Le théâtre à l'honneur. Munich, capitale d'Allemagne a accueilli du 25 au 31 juillet un événement de grande envergure. Il s'agit, en l'occurrence, du 16e Congrès de l' «International Federation for Theater Research». Organisée sous le thème «Les Cultures de la modernité», cette manifestation artistique a vu l'organisation de plusieurs ateliers, conférences scientifiques, présentation de diverses pièces théâtrales en parallèles et les nouvelles parutions dans le domaine des études et des arts du spectacle… 48 pays ont pris part à cette rencontre culturelle, plus de 500 interventions partagées entre ateliers et divers débats. Convaincue des valeurs de la reconnaissance culturelle et la consécration des symboles de l'art et de la critique théâtrale, notamment les divers efforts destinés à enrichir la pratique du théâtre dans sa dimension universelle, l'International Federation for Theater Research a rendu un grand hommage à l'un des grands noms de la création théâtrale au Maroc, Mohammed Kaouti. Il est considéré comme étant l'un des artisans des années de gloire du théâtre amateur, voire l'un des chevaliers de l'écriture dramatique. Ses contributions ont toujours constitué une valeur ajoutée à la littérature marocaine. Lundi 26 juillet 2010 à dix huit heures à l'université Ludvic Maximilian à Munich en Allemagne, les professeurs Khalid Amine de l'université Abdelmalek Saadi et Marvin Carlson de l'université de New York ont procédé à la présentation des différentes parties de cette cérémonie d'hommage. Plusieurs écrivains et critiques du théâtre venus de tous les coins du globe, ont pris part à cet évènement, en plus de bon nombre d'amis de M. Kaouti, des membres du théâtre arabe et africain. Parmi ces personnalités, la professeure Mika Koulk de l'université d'Amsterdam, Hazem Azmi de l'université Ourik d'Angleterre, Samuel Rafinkay d'Afrique du Sud, Jack Raymond du Cameroun, Ravi Chatervidi d'Inde, Frah Nikanih d'Iran, Chams Eddine Younouss du Soudan, Imane Ismail et Mustapha Riad de l'université du Caire, Erika Fischer présidente de l'institut international des synergies culturelles en Allemagne. L'hommage rendu à Mohammed Kaouti constitue, en fait, un hommage à une icône du mouvement théâtral arabe dans sa dimension marocaine. Aussi, ce fut un geste de reconnaissance au travail et à la valeur ajoutée de cet auteur. Ce fut également une opportunité de fêter les professionnels du théâtre arabe de manière globale. M. Kaouti a su s'inspirer grâce à sa culture moderniste d'un moment crucial et d'un tournant décisif de l'histoire de la Nation arabe, il s'est tracé un parcours théâtral exceptionnel qui n'a cessé à aucun moment de se renouveler et de s'enrichir grâce à son regard critique tantôt artistique, tantôt satirique, un dramaturge remarquable. Les pièces théâtrales continuent comme, Al Gouffa, Lakramta Yataamrranoun, Al Hallaj Youslab Marratayn, Indihar Al Aoutan, No man's Land, Ring Habb wa Tben et d'autres pièces théâtrales qui constituent des contributions certaines au théâtre arabe moderne. Abordant le sujet de la pièce «Ring», Mohammed Kaouiti a souligné que son écriture est bâtie selon un style privilégiant une épaisseur sémantique et symbolique, réunissant des contradictions, une présence du passé, du présent et un projet annonciateur du futur. C'est ainsi que s'est tissée la relation de l'écrivain avec son univers supposé. Le concept littéraire en général et théâtral en particulier est généralement ponctué de représentations précédentes. Mais lorsque l'écrivain se rend compte et devient conscient de ce jeu conceptuel dans son exercice, il aborde d'autres concepts en même temps qu'une manière qui renvoie à son style. C'est ce qui caractérise la pièce théâtrale «Ring». Cette pièce attire l'attention par le réseau complexe qui constitue l'axe de l'intersection textuelle. Dans ce cadre et à l'occasion du débat autour de sa pièce «No man's land», qui a été primée lors du quinzième congrès international de la Fédération internationale pour la recherche théâtrale au centre des études théâtrales relevant de l'université de Barcelone le 13 juillet 2009, Mohammed Kaouti a souligné que pour écrire un texte théâtral portant sur l'expérience des détentions politiques dans le Maroc des années soixante-dix et quatre-vingt-dix et qui vacille entre la volonté d'avouer et l'autocensure, il faut passer par la voie de la densité poétique et l'éloignement symbolique. C'est grâce à cette accumulation intellectuelle, artistique et spirituelle que Kaouti a pu écrire ce texte fécond sur l'expérience de la détention arbitraire. La densification symbolique dans la pièce «Noman's Land» est une forme de voyage artistique qui lui permis de s'extirper de l'isolement que vivait le théâtre dans le Maroc des années 70. Cette approche fut consolidée ainsi dans ce travail d'avant-garde, qui est aujourd'hui considéré comme une œuvre précoce de ce qui est désigné comme littérature carcérale et des années de plomb.