Face aux importations massives du rond à béton et du fil machine Le secteur sidérurgique national a mal. L'Association des Sidérurgistes du Maroc (ASM) l'a dit haut et fort, lors d'un point de presse mercredi 3 octobre à Casablanca. L'ASM a exprimé sa satisfaction quant à la décision prise par le ministère du Commerce et de l'Industrie d'avoir engagé une enquête en vue de l'application de mesure de sauvegarde provisoire et éventuellement l'instauration de mesures définitives conformément aux accords internationaux signés par le Maroc. Selon son président, Ayoub Azami, le secteur de la sidérurgie national «commence à ressentir l'onde de choc de la crise économique en Europe. Le marché est aujourd'hui la cible de certains opérateurs européens qui ont fait du Maroc un débouché privilégié, et cela particulièrement dans le domaine des produits «longs». En 2012, les importations de rond à béton et de fil machine ont en effet fortement évolué au premier semestre 2012, impliquant une perte de volume pour l'industrie nationale associée à une forte pression sur les prix. Ce phénomène résulte de deux facteurs : d'une part, l'ouverture asymétrique (surtout en matière de réglementation du marché intérieur) avec le démantèlement des droits de douanes ; et d'autre part d'une économie européenne en crise profonde avec une sidérurgie en forte surcapacité notamment dans les pays du sud de l'Europe. En effet, le marché national a réalisé au cours de la période janvier-avril 2012 une progression des importations de ronds à béton et de fils machine de respectivement 503% et 184% par rapport à la même période de l'année 2011. Cela implique donc une perte de volume pour l'industrie nationale et une forte pression sur les prix. Cet accroissement d'importations se traduit également par un recul de la production, de la productivité, des ventes, du niveau d'emploi et des baisses significatives des résultats financiers de la branche nationale depuis le début de l'année 2012. Il impacte fortement la balance commerciale pour près de 1,8 milliard DH. C'est dans ce contexte concurrentiel et compétitif que l'ASM a introduit auprès du ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies une requête de clause de sauvegarde pour les produits « longs ». Dès le mois de mai 2012, les rencontres des professionnels avec le ministre Abdelkader Amara ont permis la mise en œuvre d'une démarche de concertation. Rapidement, une Commission consultative a été mise en place par le Département du Commerce Extérieur, expliquait M. Azami. Celle-ci, jugeant suffisant les éléments exposés par l'association professionnelle, a décidé, le 25 septembre 2012, de l'ouverture d'une enquête publique qui sera conduite auprès des acteurs nationaux – producteurs, importateurs, distributeurs... A l'issue de cette phase, le Ministère de tutelle pourra statuer sur une mesure de «sauvegarde définitive», a-t-il ajouté. Cette décision pourra permettre l'application de mesures de défense commerciale non tarifaire, durant une période de 8 ans, exceptionnellement prolongée à 10 ans. La période d'application des mesures de sauvegarde permettra aux professionnels du secteur d'accélérer et de renforcer son développement sur 7 axes prioritaires : intégration amont, efficience énergétique, investissements technologiques, qualification des Ressources Humaines, renforcement de la réglementation, amélioration des coûts logistiques, diversification de l'offre produits. L'industrie sidérurgique marocaine est une industrie relativement jeune, autonome, fortement capitalistique et créatrice de valeur. Avec un taux d'investissement de 13,3 milliards DH, elle contribue de façon positive à l'équilibre de la balance commerciale du pays. Comme l'a souligné le patron de SONASID au cours de cette conférence de presse, «le Maroc est l'un des rares pays autonomes en matériaux de construction et notamment en production d'acier nécessaire à l'accompagnement de son développement». Il est donc nécessaire de protéger son industrie sidérurgique contre le flux d'importations mené par des snipers sans scrupules.