On reviendra non sans amertume sur la situation désolante qui prévaut dans nombre de quartiers d'Agadir. Depuis fort longtemps, la capitale du second pôle économique du royaume était le berceau de la prolifération explosive des bidonvilles à travers les divers recoins de la cité, notamment Anza dont les fabriques industrielles étaient maculées d'unités d'habitations insalubres : Jiouar Krara, Day Day, Jamaica, Bloc B… Suite à l'opération nationale «ville sans bidonvilles», la machine de démolition avait engrangé ses tentacules partout en ville pour mettre un terme à ces constructions fantoches. Hormis quelques bidonvilles qui continuent à vivoter par-ci par-là, cette opération de destruction s'était quasiment acquittée de la tâche qui lui était assignée, sans pitié. En dépit de la résistance farouche des bidonvillois qui se sont indignés devant ces mesures drastiques, les forces de l'ordre exécutaient leur besogne sans demander leur reste. En fait, si cette démarche plutôt «salutaire» tendait à assainir le tissu urbain de ces proximiscuités qui assombissaient toute une ville vouée à un essor multiforme à plein régime, le sort de milliers de victimes était désastreux. Se trouvant du jour au lendemain sans abri ni refuge, les bidonvillois cherchaient à la hâte d'autres coins reculés pour contenir leurs familles frappées de plein fouet par le désarroi et la privation. En effet, pour la plupart, on ne faisait que déplacer les bidonvilles anéantis à coups de massue vers d'autres lieux passibles aux illicéités. Aujourd'hui, le phénomène prend des tournures de plus en plus dramatiques. Les baraques qui sillonnaient les quartiers de la ville sont sitôt remplacées, cette fois-ci par le dur. Mais quel dur ? Celui qui pousse tel un champignon, sans normes, ni études ni autorisations. En si peu de temps, ces irrégularités s'éparpillent dans les environs et prennent forme, avec la complicité flagrante des agents de l'Autorité. Ces grossièretés urbanistiques s'accentuent de plus belle, lors des émeutes du printemps arabe dont les effets contaminent la vie quotidienne du «petit peuple». C'est ainsi que les «ferrachas» en profitent pour quadriller tous les points sensibles du trafic humain, d'autres citoyens, chassés par la flambée spéculative du foncier et de l'habitat au centre ville, se ruent dans les environs pour s'emparer du terrain nu et y monter des domiciles en dur. C'est le cas de Ighil Ouderdour, Ait Taoukt, Ait Mouden… aux piémonts ainsi que Aghroud à Bensergao, les communes rurales de Drarga, Aourir, Tamri…On retiendra les bras de fer qui ont constamment émaillé les rapports Citoyens/Forces d'ordre, au point de déclencher des accrocs déconcertants. Les camions qui ravitaillaient les constructions illicites en matériaux de constructions sont désormais bloqués à tous les accès possibles. Ces réactions énergiques n'ont fait qu'enrager encore davantage les populations avides de poursuivre leurs «forfaits» urbanistiques et générer de vives ripostes protestataires. Cette situation qui suscite, en fait, désolation et indignation traduit bien l'échec de la politique de recasement et la dépravation qui prévaut au sein des organismes immobiliers, des spéculateurs, des élus et des multiples intervenants. Une reconsidération de la chose urbanistique sur des bases saines est à mettre à contribution afin de mettre fin à tous ces dysfonctionnements.