et la violence contre la femme «Dernières nouvelles avant le jour» est un livre de nouvelles de l'écrivaine, poétesse et chanteuse, Lucile Bernard, qui vient de paraitre aux éditions de l'Harmattan Paris en novembre 2012. Un beau livre, en fait, de la fondatrice du Centre de création artistique Riad Sahara Nour à Marrakech, dans lequel elle traite de faits de société dont sept se passent au Maroc. D'ailleurs, dès le paratexte du livre, l'auteure nous jette dans un univers sombre et silencieux. «Il fait noir là-dedans. C'est comme un puits sans fond, gavé de silence. J'ai peur. Pourtant, quelque part au milieu de toute cette nuit, entre les planches de ce qui était hier encore une fenêtre, un infime rai de lumière troue l'obscurité. De toutes mes forces, je m'y accroche pour ne pas me faire engloutir par les ombres de l'enfer, c'est ce qu'ils ont dit, mon père, ma mère, mes frères, mes oncles en m'enfermant dans ma chambre et en me rouant de coups. C'était il y a cinq ou six jours peut-être, je ne sais plus...» écrit-elle. A vrai dire, un monde injuste et errant. Un milieu, où ce «je» part, dans les dédales de la vie quotidienne, à la quête d'un sens à son existence en illustrant cette perte du temps et vacuité ontologique d'une femme révoltée, en colère et qui refuse toute les formes de soumissions, esclavage, violence et cruauté des hommes à l'égard des femmes. Ipso facto, tout se passe comme si Lucile Bernard illustre bien, avec son regard actuel, la réalité de ce vécu-là en vocalisant l'ancrage sur des personnages, lieux... et toute une vision du monde de l'Homme des temps modernes. Certes, le monde est beau et la vie vaut la peine d'être vécue. Pourtant, la volonté d'aimer l'humain dans sa différence, l'amour et la mise en pratique du vivre ensemble peuvent rendre l'existence utile et plus belle. A l'issue de sa parution, Nicole de Pontcharra, critique littéraire, dit à propos du nouveau livre : «L'originalité du recueil de nouvelles de Lucile Bernard réside essentiellement dans la capacité de l'auteure à choisir des sujets de la réalité vraie, celle d'un quotidien vécu ou observé et en même temps à se déporter du sujet de départ, de son centre, pour explorer les cercles périphériques vers lesquels l'imaginaire se déploie, dans ses connexions imprévisibles. L'histoire n'est jamais linéaire mais portée par une sensibilité aiguë et une intériorité très riche qui la densifient de manière à faire écho à d'autres musiques de l'âme, à d'autres situations d'hommes et de femmes malmenés par la vie.» Nicole de Pontcharra ajoute : «(...) Quand on ferme la dernière page on se dit que l'auteure regarde le monde avec amour mais aussi avec colère, indignation. Il faudrait que ça change. Quoi ? Beaucoup de réalités. Le règne des puissants sur les faibles, le règne de l'argent, l'attitude sexiste des hommes vis-à-vis des femmes, le déséquilibre entre les pays riches et pays pauvres qui fait chavirer les barcasses remplies d'exilés. Tout cela et bien d'autres choses.» Lucile Bernard, selon lui toujours, tisse au fil des pages un récit intense où un regard et une parole justes la racontent, elle, femme de son temps, tout en évoquant les Autres. Au terme de ce nouveau-né en littéraire universelle, Lisa Cligman Mizrachi, a presque tout dit sur le livre et ses lettres de noblesse que l'auteure, via l'écriture, a essayé de dévoiler au lecteur universel. Il s'agit là, selon Lisa, de : «dix-sept voix surgies des profondeurs du silence, dix-sept courts récits où se croisent la vie, la mort, la haine et l'amour, toute la fureur de vivre, forment la trame de ce recueil. Avec Dernières nouvelles avant le jour, Lucile Bernard nous entraîne dans une traversée initiatique où la violence et la cruauté des hommes se heurtent à la lumière obstinée de l'innocence et à la force rédemptrice d'une nature matrice et vierge, mère du monde. Dans ces nouvelles, l'auteur «témoigne de la réalité de son temps où l'insoutenable se mêle à des galops d'humour, parfois grinçants, et à l'émerveillement, sans cesse renouvelé de toute la beauté du monde».