La population espagnole a été assaillie, durant le week end dernier, par une avalanche de semi-vérités, indicateurs négatifs de la bourse et mises en garde concernant le futur paquet de mesures d'austérité à appliquer par le gouvernement. Lundi, une part de ces supputations a été confirmée dans les faits. Les médias ont de leur part apporté leur petit grain de sel en levant le voile sur certaines intentions du gouvernement et possibles mesures à adopter, vendredi prochain, au conseil des ministres. Albayane avait, dans de précédentes éditions, signalé les grandes lignes des éventuelles mesures que compte le gouvernement de Mariano Rajoy mettre en marche concernant la hausse de l'Impôt sur la Valeur Ajoutée (IVA), la privatisation de certaines entreprises publiques et la compression des dépenses publiques. Toute éventuelle démarche gouvernementale sera, en réalité, soumise à un strict contrôle de la part de l'Union Européenne (UE). Contrairement à ce que pensent des politiques de la rive sud de la Méditerranée, la situation de l'Espagne ne peut être comparée à celle, par exemple, d'un Etat du Maghreb. En dépit de la grave crise qu'il traverse, ce pays bénéficie de l'appui inconditionnel de l'UE, surtout de la France et de l'Allemagne qui ne sont pas prêtes à mettre en danger les intérêts de leurs multinationales qui sont fortement présentes dans le tissu industriel et financier. Comment se présente la semaine au plan financier pour l'Espagne ? D'abord, les ministres des finances de la zone euro comptent atteindre, lundi, un accord politique concernant les conditions du sauvetage du système bancaire espagnol en vue de concéder une ligne de crédit de 100 milliards d'euros. Il s'agit d'un mémorandum d'entente qui pourra être signé, comme un engagement fin juillet, afin d'ouvrir la possibilité d'endiguer les montants convenus après l'été. Toutefois, cet engagement ne sera signé qu'à la suite de l'élaboration d'un rapport par les quatre auditeurs mandatés par l'Euro-groupe. Il sera mentionné le montant maximum promis par les partenaires (100 milliards d'euros) aux banques espagnoles. Toutefois les instituts des auditeurs Roland Berger et Oliver Wyman ont situé les besoins de la banque espagnole dans une fourchette comprise entre 51 et 62 milliards d'euros pour affronter un hypothétique scenario catastrophique de sauvetage jusqu'à 2014. Des experts de la Commission Européenne ainsi que des techniciens de l'Autorité Bancaire Européenne (ABE), de la Banque Centrale Européenne (BCE) et du Fonds Monétaire International (FMI) ont étudié le document avec des experts du gouvernement espagnol. Le projet de document, qui doit être présenté lundi à l'Euro-Groupe, comporte les conditions qui seront imposées aux entités bancaires bénéficiaires individuellement et au secteur financier espagnol dans son ensemble. Dans ce contexte, les entités bénéficiaires devront être soumises à des plans de restructuration qui consisteront à se débarrasser de certains actifs, fermer des succursales et gérer de manière séparée les actifs immobiliers. Dans ces conditions, l'UE interviendra alors comme superviseur et agent de régulation du système bancaire espagnol. Les montants accordés seront considérés comme une dette au cours de la première phase et l'Espagne se portera garante. D'autre part, l'Euro-Groupe ne prévoit pas dans son agenda de lundi, discuter de la possibilité d'accorder à l'Espagne une prorogation de deux ans (jusqu'à 2014) pour ramener le déficit public à 3% du Produit intérieur Brut (PIB). Devant cette situation, le gouvernement espagnol est appelé à apporter de solides garanties qui se traduiraient par le biais d'un plan budgétaire pour 2013-2014 qui aura pour objectif un contrôle efficace des dépenses publiques particulièrement en ce qui concerne la gestion des gouvernements régionaux. C'est la raison pour laquelle de pressantes rumeurs (qui peuvent être prises au sérieux) sur d'éventuelles hausses tarifaires de la part du gouvernement et que le pays est en état d'alerte. Lundi, l'Euro-groupe se réunit pour analyser le plan de sauvetage du système bancaire espagnol, et mardi, viendra le tour de l'ECOFIN qui réunit les ministres de l'économie et des finances des Etats membres de l'UE pour discuter des recettes de réajustement. Mercredi, le président Mariano Rajoy interviendra au Congrès des Députés pour informer les parlementaires des nouvelles mesures de réajustement budgétaire à appliquer. Jeudi, se réunira le Conseil de politique Fiscale et Financière pour informer les Gouvernements régionaux des démarches à adopter en vue de respecter la discipline budgétaire. Vendredi, le conseil des ministres approuvera toutes les décisions prises à la lumière des développements survenus au cours de la semaine en adoptant des décrets royaux relatifs à la gestion financière, des coupes budgétaires et réformes de l'administration régionale. Tout ceci sera décidé, vendredi 13 juillet, une date à retenir pour le futur de l'Espagne dont le sort échappe des mains de ses députés et sera décidé aux institutions communautaires. En étant à l'écoute de ce qui se passe à Bruxelles au sein de l'Euro-Groupe, la bourse de Madrid a perdu 1,45%, lundi à midi, pour situer l'indicateur sélectif l'Ibex-35 à 6.600 points. Les investisseurs ont l'attention centrée sur les informations parvenant de la réunion de l'Euro-Groupe et le contenu du mémorandum du sauvetage de la banque espagnole. Au marché parallèle de la dette, la prime de risque, calculée sur la différence entre le bon du trésor espagnol à dix ans et son homologue allemand de la même durée, a atteint 576 points avec une rentabilité de 7,1%. Les investisseurs attendent donc des mesures concrètes concernant les conditions de sauvetage et le durcissement des mesures d'austérité en prévision de l'octroi à l'Espagne de nouvelles facilités dans la réduction du déficit public. La population est ainsi soumise à une forte séance de stress en ce début de semaine. Les regards sont tournés vers Bruxelles mais les pronostics ne sont guère optimistes. De nouvelles hausses tarifaires sont incontournables.