Cela passe très vite ! L'une des figures emblématiques du PPS, du PLS puis du PCM, avait rendu l'âme, il y a presque une décennie. Aujourd'hui, neuvième anniversaire du décès de feu Abdeslam Bourquia, icône de proue de cette légendaire entité politique qui, durant environ soixante-dix ans, avait marqué le parcours de notre nation, du temps du protectorat à nos jours, ce palmier altier et longiligne restera, à jamais, symbole de fécondité et procréation intarissables aux générations montantes. A la différence de son compagnon de lutte, le défunt Ali Yata qui n'avait pas pu savourer les premiers jalons de la nouvelle ère de réconciliation et d'éclosion avec l'avènement de l'alternance, Abdeslam Bourquia, vécut quelques années plus tard de la disparition du grand leader, cette béatitude qui, en fait, a commencer dans l'itinéraire sinueux et ardu de la démocratie, la modernité et du progrès. Profondément façonné par cette école des valeurs suprêmes, Abdeslam Bourquia incarnait constamment cet acharnement d'appartenir à la nation, de se fondre pour elle et de se consacrer rien qu'à elle, sans rien demander en échange. Il a vécu modeste et altruiste, il est resté tel qu'il est, malgré l'usure de l'âge et les fêlures de la maladie. Si Abdeslam tirait sa révérence dans la dignité, comme l'avaient fait ses compagnons d'une longue route, parsemée de torture, d'oppression et d'incarcération. Il avait un idéal et se tuait pour y parvenir, celui d'une société digne et décente, d'une nation forte et prospère, d'une institution juste et démocratique. Afin de s'investir corps et âme dans ces principes, il fallait pareillement faire montre de qualités morales et intellectuelles pour prétendre s'acquitter de cette mission qui est celle d'un authentique patriote. Si Abdeslam en avait beaucoup, de ces vertus rares. Il était perpétuellement intransigeant dans le principe, pointilleux sur la notion du temps, exigeant sur les idéaux de l'intégrité et de la droiture. Il était toujours avant l'heure, alors que ces compagnons Ali Yata et Abdallah Ayachi étaient à l'heure pile, Chouaib Riffi, quant à lui, arrivait souvent avec un léger retard aux rendez-vous, mais ce dernier avait, en revanche, d'autres qualités qui faisaient de lui l'incontournable anneau de la chaine. Je me souviens, lors du début des années 80, on était en Bulgarie, enfant « chéri » des soviétiques communistes, pour un séjour de formation. Je me plaisais de me réveiller très tôt, bien avant mes camarades encore au lit, pour partager, en compagnie de Abdeslam Bourquia, le petit déjeuner du petit matin. Mais, ce qui m'attirait le plus, alors que j'étais encore bien aux débuts de mes balbutiements au sein du parti, c'était cet océan de connaissances et d'anecdotes que m'enfilait sans compter, Si Abdeslam, sous la brise matinale qui caressait nos visages guillerets. Il me racontait les scènes historiques du combat sous le joug colonial et les premiers combats de l'après-indépendance. Ses narrations marquées de sincérité et de ferveur étaient admirables au point de me pousser à frémir de fierté d'avoir appartenu à cette formation politique prestigieuse et de jurer de porter haut son fanion de toutes mes forces. Abdeslam Bourquia avait aussi ce magnétisme de forcer l'estime par son allure majestueuse, son regard clairvoyant et son analyse perspicace qui inspirent sécurité et confiance. Les grandes haltes de l'Histoire du Maroc contemporain avaient, en effet, besoin de potentiel humain qui tranchait dans les tournants décisifs, avec sagesse et réalisme. Le PPS avait toujours été, pour le Maroc, cette machine qui produisait ce genre d'idées éclairées et devenait, de ce fait, la formation politique inévitable, grâce à des pionniers illuminés dont Abdeslam Bourquia était l'un des instigateurs les plus en vue. Qu'il repose en paix !