Le combat farouche contre l'habit non autorisé se poursuit avec acharnement dans plusieurs points noirs de la capitale du Souss. Après les offensives fracassantes menées tambours battants par les Autorités de la Wilaya à Aourir et Tamraght où les barons et les spéculateurs du foncier, en particulier des notables et des conseillers de la commune ont été rappelés à l'ordre, les démolitions se sont abattues, toute la journée de jeudi dernier, sur le quartier Tamaouanza, à une douzaine de kilomètres au nord d'Agadir. Environs une centaine de constructions illégales a été détruite à coups de bulldozers, au cœur d'une présence massive des membres des forces publiques, sans que les populations n'esquissent aucune riposte. Pas moins d'une centaine de contingents de l'armée, des forces auxiliaires, des gardes mobiles, en plus de six camions, douze véhicules et autres ont ratissé le littoral nordique de la cité pour amorcer, à la première heure, les opérations d'annihilation des constructions non réglementaires. Hormis les blessures du machiniste de l'engin et des dégâts matériels occasionnés par cette opération, notamment sur les bâtiments de trois à quatre niveaux, les habitations illicites tombaient l'une après l'autre, tel un séisme dévastateur. Comme nous l'avons signalé dans nos précédentes éditions, il était très attendu que le tour de Tamaounza, situé sur un site splendide au perchoir d'un talus en face du coucher de soleil vermeil, arriverait, sans nul doute. La profusion irréfléchie des constructions illégales était telle que les contrevenants bâtissaient leurs idioties sur la buse de l'ONEP qui alimentait toute la vile de l'eau potable. Une réelle connerie qui portait préjudice aux citoyens aussi bien des parages qu'ailleurs. Cette matière vitale était donc sous une bombe à retardement dont se jouait une cohorte d'écervelés pour des voracités aveugles. Par ailleurs, il convient de rappeler que des opérations similaires ont été entamées également, il y a quelques jours, dans les piémonts, à quelques mètres du nouveau stade d'Agadir en pleine finalisation. Une quinzaine d'habitations irrégulières s'est effondrée sous les martèlements accrus des tracteurs, sous les jérémiades des victimes impuissantes. Toutes ces démarches qui s'insèrent dans une longue campagne de lutte contre la dépravation urbanistique dans nombre de coins de la préfecture, en particulier Aghroud du côté de la commune rurale de Tamri sur lequel un gros travail d'assainissement est à effectuer avec la même rigueur, Aourir et Tamraght que le président communal a transformé, par sa complicité et son laxisme, en un vivier de l'infraction et de la désolation, les piémonts au sein desquels les populations courent des dangers déconcertants, au regard de leur positionnement aux lits des oueds en hibernation et au cœur des insalubrités incommensurables, Aghroud bis du côté de Bensergao où les dérapages urbanistiques crèvent l'œil…Il est vrai qu'on ne peut que rendre hommage à ces actions salutaires des Autorités au sujet desquelles le Wali veille au grain, en se rendant, sur les lieux de démolition, en dépit des jets de projectiles. Cependant, d'aucuns s'interrogent sur le fait que nombre d'agents de cette même Autorité qui se secoue pour de bon et s'écarquille les yeux devant toutes ces immondice, se sont moisis, pendant des éternités, dans une profonde léthargie, alors que les constructions illicites s'élèvent par milliers dans toutes les contrées précitées. Pourquoi ce long mutisme des Autorités et des élus qui sont censé faire appliquer les lois avant que les contrevenants ne se propagent comme termites dans le tissu urbanistique local ? N'y a-t-il pas là un véritable réseau de mafieux fonciers auquel s'est impliqué immanquablement des agents de l'Autorité, parmi les chioukhs, mokadems, caids, chefs de district…, en connivence avec les conseillers communaux, cherchant tous l'intéressement ignoble ? Si aujourd'hui, on abat sans pitié le sabre de mort sur les contrevenants qui sont, à coups sûr, victimes de ce rouage urbanistique malsain, après avoir acquis des terrains ou bâtiments en infraction, la responsabilité incombe, en premier lieu, à ces rapaces du foncier qui ont semé, durant des années, en impunité totale, les grains de la prolifération de l'hybridité urbanistique dont souffre, aujourd'hui, une ville cosmopolite comme Agadir, vouée à une place de choix plus sûr. Enfin, une petite consolation tout de même ! On croit bien savoir que certain agents de l'autorité ainsi que le président de la commune d'Aourir, sont déférés devant la justice pour audition, alors que deux autres conseillers de la même commune sont toujours en fuite. Chefs d'accusation étant implication et incitation à l'infraction urbanistique. Pourvu que les vrais coupables paient cher leurs forfaits abjects !