A voir ces images désolantes, on croirait bien s'identifier au séisme de 1960 d'Agadir, à quelques jours de la commémoration du 52ème anniversaire de cet événement funeste (29 février dernier). Non, il ne s'agit pas de tremblement de terre, mais bel et bien, des opérations de démolition qui se sont poursuivies, samedi dernier, dans le site de Tamaouenza, à une dizaine de kilomètres au nord d'Agadir. En fait, de bonheur et sous une surveillance renforcée des forces publiques, les engins ont encore frappé fort. Plus de 300 constructions ont été transformées en décombres, sous les yeux impuissants des citoyens qui ne réagissaient pas. Il faut bien dire que les lieux où se déroulaient ces opérations étaient totalement cernés par des services d'ordre qui empêchaient les gens de s'approcher des parages. Pas moins de 38 véhicules bondés de forces auxiliaires et de gardes mobiles, 28 voitures de la gendarmerie royale et un nombre impressionnant de camions des forces armées royales ont jalonné ces endroits sinistrés. Les populations dont les habitations sont récemment construites d'une manière anarchique, ne pouvaient pas riposter devant l'évidence qui s'opérait autour d'eux. Ils se contentaient d'exprimer leur regret et leur tristesse par rapport à ce qui leur arrivait, considéré comme une véritable calamité naturelle, causant de terribles dégâts. En effet, leurs pertes se chiffrent à des millions de dirhams qui s'envolent en l'air comme de la fumée, alors qu'ils espéraient s'y installer ou en bénéficier davantage, au regard de la splendeur de ce coin au bord de la mer. Ce rêve est devenu un mirage, pour la plupart de ces «victimes», ayant toujours cru que le laxisme allait perdurer. De sources concordantes, on croit savoir que les opérations de destruction devaient se poursuivre hier dimanche, afin d'en finir complètement avec toutes les constructions jugées non autorisées et attentatoires au domaine public, dans cette zone très prisée, sous les mêmes conditions sécuritaires, de crainte que les colères des populations ne se transformations en actes vindicatifs de dérapage populaire. Par ailleurs, on reviendra sur cette histoire de la fameuse Société Nationale de l'Aménagement de la Baie d'Agadir (SONABA), baptisée actuellement Société Marocaine de l'Ingénierie Touristique (SMIT) qui s'est accaparée des terrains le long du littoral d'Agadir pour la réalisation de complexes hôteliers de haut standing. Environs 590 hectares à Aghroud, dans la commune rurale de Tamri, à moins de cinquante kilomètres au nord de la capitale du Souss, «confisqués» aux ayant droits, depuis 1976, sans conclusion légale de procédure d'expropriation ni indemnisation. Après plus de 36 ans, aucun projet touristique n'a été érigé sur ces superficies alléchantes, devenues, bien naturellement, propriété foncière de la SONABA puis la SMIT, alors que les populations à qui on a «arbitrairement» arraché ces terres, considéraient, depuis des lustres, ces biens comme leur patrimoine ancestral et comme le moyen de vie vital. Même chose pour Tamaouenza que la société en question devait exploiter pour des fins « d'intérêt général ». Une usurpation des plus déconcertantes, si l'on sait que cette injustice qui a longtemps marqué ces régions a contribué, directement à cette anarchie urbanistique, car, privés de leurs terres accaparées, les citoyens n'ont plus d'autres solutions pour subsister que de se lancer dans des actes non réglementaires. Bien évidemment, on ne pourra mettre dans le même sac ces populations qui ne cherchent qu'à se stabiliser et assouvir leurs besoins et ces spéculateurs et mafieux fonciers qui ne cherchent, quant à eux, qu'à piéger les victimes et s'enrichir à leurs dépens. Il va donc falloir trouver des solutions dans les meilleurs délais à cette problématique de la société étatique relevant du département de tourisme dont ces dossiers ne sont pas encore assainis, pour restituer les droits légitimes des citoyens de ces régions, spoliées illégalement, depuis des décennies. Bien entendu, on ne peut tolérer l'occupation des domaines publics maritime, terrestre et maritime dont les effets sont aujourd'hui sanctionnés sévèrement par les démolitions «légales» pour les libérer. Mais, on ne peut non plus tolérer que l'Etat exécute actuellement ces procès cruels à l'encontre des populations contrevenantes, alors qu'il continue à leur confisquer tyranniquement des centaines d'hectares de terrains, des années durant. Une dichotomie des plus controversées.