Avec un niveau de 543 points, la prime de risque de la dette publique espagnole en comparaison avec celle de l'Allemagne a battu, vendredi, tous les records inimaginables il y a seulement quelques jours. Elle a entamé son escalade lundi dernier avant de transcendre la barre psychologique des 500 points pour placer le bon du trésor à dix ans à un taux de rentabilité supérieur à 6,6%, un indice qui hypothèque sérieusement les plans de recupération économique et alourdit la facture du service de la dette. La prime de risque espagnole, mesure utilisée pour désigner le differentiel entre la rentabilité du bon du trésor allemand à dix ans et son équivalent espagnol a été cotée à 543,49 points, vendredi, à l'ouverture des marchés financiers. Il s'agit, a déploré il y a quelques jours, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, de résultats qui sont «trés difficles pour pouvoir s'autofinancer». Une simple donnée suffit à retenir pour avoir une idée de l'impact de cette escalade de la dette publique. Alors que la rentabilité du bon du trésor espagnol à dix ans a atteint jeudi 6,55% (contre 6,66% mercredi), son équivalent allemand s'est converti en une valeur refuge pour les investisseurs pour ramener sa rentabilité à 1,2%. Ceci intervient au moment où un climat d'incertitude domine l'horizon financier. Le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) venait d'écarter l'éventuialité selon laquelle la BCE pourrait intervenir dans la recapitalisation de Bankia, la quatrième grande banque espagnole qui a été nationalisée il y a deux semaines et nécessite un paquet de plus de 23 milliards d'euros pour assainir sa gestion. Le patron de la BCE a toutefois critiqué le secteur financier espagnol, particulièrement la gestion de Bankia. Selon lui, les successives évaluations des besoins de sa capitalisation constituent «la pire manière possible de le mettre en application». De même, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde, a démenti, jeudi, les informagtions selon lesquelles l'Espagne eût sollicité l'aide de cette institution internationale. Aucun plan de sauvetage n'est prévu par le FMI en faveur de ce pays, a-t-elle précisé. Les réactions des responsbales de deux des principales institutions financières internationales se justifient par les rumeurs qui se sont emparées du marché financier au sujet d'une eventuelle fuite de capitaux après que la Banque d'Espagne ait chiffré à 97 milliards d'euros les sorties nettes accumulées de fonds depuis le début de l'année en cours. Parallèlement, la bourse de Madrid a clos le mois de mai sur une forte chute depuis novembre 2010 comme conséquence des doutes qui planent sur le marché financier et les craintes suscitées par la hausse de la prime de risque. Son principal indicateur, l'Ibex-35, a achevé le mois sur une baisse de 13,14%, un taux qui place la bourse dans une situation délicate avec pour crainte, à l'horizon, la perte du support des 6.000 points. Vendredi à midi, l'Ibex-35 marquait 6.097,4 points, soit une baisse de 0,04% par rapport à la clôture de jeudi. Les mauvaises nouvelles se suivent et se succèdent en outre dans un panorama peu favorable qui lamine la crédibilité du marché espagnol. A titre d'exemple, l'Eurosat, l'office européen de la statistique, vient de faire état du dernier taux de chômage dans la zone euro, le situant en avril dernier à 11% contre 9,9% du même mois de 2011. Encore une fois, l'Espagne se place en tête du peloton des pays aux forts taux de chômage avec 24,3% de la population active inoccupée, soit deux dixièmes de plus qu'en mars dernier. Dans l'ensemle de l'Union Européenne, le taux moyen de chômage atteint 10,3%. L'Espagne avec 24,3% de personnes sans emploi détient en solitaire le record dans cette zone. Elle se situe loin devant l'Autriche (3,9%), les Pays-Bas et le Luxembourg (4,2%), l'Allemagne (5,4%), le Portugal (15,2) ou la Grèce (21,7&). Ce qui est fort déplorable est le haut taux de chômage des moins de 25 ans en Espagne qui atteint 51,5%, contre 22,2% dans l'Union Européenne. Avec le début du mois de juin, et à quelques jours de l'été, la prime de risque et le chômage des jeunes demeurent les deux grands défis à relever par l'Espagne en vue de redresser sa crédibilité dans les marchés financiers.