- Le projet réalisé à hauteur de 55% - Encore 5.400 baraques à éradiquer - Les autorités multiplient les opérations «coup de poing» «Villes sans bidonvilles à l'horizon 2007». Le challenge lancé à Agadir fin 2004 par les acteurs locaux et le département de l'Habitat n'a pas été relevé. «De fait, le taux de réalisation du programme est de 55%», avance une source proche du dossier. Quatre poches d'habitat non intégré restent à éradiquer. Mais la tâche n'est pas facile. Plus de 5.400 baraques y sont dressées, abritant des milliers de familles. En 2004, le recensement affichait 12.283 bicoques réparties sur 45 sites. Actuellement, les bidonvilles encore existants se trouvent essentiellement dans le quartier Lakhiam. Là, quelque 830 maisons de fortune composent le bidonville Gouira. Un baraquement né du laisser-aller des politiciens locaux, il y a quelques années. Dans le programme de résorption de l'habitat insalubre, Gouira est le seul site pour lequel le recasement des ménages est prévu sur place. Pour l'heure, les travaux de lotissement du terrain devraient démarrer sous peu après la délivrance des autorisations. Il faudra donc près d'une année encore pour que les lots soient livrés aux bénéficiaires. En attendant, peut-être, d'autres baraques auront poussé… Non loin de la décharge publique, plus de 920 baraques sont également appelées à être détruites. Leurs habitants doivent être relogés dans un lotissement en cours de finalisation au quartier Adrar. Pour ce qui est du bidonville du quartier Jihadia dans la commune de Dcheira, 150 baraques sont aussi visées par le programme d'éradication. Les familles seront déplacées dans la commune de Tikouine dans le cadre de l'opération El Hajeb. Pour le moment, le foncier, soit un terrain collectif dédié au projet, est en cours d'acquisition. Le plus gros bidonville se trouve à Anza, dans la périphérie d'Agadir. Là, plus de 3.500 baraques devraient bientôt disparaître. En effet, le quartier Anza Oulya est prêt pour recevoir depuis longtemps les ménages en question. La route menant au site a été réaménagée et une deuxième voie d'accès sera finalisée dans environ deux mois. Mais les bénéficiaires ne se pressent pourtant pas à intégrer le site. Jusqu'à présent, plus de 400 logements ont été évacuées et détruites. Les autres familles continuent à s'opposer à leur transfert. Plus de 20.000 personnes sont concernées, soit près de 5% de la population d'Agadir. La plupart d'entre elles ne sont pas pressées de quitter les lieux car elles y bénéficient d'avantages qu'elles ne trouveront nulle part ailleurs. Elles disposent en effet depuis des années de l'eau et de l'électricité à titre gratuit. Une faveur accordée par d'anciens élus. En clair, elles ne veulent pas perdre leurs acquis. En tout cas, les autorités n'ont pas l'intention de se laisser déborder par ce phénomène. Aussi multiplient-elles les opérations coups de poing et, régulièrement, les engins rasent les maisons insalubres. Les opérations sont encadrées par les forces de l'ordre afin d'éviter tout débordement. Mais une chose est sûre, le temps joue contre le programme Villes sans bidonvilles. En effet, il s'agit de préparer les logements pour y recaser les bidonvillois. Seulement, les chantiers prennent du retard et, avant que les clés des appartements ne soient remises, d'autres baraques de fortune ont eu le temps de voir le jour. Et de partout, on tire la sonnette d'alarme pour juguler l'exode rural qui s'intensifie avec le temps.