Dans le cadre du programme "Villes sans bidonvilles" (VSB), 34.000 ménages seront relogés. Jusqu'à présent, 47 villes sur 85 ont été déclarées sans bidonvilles, a fait savoir Nabil Benabdellah, lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers. Ce dernier avait également fait savoir que les conditions de vie de plus de 200 000 ménages se sont améliorées, soit 56% des familles ciblées. Le retard observé dans la réalisation du programme VSB trouve son origine dans l'hétérogénéité des villes : « L'état d'avancement du programme diffère d'une ville à l'autre, selon la dimension du quartier et la densité de la population », dit le ministre de tutelle. À en croire le rapport de l'ONU Habitat datant de 2011, les retards les plus significatifs concernent « Casablanca, Rabat, Témara, Salé, Marrakech et Larache pour lesquelles on doit redoubler d'efforts pour lever les contraintes qui subsistent et réaliser les objectifs du programme » signale ledit rapport. L'éradication des habitats insalubres, en plus de l'amélioration de l'environnement, rehausse le niveau de vie des familles concernées. Dans cet objectif, le ministère en charge du programme VSB a distingué deux types d'intervention. Le premier lot regroupe 23 projets intégrés nécessitant une enveloppe budgétaire de 9 milliards DH. Ces projets de requalification urbaine sont au nombre de 16, alors que quatre sont destinés à la réhabilitation des anciennes médinas et trois portent sur le développement de nouveaux pôles urbains intégrés. Le deuxième lot est quant à lui constitué de 20 projets au niveau local qui fera l'objet de contractualisation durant l'année en cours. Dans son rapport déjà cité plus haut, l'ONU Habitat note que « la mobilisation du foncier public (plus de 8 000 ha à ce jour), malgré sa répartition géographique inégale, a contribué à accroître l'offre sociale à travers des lotissements et de grandes opérations d'aménagement foncier (ZUN, pôles urbains et Villes nouvelles) et sert également de supports à de nombreuses opérations du programme VSB ». La même source a souligné l'implication du système bancaire dans l'éradication des bidonvilles. Pour cette instance, les faits les plus saillants de la politique suivie se résument comme suit : Une grande dynamique de promotion immobilière entre 2002 et 2010 avec des effets d'entraînement importants sur plusieurs secteurs d'activités économiques et sur l'emploi, l'encours des crédits immobiliers est passé de moins 15% des crédits à l'économie avant 2003 à plus de 25%, le rythme de production de l'habitat social est passé de 40 000 unités avant 2003 à près de 100 000 unités par an ces dernières années. Ces considérations ont mené l'ONU à conclure que « Si le Maroc a acquis depuis des décennies des expériences pratiques dans la résorption de l'habitat insalubre, la première phase du programme VSB a montré les limites de certaines expériences, mais également de bonnes pratiques, adaptées au contexte particulier des bidonvilles dont certains datent de plusieurs décennies (notamment, dans les grandes villes) ou dont les occupants, plus informés sur leur droit au logement, sont de plus en plus revendicatifs ». À l'effet de connaître l'impact du relogement sur les ménages, le gouvernement en partenariat avec l'ONU vient de lancer une enquête auprès des familles concernées. Cette enquête concernera un échantillon de 6 000 ménages dont 43% (environ 2 600 ménages témoins) et 57% (environ 3 400 ménages bénéficiaires). Il est attendu de cette démarche la production d'un ensemble d'indicateurs d'aide à la décision en matière d'ajustement et d'orientation des programmes de lutte contre l'habitat insalubre sensible. Ces résultats serviront également à la création d'une base de données pour évaluer les politiques de prévention, de résorption et de réhabilitation de l'habitat. La croissance démographique des ménages dans les bidonvilles est estimée à environ 12 000 ménages par an. Le rythme de résorption qui ne dépassait guère les 5 000 baraques par an avant le lancement du programme VSB est passé à plus de 25 000 baraques par an depuis son lancement. Le poids démographique des bidonvilles par rapport à la population urbaine qui était de l'ordre de 8% en 2004 n'est plus que de moins de 4% six années après le lancement du programme. (Source ONU Habitat) www.lematin.ma