Les habitations menaçant ruine et l'habitat insalubre de manière générale préoccupent de plus en plus ministère et pouvoirs locaux. Des chiffres ont été récemment communiqués sur l'ampleur du phénomène, tandis qu'un peu plus de la moitié des bidonvilles ciblés par l'éradication l'ont été réellement. Récemment, le ministre de l'Habitat, Nabil Benabdellah a parlé de 200.000 ménages dont le quotidien a été amélioré grâce au relogement. C'est justement la question qui se pose. Ces relogés vivent-ils vraiment mieux après leur transfert dans des habitations plus décentes ? La réponse n'est pas évidente et la satisfaction n'est pas automatique. L'on continue toujours de critiquer le manque voire l'absence de politique d'inclusion de ces ménages, qui sont généralement relogés loin des centres urbains où ils travaillent. Pour y voir plus clair, le département de Benabdellah s'apprête à lancer une enquête nationale pour l'évaluation des impacts des programmes de lutte contre l'habitat insalubre sur les conditions de vie des ménages. Il s'agit d'une action qui entre dans le cadre de la coopération avec le Fonds des Nations-Unies pour le développement de la femme (ONU-Femmes). L'enquête veut mesurer l'impact des programmes de lutte contre l'habitat insalubre, notamment les bidonvilles et ce qu'on appelle les quartiers non réglementaires, sur les conditions de vie des ménages. Il s'agit de mieux connaître les caractéristiques socioéconomiques et démographiques de la population cible par rapport à l'espace de vie d'origine dans le monde rural. Ensuite, l'enquête sondera les niveaux d'accès de ces ménages aux équipements sociaux, à la propriété et aux ressources de manière générale. L'idée in fine est d'éviter les solutions d'urgence qui s'avèrent non viables au moyen et long termes. Sachant qu'aujourd'hui encore le Maroc ne dispose par de villes aux standards mondiaux, il faut être encore plus vigilant à l'avenir avec les programmes de relogement pour éviter la ghettoïsation. À travers cette enquête, le ministère veut avoir des indicateurs d'aide à la décision en matière d'ajustement et d'orientation des programmes de lutte contre l'habitat insalubre. L'échantillon est significatif, puisqu'il porte sur 6.000 unités, dont 43% sont des ménages témoins et le reste des bénéficiaires. L'objectif, par ailleurs, est de connaître les effets différenciés des programmes de prévention, de résorption et de réhabilitation sur les conditions de vie et sur la pauvreté de ces ménages. Le ministère a du pain sur la planche et peu de temps pour cerner une problématique multiple. L'urgence a particulièrement trait à l'objectif, annoncé par Benabdellah, de déclarer 13 villes sans bidonville vers fin 2013. En tout cas, le ministre a maintes fois reconnu la complexité de la démarche. Les programmes de relogement se traitent souvent au cas par cas. Cela complique davantage la concrétisation d'une politique homogène en matière de réhabilitation urbaine.