Verdicts controversés ! Après de longues palabres ayant suscité de vives réactions au sein de la communauté du Souss, les sentences de la première instance sont enfin tombées comme un couperet. Une cinquantaine de présumés «impliqués» dans des opérations illicites relatives aux diverses constructions à caractère résidentiel ou commercial ont nu leurs jugements osciller entre acquittement et condamnation. Tout en respectant, par principe, tous les verdicts émanant des juridictions, on relèvera, non sans perplexité, des écarts hallucinants. Tout d'abord, il conviendrait de rappeler le contexte bouillonnant dans lequel se sont déroulées les inculpations, suite à la ruée vers les constructions anarchiques, en pleine effervescence printanière de 2011. Pour désamorcer cet entrain émeutier, qui émaillait cette période mouvementée, les pouvoirs publics procédaient, de prime abord, par passivité démesurée. Cette approche sécuritaire ne faisait alors qu'attiser de plus belle cette débandade, en termes d'occupation du domaine public pour fonder des logements ou exercer du commercer ambulant. Une fois les choses devenues plus claires et opportunes, les services d'ordre avaient réagi de façon musclée, en procédant, sans pitié, à la démolition de milliers de constructions jugées attentatoires aux normes et procédures appropriées et en chassant, sans merci, les marchands virtuels ayant envahi les chaussées et les terrains vagues. Le retour en force de l'autorité, au lendemain de «l'éclaircie», a également mis en cause aussi bien ses agents dont certains ont été limogés illico, notamment le chef de la Division des affaires intérieures (DAI), que les conseillers communaux, considérés comme les maillons faibles dans ce ratissage. Cette répression d'envergure a permis au wali sortant de devenir un «héros» de la lutte contre la dépravation dans cette zone transformée, du jour au lendemain, en décombres désolantes. Ragaillardi par ce «succès» tombé du ciel, il n'hésita guère à expédier au diable, par le truchement de rapports compromettants, nombre de responsables de communes pour «falsification» de documents administratifs et «incitation» à l'anarchie urbanistique. Face à ces péripéties rocambolesques, on s'accordera à dire que le récent procès revêt un aspect plutôt politique et, en conséquence, manque de traitement strictement judiciaire. Car, comment peut-on concevoir la mise en vrac de tous les «complices» du dérapage dans le même sac, sans distinction du bon grain de l'ivraie ? On est donc tenté d'avancer que ces verdicts, entachés d'approximation flagrante, sont, en fin de compte, dépourvus d'équité et de bon sens. On déplorera, à ce propos, le fait d'avoir «acquitté» des agents d'autorité, impliqués jusqu'au cou dans de louches constructions, en particulier à Aghroud, du côté de la commune rurale de Tamri, à une quarantaine de kilomètres au nord du littoral d'Agadir. En revanche, on s'évertua à condamner des responsables communaux, connus dans toute la région pour leur probité, leur sobriété et leur attachement aux dispositions en vigueur. Certainement, pour des calculs politiciens sordides ! Il va donc falloir rectifier le tir pour crédibiliser et légitimer ces mesures.