La direction du Parti du progrès et du socialisme se recueillera, aujourd'hui, sur la tombe de feu Ali Yata, dont le nom reste indissociablement lié au Parti et à l'histoire du Maroc contemporain. Nabil Benabdallah, Secrétaire général du PPS et récent successeur d'Ismaïl Alaoui, lui-même héritier politique du legs d'Ali Yata, a décrété la mobilisation générale du Parti pour un vibrant hommage au grand militant décédé il y a, jour pour jour, 13 ans, à la suite d'un tragique accident. Ali Yata a surtout marqué l'Histoire du Maroc indépendant par son courage politique, son intransigeance sur les libertés, les droits des citoyens et la défense des couches démunies. A 19 ans, ce natif de Tanger (25 août 1920) nouera avec la politique en adhérant au combat contre le colonialisme, d'abord au sein d'organisations de jeunesse avant d'intégrer le Parti communiste marocain, en 1943, alors dirigé par des progressistes européens, particulièrement français. Il succèdera à la tête du PCM en 1945, à la suite du décès de Léon Sultan, et mènera un combat ardu, avec ses premiers compagnons de lutte Abdeslam Bourquia et Abdallah Layachi, pour la «marocanisation» du Parti. Adversaire chevronné du colonialisme, il a connu les affres de la prison marocaine et française, de la chasse aux sorcières et du dénigrement stérile, même de la part de certains nationalistes marocains dont le PCM était la contradiction principale. Il sera frappé d'extradition, avant comme après 1949, de la part des autorités françaises, mais rentrera clandestinement au pays. Le PCM sera d'ailleurs interdit par les autorités coloniales en 1952, et Ali Yata sera envoyé à la prison de Fresnes où il apprendra la nouvelle de la naissance de ses deux enfants jumeaux, Fahd et feu Nadir. Il fût l'un des tout premiers Marocains imbibés du socialisme scientifique et de la théorie marxiste-léniniste à la propagation desquelles il a œuvré inlassablement, tout en en payant les tributs. Bien des milieux rétrogrades, tant au pays qu'à l'étranger, s'acharnaient contre l'existence d'un parti communiste en terre musulmane. Le PCM, dont le rôle hautement patriotique n'est plus à démontrer, a été autorisé par feu Sa Majesté Mohammed V, dès l'indépendance du Maroc en 1956, à une activité légale. Hélas, cette situation n'allait durer que quelques années et le PCM était interdit, en 1959, par le gouvernement Abdallah Ibrahim, leader à l'époque, avec feus Mehdi Ben Barka et Abderrahim Bouâabid, de l'Union nationale des forces populaires, aile radicale qui venait de se détacher du Parti de l'Istiqlal. Après une interdiction pendant toute une décennie, Ali Yata et ses camarades seront de tous les combats du Maroc indépendant, en menant une activité clandestine remarquable, qui leur vaudra la reconnaissance du Parti de la libération et du socialisme (PLS), qui sera, à son tour, interdit en 1969, pour les mêmes motifs que le PCM, après 14 mois de légalité. Ali Yata et ses camarades de l'époque attendront 1974 pour obtenir la légalité du Parti, sous la dénomination de Parti du progrès et du socialisme (PPS). Depuis, un autre combat commencera pour Ali Yata et les siens. Celui de l'édification démocratique du pays et du rassemblement des forces progressistes et démocratiques, une exigence de tout temps revendiquée. Ali Yata aura ainsi le mérite, grâce à sa clairvoyance et à sa patience, d'avoir contribué à la création de la Koutla démocratique et au retour de l'USFP à de meilleurs sentiments. Malheureusement, il ne vivra pas l'avènement du gouvernement d'alternance auquel il a activement contribué en usant de la forte amitié qui le liait au Tangérois Abderrahmane Youssoufi. Ses disciples, en force de propositions et d'idées, continuent le combat qu'il a tracé, en innovant la démarche. La nouvelle génération de réformes, ficelée par le VIII è Congrès national du PPS, s'inscrit dans cette démarche inlassable de faire progresser le pays et le peuple sur la voie de la liberté, de la démocratie et de la modernité.