La guerre que la France et ses alliés africains mènent depuis le 11 janvier dernier au Mali est en train de tirer une grosse épine du pied des pays du Sahel. Et cette épine n'est autre que la nébuleuse d'Al Qaïda au Maghreb islamique, une armée hétéroclite composée de bandits des grands chemins et de trafiquants en tous genres. Et qui croit légitimer sa barbarie en se parant d'une certaine légitimité «islamiste». Les vivats avec lesquels les populations du nord malien accueillent chaque jour la liquidation graduelle des membres de cette mafia en disent long sur leur religiosité dont un chacun sait qu'elle n'a jamais été que feinte. Les Maliens, et le monde avec, sont en train de retenir, en ces heures-ci, leur souffle en attendant la confirmation de la mort du numéro Un d'AQMI dans le Sahel, Abou Zeid, Alias Mohamed Ghdiri. Cet Algérien d'une quarantaine d'années, constitue avec ses compatriotes Droudkel, Abderazak El-Para et Mokhtar Belmokhtar, tous anciens dirigeants du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un groupe de maîtres chanteurs qui s'adonnent, depuis 2003, à l'enlèvement d'occidentaux dans la zone sahélo-saharienne et leur échange contre des rançons sonnantes et trébuchantes. Un butin financier qui se monte à des centaines de millions d'euros, voire des milliards, quand on sait que ces soi-disant islamistes sont mouillés jusqu'au cou dans le trafic de la drogue, des armes et même des êtres humains. C'est cette manne financière, qui dépasse parfois les avoirs en devises du plus riche des Etats sahéliens, qui leur a permis de mettre sur pied toute une armée de mercenaires (Ansar Eddine, Mujao, Boko Haram...), mettant ainsi en danger la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats de la région. Les combats qui se déroulent actuellement dans le massif des Ifoghas, un Tora Bora situé aux confins algéro-maliens, sont décisifs. L'anéantissement du gros des bandes du terro-bantisme, qui ont longtemps mis en équation la stabilité de la moitié de tout un continent, en dépend. Cette action est d'autant plus courageuse que la France, dont quatre ressortissants sont détenus depuis plus de deux ans par Abou Zeid, n'a pas hésité à choisir la confrontation directe. Et ce sachant que ce même Abou Zeid a déjà par le passé liquidé deux otages occidentaux pour cause de non paiement de rançon : le Britannique Edwin Dyer en 2009 et le Français Michel Germaneau en 2010. Reste que l'information de la mort du chef de la katiba Tareq Ibn Ziyad, annoncée par le site algérien Ennahar proche des services algériens de renseignement, attend d'être confirmée par l'Algérie elle-même, et ce à travers des tests ADN actuellement en cours. Avérée ou pas, cette élimination serait peut-être le chant du cygne pour AQMI qui, une fois écimée, doit aussi être décimée. Mais, malheureusement, on sait par expérience que les nébuleuses sont comme une hydre. Si vous coupez une tête par là, une autre réapparait immédiatement par ci. Pour en finir donc avec cette hydre, la coopération entre tous les Etats de la région, sans exclusive ni leadership, doit être instaurée sur de fortes bases. Quand la France se sera retirée demain du Mali, tous les Etats voisins doivent solidairement en prendre la relève.