La vague de démolition des constructions illégales continue à inonder tous les coins de la ville et les environs. Les engins de démolitions vrombissent dans tous les sens. C'est une véritable aubaine pour les propriétaires de ces monstres qui se frottent les mains et doivent en psalmodier des louanges. Les opérations s'accomplissent sans hésitation, après avoir réglé toutes les mesures administratives et judiciaires antérieures. Toutes les parties concernées s'y mettent avec la promptitude et la lucidité requises. Auparavant, les populations cibles dont les constructions présentaient des irrégularités urbanistiques et domaniales, faisaient face à cette campagne en s'en prenant farouchement aux agents des services publics. Actuellement, il semble bien que les victimes commencent à se rendre à l'évidence, devant l'intransigeance des décisions prises à leur encontre. Certaines même se pressent à décrocher tous les objets de leurs habitations illicites avant que les bulldozers ne viennent broyer lourdement les constructions sans demander leur reste. Mercredi dernier, on s'est attaqué encore une fois au douar Imonsis à proximité du nouveau stade d'Agadir, dans les piémonts. Les abattements se sont poursuivis hier jeudi sans relâche pour « descendre » plus de 500 maisons, bâties illégalement. On s'attendra très probablement à une imminente ruée vers la commune rurale de Drarga, à une dizaine de kilomètres au nord-est d'Agadir. Dans cette localité, les destructions prendraient tout le temps nécessaire pour accomplir l'une des opérations les plus ardues de la préfecture. En effet, cette commune a constitué, depuis longtemps, une espèce de « dortoir » pour des milliers de travailleurs dans les fabriques et les entreprises de la métropole. Une bonne partie des ouvriers provient des deux ports de pêche et de commerce qui, à eux seuls, absorbent des contingents incalculables de la main d'œuvre. Très rapidement, toutes ces masses humaines, des démunies pour la plupart, s'ingénient à trouver abri dans la banlieue où la procuration du terrain et la construction anarchique se font à bon marché. Ces refuges prenaient alors des dimensions galopantes au fil du temps, en dépit de la création de certains lotissements et de projets structurants pour tenter de donner à cette zone périurbaine les conditions idoines de l'urbanité. Le phénomène se propageait à des cadences soutenues, au point de transformer la commune en une hybridité déconcertante. Lors d'une précédente tentative de contrecarrer cette déviation périlleuse, les citoyens n'on pas hésité à saccager la caïdat de Drarga. Malgré les arrestations parmi les manifestants, les habitants étaient prêts à riposter et les spéculateurs du foncier accéléraient leur besogne infractionnelle dans tous les coins de la commune. Le marché de la construction va bon train : les matériaux se vendent comme des petits pains et la main d'œuvre s'active et devient rare et onéreuse. Actuellement, après les communes d'Aourir et Tamri, les piémonts dont les opérations d'assainissement sont devenues usuelles, l'heure de la commune de Drarga a sonné. Ce seront, sans doute, un renfort d'agents des forces publiques, toutes composantes confondues, qui prendront d'assaut cette zone maculée de constructions anarchiques. Plus de 1704 habitations illicites seront incessamment détruites, selon des sources concordantes dans cette région qui s'apprête aussi à connaitre, sans exclusive, le même sort de leurs homologues du littoral. Toutes ces opérations vont se dérouler dans le même rythme, avec une réelle volonté de faire, mais également, sans nul doute, une minutie de se conformer aux règles des procédures de destructions auxquelles les autorités administratives et judiciaires tiennent tant. Pendant ce temps, la commission centrale d'enquête dépêchée sur les lieux, il y a quelques jours, poursuit son bonhomme de chemin afin de dévoiler, dans la transparence comme convenu, les responsables directs de ces imposteurs qui vilipendent l'Institution marocaine. Toute la vérité, rien que la vérité devra couronner ces investigations sans épargner les «intouchables» ni les «seigneurs». Ce serait, tout de même, une consolation pour toutes les victimes qui paient aujourd'hui les pots cassés des machinations de la mafia du foncier.