L'Espagne est un risque global pour la récupération mondiale. C'est la plus dure mise en garde contre ce pays dont personne ne s'y attendait. Elle a été émise par le Fonds Monétaire International (FMI), la principale institution financière et l'ange gardien de la gestion économique dans le monde. Ceci démontre que l'Espagne est actuellement abandonnée à son propre sort en dépit des mesures d'austérité que le gouvernement vient d'adopter, dont les hausses tarifaires, pour réduire le déficit public. Si la Banque Centrale Européenne (BCE) n'appuie pas le marché financier espagnol, ou refuse d'y injecter des liquidités extraordinaires, l'indicateur sélectif de la bourse de Madrid, l'Ibex-35 ne cesse de balancer entre les indices qui évoluent en dents de scie sans récupérer ses niveaux performants. Lundi a régressé de 2,8% et le bon du trésor a effleuré une rentabilité de 6,8%. Pendant ce temps, la grogne sociale augmente dans la rue avec en tête les fonctionnaires qui protestent contre la suppression par le gouvernement de la prime de fin d'année (égale à un mois de salaire). Mardi, les marchés financiers s'ouvrent sur de légères baisses et le trésor espagnol a mis aux enchères des bons à 12 et 18 mois pour capter entre deux et trois milliards d'euros. Jeudi prochain, d'autres bons seront adjugés à court et moyen termes de deux, cinq et sept ans concernant des émissions de deux et trois milliards d'euros. Au total, le trésor espagnol émettra 6,5 milliards d'euros sous forme de bons de trésor. Ceci coïncide avec une conjoncture peu favorable pour placer une partie de la dette publique alors que l'Ibex-35 se situe au-dessous des 6.500 points et le bon de trésor a une rentabilité de 6,81%. L'Espagne paie des bons à 12 mois à 5% alors que son homologue allemand à un taux de rentabilité à trois ans de 0,004%. La Banque d'Angleterre, par exemple, a approuvé de nouvelles mesures de rachat de dette à un taux d'intérêt de 1,49%. Certains pays, tels les Pays-Bas ou le Danemark ont réussi, il y a quelques tours, à émettre sans difficulté aux enchères des bons de trésor à moins 0,25%. La dette souveraine de l'Espagne donne ainsi de sérieux maux de tête dans les marchés financiers. Lundi, la prime de risque du bon du trésor espagnol à dix anas en comparaison avec son homologie allemand de la même durée a clos la séance au marché secondaire de la dette sur 580 points avec un taux d'intérêt de 6,81%. Dans son rapport actualisé, rendu public lundi, le FMI a été sévère dans son diagnostic en mettant en garde contre le fait que l'Espagne reste en récession en 2013, en considérant que son Produit Intérieur Brut (PIB) pourrait reculer de 0,6%. Cette institution internationale estime que le PIB espagnol en 2012 connaîtrait une réduction de 1,5% et 0,6 en 2013 pour se situer à un taux de croissance de 0,1% en dépit des mesures drastiques mises en marche par le gouvernement pour récolter 65 milliards d'euros d'ici à 2014. L'impact de ces mesures, remarque le FMI, pourrait conduire à une réduction de l'activité économique qui irait au-delà des prévisions faites auparavant. Il est utile de reprendre les extraits du rapport actualité du FMI, inséré sous l'intitulé “Affermir la crédibilité sans négliger les risques pour la croissance », qui parle spécialement de l'Espagne. Les turbulences du marché se sont intensifiées en Espagne en raison du regain d'inquiétudes concernant la santé du système financier et ses éventuelles incidentes budgétaires, lit-on dans ce texte. Malgré un ambitieux train de mesures d'assainissement essentiellement axées sur les dépenses, il fallait s'attendre à ce que les résultats médiocres au titre des recettes dues à la récession et aux pressions à la hausse des dépenses liées à l'assurance chômage, aux dépenses de sécurité sociale et aux charges d'intérêts portent le déficit à près de 7 % du PIB cette année, avant l'annonce de nouvelles mesures le 11 juillet. Ceci représente 1 % de PIB de plus que prévu en avril mais quelque 2 points de PIB de moins que l'an dernier. Les projections du déficit corrigé des variations cycliques ont dû aussi être revues à la hausse. Ceci dénote peut-être l'existence de facteurs qui donnent lieu à un accroissement passager de la sensibilité du solde budgétaire à la production. Les objectifs de déficit ont été portés à 6,3% du PIB cette année et 4,5% du PIB l'an prochain dans le cadre de la procédure de déficit excessif de l'Union européenne. Les nouveaux objectifs, respectivement de 1 et 1,5 % supérieurs aux précédents intègrent à juste titre les perspectives de faible croissance. Le 11 juillet, le gouvernement a annoncé une série de mesures – incluant la hausse des taux de TVA, la suppression de la déductibilité des intérêts de prêts hypothécaires de l'impôt sur le revenu et la baisse des salaires de la fonction publique et des indemnités chômage – pour atteindre les nouveaux objectifs. Pour recapitaliser le système bancaire, le fonds espagnol d'appui au secteur bancaire le Fondo de Reestructuración Ordenada Bancaria (FROB) devrait disposer d'un prêt de recapitalisation du secteur financier du Fonds européen de stabilité financière (FESF) allant jusqu'à 9 % du PIB (100 milliards d'euros) promis par l'Euro-groupe, qui figurerait dans la dette brute des administrations publiques. Mais une fois que l'organe unique de supervision sera mis en place dans la zone euro, le mécanisme européen de stabilité (MES) pourra procéder à des injections directes de capitaux dans les banques.