La machine de la destruction ne s'arrête point de réduire à néant des centaines d'habitations et de locaux de commerce en un temps record, dans tous les coins de la capitale du Souss.Après les opérations de démolition qui ont émaillé sans répit le site d'Aghroud dans la commune rurale de Tamri, à quelques cinquante kilomètres d'Agadir, les bulldozers se sont rabattus sur les piémonts d'Agadir et plus exactement Ighil Ouderdour, à proximité du Hay Mohammadi. Cette énorme entreprise a nécessité des centaines d'agents des forces publiques qui ont assiégé d'une manière hermétique tous les accès de cette zone surpeuplée à hauteur de plus de six milliers de foyers, toutes unités confondues. La majorité écrasante de ces constructions est, malheureusement, érigée sans plan, ni autorisation et, pis encore, plantée sur le domaine public forestier. La campagne de démolition a donc débuté tôt mercredi dernier et s'est poursuivie sans relâche, le lendemain jeudi. Plus d'un millier de constructions illicites s'est affaissé sous le martèlement lourd des engins rugissants. Les services d'ordre en état d'alerte extrême veillent au grain tout auteur, alors que les populations, fort affectées suivent avec désolation les dégâts. «Pourquoi n'a-t-on pas interdit les construction, bien avant ?», s'écriait une victime impuissante. « Quel gâchis ! Ce sont des milliards qui s'envolent en l'air», enchaine une autre. «Où allons-nous maintenant, nous qui avons fait des crédits et vendu tous nos biens pour monter nos maisons ? », gémit une vieille en larmes. « Que les agents de l'autorité nous rendent l'argent que nous leur avons enfilé et les élus soient aussi punis pour leurs mensonges à la veille de chaque échéance électorale ! », confie un trentenaire écœuré. Il est à rappeler qu'une bonne partie des habitations de ce quartier entamé, il est vrai, des années durant sans que les responsables, toutes prérogatives réunies, ne pipent mot, est construite dans les lits des oueds en hibernation et sur des zones sismiques périlleuses. D'autre part, on croit savoir que les démolitions se poursuivront pour atteindre, selon les prévisions arrêtées, plus de 1500 habitations présumées bâties contrairement aux exigences urbanistiques et en flagrante spoliation du domaine public forestier. Outre ces destructions qui se font par la manière forte sur instruction du parquet d'Agadir, les unités policières procèdent à des actions de recherche contre les lotisseurs secrets dont une femme connue dans le coin pour cette manœuvre illicite. Dans le même ordre d'idée, la police judiciaire a mis la main sur un employé à la municipalité d'Agadir, un écrivain public à Tikiouine, relevant de la même commune, accusés de procéder à la légalisation des documents relatifs à des transactions concernant la construction anarchique. D'autres arrestations similaires ont eu lieu à Agadir et à Inezgane. Par ailleurs, d'immenses manifestations se sont déclenchées tout au long de la semaine, tenues par les victimes de ces démolitions d'envergure. Les manifestants qui répétaient des slogans condamnant ces mesures jugées drastiques et inhumaines, se donnaient rendez-vous devant la commune et la Wilaya d'Agadir. Ces mouvements protestataires ne semblent avoir de l'effet sur les services d'ordre qui poursuivent sans trêve leur campagne d'assainissement sur tous les points noirs de la provinces dont Aourir, Aghroud, Piémonts, Drarga… Les Autorités paraissent bien décidées de s'y atteler jusqu'au bout, tout en s'appuyant sur les décisions judiciaires qui rendent publics les verdicts contre les contrevenant, tous registres confondus, d'une façon prompte et expéditive. La volonté de mettre fin à l'anarchie de l'urbanisme et aux abus fonciers, en dépit de ses retombées néfastes sur les victimes, semble motiver les autorités pour de bon.