Le phénomène de l'habitat anarchique prolifère un peu partout dans le pays, notamment à Tanger. Mais à Agadir, il prend des dimensions beaucoup plus hallucinantes. On a beau qualifier les auteurs de ces infractions de «mafias» du foncier, les récidives sont criardes. Ce vocable fulminant peut également être synonyme de «lobbys» dangereux. Si les forces de l'ordre se sont interposées avec la rigueur qui s'impose, l'inquisition de cette hérésie condamnait pareillement le non respect de la loi, en termes d'empiètement sur le domaine public. La profusion des spéculateurs et les médiateurs qui s'enrichissent illicitement de ces transactions juteuses, sont constamment à l'affût. Il n'est donc plus question de verser dans le laxisme face à cette situation déplorable. De même, la prolifération des constructions anarchiques de cette ampleur, ne fait que compromettre tout effort de réhabilitation. En effet, la dérobade dont sont soumises les contraventions, en dépit de la volonté manifeste des diverses parties concernés de régulariser cet état de fait, depuis presque une décennie, ne saurait perdurer indéfiniment. Dans le même contexte, l'habitat social mis en place par le promoteur immobilier national n'est toujours pas parvenu à destination, c'est-à-dire aux familles démunies, à reloger dans la plupart du temps. Il convient de souligner aussi le principe de «deux poids, deux mesures» dont l'Etat fait preuve. D'une part, celui-ci étouffe les citoyens en leur interdisant de construire leurs habitations, à Aghroud de Tamri et à Tamaouanza d'Aourir dans la province d'Agadir Ida Outanane, à titre d'exemple, et, d'autre part, il se permet, à travers la SONABA et, maintenant la SMIT, de «confisquer» des terrains à hauteur de plus de 1000 ha, dont 590 au site d'Aghroud, sans procédure légale d'expropriation, depuis 1976. Aujourd'hui, les superficies accaparées par les particuliers, conservées titrées par les organismes étatiques et auxquels sont destinés des projets «d'intérêt général» ne sont jamais exploitées à bon escient. Il se trouve que l'Etat, pour ces cas d'espèce inhérents aux gestionnaires d'antan, s'adonne également à la spéculation, si l'on sait qu'il s'octroie le terrain du domaine public forestier modiquement (plus de 33 ha), y plante des projets d'habitation et vend l'unité à 10.000 DH le m2, alors que les populations, frustrées et asphyxiées, n'ont pas le droit de toucher à ces espaces ni avoir accès à la construction autorisée. L'occupation des terrains, à tort et travers, et la profusion de ce commerce informel, occasionnent, en effet, des préjudices sérieux aux commerçants qui paient leurs impôts et s'acquittent de leurs diverses charges.