Du 15 au 18 juillet, dans le cadre du Festival de Casablanca, des promenades artistiques, «Nouzah Fennia», sont organisées au sein de la ville blanche. Le programme pluridisciplinaire rassemble divers modes d'expression tels que des installations, de la poésie, des ateliers, autour d'un objectif commun : regarder, rêver et penser la ville autrement. Entretien avec Géraldine Paoli, directrice artistique de ces promenades. Comment est née l'idée des promenades artistiques ? Le projet est né d'une grande écoute et de nombreuses promenades dans Casablanca, à la rencontre des poètes, cinéastes, coiffeurs, commerçants, chauffeurs de taxi… Au cours de ces rencontres, j'ai fouillé pour trouver les acteurs culturels visibles mais aussi invisibles, spécialement auprès des jeunes. L'idée était de mettre en exergue tout ce qu'on voit sans voir, faire une récolte de la créativité fourmillante de Casablanca. Il manque des points de rencontre, des espaces de partage. Nouzah Fennia est l'écho de cette multitude, le projet s'inscrit dans un air du temps propice, où les gens ont envie de se rencontrer. A partir de cette multitude, comment se fait la sélection ? On se balade, on rencontre, on parcourt les réseaux et on se déplace sur les événements. Le choix des partenaires se fait sur l'échange, les envies, la qualité et l'engagement des gens. Il y a de très belles propositions qui naissent, croisant professionnels et amateurs. Les formations et les vrais partages sur le territoire ne sont pas énormes et l'information circule difficilement. De ce fait, il y a beaucoup de groupes qui naissent de l'envie de parler, de s'exprimer au-delà de la formation. Dans cette multitude, il y a des gens qui ont quelque chose à transmettre et on fait le choix de les soutenir. Quel regard portez–vous sur Casablanca ? Casablanca est une multitude de visages, une multitude culturelle. C'est cette multitude qui fait Casablanca, il n'y a pas une identité spécifique à proprement parler, la ville est un ensemble. Etre casablancais, c'est vivre là mais aussi être de passage, c'est tout ce qui traverse la ville. Casablanca est un fourmillement, avec des choses à fouiller et à retisser. Il y a un problème de relation d'un espace à l'autre. D'où l'idée de faire se rencontrer, se recroiser, retisser des liens avec des publics différents. Comment l'art peut réinventer et changer le regard sur la ville ? L'art est le moyen le plus proche des gens et le plus propice à les toucher. Dans ces promenades, les gens vont pouvoir cueillir des choses qui leur parlent. Ils vont pouvoir être sensibilisé à l'environnement par exemple, en voyant le travail avec les objets recyclés. C'est vraiment tenter de toucher les gens, de rencontrer l'autre par l'art. C'est quelque chose de direct, on est dans la sensation, dans l'émotion. La parole complémente, notamment au cours des rencontres. A un moment, on se pose et on se rencontre, on questionne l'espace public pour voir comment se l'approprier, on croise acteurs culturels et citoyens. Il est temps d'aller vers demain, d'aller vers les choses qui sont là, prêtes à fleurir et exister. On est dans un processus de création. Comment envisagez-vous la prochaine édition du Festival ? L'idéal est vraiment de travailler dans le temps. C'est un travail de proximité qui s'inscrit au-delà des 4 jours du Festival. Le projet croise plusieurs énergies, envies, personnes et associations. On s'engage sur le temps. L'idéal est de continuer à tisser des projets au cours de l'année. Le Festival doit rendre visible ce qui se passe sur l'année et non pas de ce qui se fait sur le court terme.