Jusqu'à présent, le bilan des démolitions dans multiples points de la préfecture d'Agadir Ida Outanane aura dépassé 4500 constructions jugées anarchiques ou érigées sur le domaine public. Les autorités locales auront donc accompli l'une des actions les plus fracassantes dans les annales de l'épuration de l'espace urbanistique. D'autant plus que cette mesure, aussi audacieuse que laborieuse, a constitué, sans aucun conteste, de modèle pour d'autres régions du royaume. Loin d'être terminée, cette campagne d'assainissement se poursuit sans relâche. Nombre d'habitations illégales connaitront le même sort, dans le proche avenir, notamment à la commune de Drarga où les destructions ont été momentanément interrompues, suite aux accrochages perpétrés entre les populations et les forces de l'ordre. On s'attendra à plus de 1800 démolitions dans ces patelins inondés d'attitudes contrevenantes. Déjà, il y a un peu moins d'un an, en pleines convulsions du printemps arabe et à l'apogée des secouements internes pré-constitutionnels, des tentations de libération de domaine public ont été « osées », particulièrement à Aghroud et Drarga. Mais, la résistance était farouche, à l'image de ces récidivistes qui, après des pourparlers vains, ponctués par ces destructions, se sont payé le luxe de reconstruire les habitations illicites avec une telle arrogance qu'ils ont frayé le chemin pour d'autres constructions infractionnelles. La conjoncture générale s'étant apaisée, cette besogne, entamée au début, il est vrai, avec une certaine tergiversation, a repris actuellement avec beaucoup plus de verve et de ténacité. Pour ce faire, il aura fallu, au côté de la détermination hargneuse, la mobilisation d'une logistique matérielle colossale, avec des dizaines de bulldozers et des centaines de véhicules, sans parler de milliers d'agents des services d'ordre, toutes catégories confondues. Une opération d'envergure qui sillonne, depuis pas plus de deux mois, jour pour jour, les lieux présumés entachés d'irrégularités urbanistique et domaniale. De concert, les services judiciaires s'attellent à des ouvrages inhérents à la validation des opérations de démolition et, surtout, à l'inculpation des auteurs de cette anarchie, au niveau de la falsification des contrats de vente, de la légalisation illicite des documents d'acquisition, de la profusion des agissements urbanistiques non réglementaires…En parallèle, pareillement, il a été procédé à une louable initiative de communication et de concertation, en présence de tous les intervenants, y compris les organismes étatiques concernés et les représentants associatifs des victimes non pas de la destruction, mais de la manipulation des spéculateurs et des mafieux de l'urbanisme, à travers tous les endroits ciblés, en particulier Aghroud, près de la commune rurale de Tamri, Tamaouenza et Aourir, les piémonts composés de pas moins de cinq gros douars, Imounsis du côté du grand stade d'Agadir, de Drarga… Au cours de ces rencontres d'information et d'échange, il a été également suggéré des mesures de recasement des victimes suivant des procédures marquées par la souplesse et la restitution et, d'autre part, d'aménagement des sites frappés par la débandade. Cette approche inclusive et superposée est de nature à sensibiliser aussi les citoyens sur l'inéluctabilité des démolitions des habitations illégales et la fonctionalité des alternatives possibles et idoines, à prioriser les idéaux du civisme et de la suprématie des lois en vigueur et à refonder ensemble une nouvelle politique de la ville reposant sur les fondements de la civilité et de l'ordre. En conséquence, avec cette synergie pédagogique, les autorités sont en passe non seulement de libérer la ville et ses environs du joug de l'anarchie et de l'accaparement, par des démarches qui peuvent paraitre, en fait; drastiques et inhumaines, mais également et surtout de tisser, dans la concorde et la conviction, des toiles de citoyenneté, tout en évitant à la cité du Souss, fleuron du tourisme attractif et joyau de l'économie propre, de se cantonner indéfiniment dans le carcan d'otage au profit de la mafia du foncier. Seules les valeurs de l'éthique et de l'équité puissent donner à ce potentiel agissant le punch escompté, dans le berceau du respect de la loi, sans restriction ni complaisance. Les autorités qui, jadis, se mouillaient dans des manœuvres urbanistiques ignobles, en complicité abjecte avec les élus, et, en conséquence, ne pouvaient agir dans le sens de la démocratie et de la justice, semblent aujourd'hui renoncer à ces pratiques et redorer son blason digne et respectueux, allant dans le sillage du Maroc moderne et progressif. C'est le mérite de tous ceux qui , maintenant à Agadir, mènent une campagne sans répit contre la dépravation urbanistique. L'Histoire leur en sera très reconnaissante.