc 30 villes à assainir.