A mesure que la campagne électorale en Espagne avance vers sa fin, la crise économique et financière révèle son aspect le plus dramatique. Les indices de la bourse paraissent gagner la partie aux leaders des partis politiques. La chute lundi de l'indice sélectif de la bourse de Madrid, l'Ibex-35, la hausse de la prime de risque aux marchés internationaux et la persistance du chômage selon les rapports d'instituts de recherche indépendants sont les inconnues que ni les socialistes ni les conservateurs du Parti Populaire (PP) ne sont en mesure de résoudre par des discours euphoriques. Ce sont des phénomènes engendrés par la conjoncture internationale qui, malheureusement, sont mal expliqués par les leaders politiques. La bourse marque en réalité son propre rythme en obéissant uniquement aux mouvements des capitaux virtuels qui entrent et qui sortent et se traduisent en termes de rentabilité ou de perte pour les investisseurs. Le citoyen moyen est incapable d'assimiler, dans un grand meeting (méticuleusement préparé à l'américaine par les staffs du marketing des partis) les risques de l'évolution en dents de scie de la prime de risque de la dette espagnole. C'est la raison pour laquelle les leaders politiques évitent de se référer aux statistiques fiables sur la bourse et le marché du travail. A l'ouverture des grandes places financières, mardi, la prime de risque d'Espagne, qui se mesure avec la différence entre le bon du trésor espagnol à dix ans et de l'allemand du même délai, a marqué un nouveau maximum intermédiaire de 450 points, soit cinq points de plus par rapport à l'indice de la clôture la veille, et le niveau le pus haut depuis la mise en circulation de l'euro. La rentabilité du bon du trésor espagnol se situe à 6,105% face à 1,795% du bon allemand. La forte pression exercée, durant la journée du lundi, sur la dette souveraine espagnole s'est maintenue dans la matinée du mardi dans l'attente de connaître les plans de réajustement que doivent annoncer l'Italie et la Grèce et pour s'assurer de la viabilité de la zone euro. Le grand risque est que l'Espagne soit la prochaine cible des attaques aux dettes souveraines qui fonctionnent comme un puzzle après avoir touché l'Irlande, la Grèce et l'Italie. Cette peur a immédiatement été décelée aussi bien par le candidat socialiste que celui du PP sans oser la communiquer publiquement dans leurs meetings. Mariano Rajoy, leader du PP et virtuel vainqueur des élections du 20 novembre (selon les sondages d'opinion) a confessé, d'après les quotidiens El Mundo et La Vanguardia, avoir pris contact avec le président français Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, pour leur demander une marge de confiance après les élections tout en encourageant la Banque Centrale Européenne à continuer d'acheter la dette publique sans imposer de strictes conditions. Il s'est concerté également en privé avec le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero sur la même question. Les craintes augmentent aussi au moment où une étude élaborée par des Analystes Financiers internationaux et les grandes entreprises du travail saisonnier (AGETT) en Espagne prévoit un taux de baisse interannuel de l'emploi de 2,5%, qui placerait, en janvier prochain, le taux d'occupation de la population active au plus bas niveau depuis 2004. Ce sont là les tristes données que les deux candidats à la présidence du gouvernement espagnol, Alfredo Pérez Rubalcaba (PSOE) et Mariano Rajoy (PP), évitent de commenter dans leurs meetings, Au-delà de la lutte pour le pouvoir existe la réalité des chiffres, la impératifs de la conjoncture internationale et les besoins pressants de la société. Dans ce cas, il s'agit de limiter la dette publique et garantir l'emploi pour tous, deux défis difficiles à relever par les deux dirigeants en formulant des propositions et de bonnes intentions.