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Trois questions à Mme Lucile Bernard
"L'art peut auver le monde"
Publié dans Albayane le 27 - 01 - 2013


"L'art peut auver le monde"
Lucile Bernard est une poétesse, chanteuse, femme de lettres et amoureuse de l'art et les créateurs. Elle est née en France et vit actuellement au Maroc. Lucile est la fondatrice du Centre de création artistique Riad Sahara Nour à Marrakech, dont l'objectif majeur est de tisser les liens du rapprochement, l'ouverture sur l'autre et le dialogue entre les différentes cultures du monde. Pour information, un livre de nouvelles de Lucile Bernard intitulé «Dernières nouvelles avant le jour», vient de paraître aux éditions de l'Harmattan (Paris en novembre 2012). Il traite de faits de société dont sept se passent au Maroc.
Al Bayane : D'où est née cette idée de la création de votre centre de création artistique, Riad Sahara Nour, à Marrakech ?
Lucile Bernard : Je me suis toujours intéressée à la créativité, à l'art sous toutes ses formes. La créativité par l'intermédiaire de l'art est un formidable outil, un formidable moyen d'expression de l'identité et par là même d'ouverture à soi, à l'autre aussi. Pour moi, l'art est fédérateur d'échanges, de partage de sensibilité. Je vois l'art comme un catalyseur, un beau moyen de rapprochement entre les cultures. La richesse dans l'art et la créativité naît de ces échanges, de cette diversité, de ces partages, de ces rencontres. Elle est ouverture, apport mutuel et respect de la différence. La poésie est rencontre avec nous et les autres. Et puis j'ai une longue histoire avec Marrakech, ville que j'ai rencontrée pour la première fois en 1990...
Vous avez organisé un prix pour la jeune poésie marocaine l'année dernière. D'après vous, pourquoi ce prix ? Et quel objectif souhaitez- vous réaliser à travers ce type d'activités ?
Ma priorité est la prise de parole et comment la prendre à travers cette belle voix de la poésie. Au Maroc, j'ai senti un réel intérêt pour cette forme d'expression littéraire, peut-être est-ce à cause de cette tradition orale qui s'est perpétuée au fil des temps, et ce, aussi bien chez les jeunes que chez des gens plus âgés. Je me suis toujours sentie concernée aussi par l'enfance, les jeunes, les êtres en devenir. Je ressens chez eux très fortement ce désir d'expression, ce besoin de dire, de s'exprimer. Et la poésie est un merveilleux moyen d'expression, de réalisation de soi par ce biais de la prise de parole. Elle fait appel au plus profond de nous-mêmes. On ne triche pas avec la poésie.
Fiodor Dostoïevski disait la chose suivante : «L'art sauvera le monde». Selon vous, quels sont les grands rôles que cet art peut jouer actuellement?
Oui, je suis convaincue que l'art peut sauver le monde. Pour moi, l'art abouti rejoint l'universel par cette formidable ouverture qu'il génère, ces liens qu'il crée entre les hommes, écoute, partage, respect des différences. Je le répète, la richesse naît de l'ouverture, la créativité sans apport mutuel ne peut se nourrir sinon elle se sclérose et finit par mourir. Comme le disait Antoine de Saint Exupéry : «il faut tisser des liens entre les hommes». Et l'art reste un des moyens majeurs pour réaliser ce très bel objectif d'humanité en devenir.


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