Un hommage à la hauteur de l'homme. La journée de dimanche a été marquée à Tanger par un hommage rendu à l'écrivain et dramaturge marocain, Mohammed Kaouti, au festival international des arts de scènes à Tanger qui devait clore ses travaux lundi. Kaouti, une personnalité qui a contribué à bâtir, par un travail acharné et une passion sans limite, le patrimoine théâtral du Maroc. «J'ai rencontré l'homme de théâtre hors pair avant de rencontrer le gauchiste sérieux et dévoué», témoigne, Amine Sbihi, ministre de la Culture. « C'est un homme qui a défendu l'identité marocaine en travaillant avec la langue Darija», ajoute le ministre. «C'est un homme qui a fait de l'art populaire un art destiné à l'Elite. Il a su ériger des ponts entre l'art populaire et le reste du monde», a-t-il fait remarquer. Mohammed Kaouti a deux grandes particularités, précise Sbihi : c'est un homme doté d'une langue raffinée et élégante et qui a marqué une grande victoire pour la langue Darija, Taâroubite, de la région de la Chaouia, atteignant une beauté hors pair, que ce soit par les pièces qu'il a écrites et adaptées ou bien par les émissions qu'il a produites, ou que ce soit dans sa rubrique au journal «Bayane Al Yawm», «Mawakiff 2010». Contrairement à ce qui se passe de nos jours, cet homme représente à lui seul une mémoire de la langue darija, il est un homme de contes, donnant une grande importance également à l'aspect pédagogique de cette langue, comme dans son projet «AlifLam» d'il y a quelques années. Sa deuxième particularité est son humanité profonde. C'est un homme de principe qui a su livrer un message, un message important, celui de la valeur du travail acharné et de la loyauté envers ses principes. Amine Sbihi a ajouté dans l'allocution qu'il a prononcée à cette occasion, que cet hommage n'est qu'une simple reconnaissance envers cet homme qui a tant donné à la culture marocaine. Amine Sbihi n'a pas été le seul à avoir témoigné du parcours grandiose de cet homme de gauche habité par le théâtre et l'engagement envers son pays. Khalid Amine, le directeur du festival a également attesté que Mohammed Kaouti est un homme qui a apporté beaucoup à la scène théâtrale au Maroc, «à lui seul, il était capable de redonner un autre sens et une autre dimension à l'adaptation par ses capacités linguistiques hors pair de rendre les plus importantes pièces théâtrales du monde accessibles à toutes et à tous. «“Al Gouffa” en 1975, “No man's land” en 1984 et,”Ring”, en 1990, ainsi que «Hallajre-crucifié», «Le beurre et l'argent du beurre» et «No man's land» sont aujourd'hui de vrais trésors du patrimoine marocain», précise cet expert de théâtre. L'homme a effectivement fait de nombreuses «reprises» marocanisées des œuvres de référence dans le collectif des chefs-d'œuvre mondiaux. Il y figure «Celui qui dit oui et celui qui dit non» de Bertolt Brecht, et «En attendant Godot» de Samuel Beckett transformées en « SidnaKder » et « Al Âdda », tout en étant concepteur de spots publicitaires et d'émissions de télévision, membre fondateur du Syndicat National des professionnels du théâtre, et à la tête de Bayane S.A, la société éditrice des quotidiens «Al Bayane» et «Bayane Al Yawm». Lors de cet évènement, un livre de témoignage et d'étude des œuvres de Mohammed Kaouti a été présenté au grand public. Des chapitres du livre, ou plutôt des lettres de reconnaissance ont été lues par Mohammed Amensour et Azddine Bonite pour rendre encore une fois hommage à ce grand artiste et gauchiste.